Trois séances de tirs par an : la formation des policiers, enrichie mais encore « insuffisante»

Un instructeur de la police française lors d'un entraînement au tir  au commissariat de Chessy près de Paris, le 10 juin 2022. (Photo, AFP)
Un instructeur de la police française lors d'un entraînement au tir au commissariat de Chessy près de Paris, le 10 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Trois séances de tirs par an : la formation des policiers, enrichie mais encore « insuffisante»

  • Aujourd'hui, après avoir été formé à l'utilisation d'armes de poing en école de police, chaque policier doit effectuer trois séances de tirs par an, avec 90 cartouches tirées au total
  • Les derniers chiffres officiels communiqués en 2017 faisaient état de 51% des policiers n'ayant pas bénéficié des trois séances réglementaires

CHESSY : "Lâche ton arme!" : face à un écran vidéo, au sous-sol du commissariat de Chessy en Seine-et-Marne, deux policiers, pistolet en main, s'entraînent au tir trois fois par an. Une formation qui s'est enrichie, mais encore jugée "insuffisante".

"Vous venez d'être appelés par des passants affolés: un individu armé a été signalé dans un véhicule sur un parking", lance Grégory, policier formateur aux techniques et à la sécurité en intervention (FTSI), en démarrant une vidéo.

Sur le film: la voiture, où l'on devine une silhouette. Très vite, un homme armé ouvre la portière et pointe son arme en direction des policiers. "Sors !", crie Cyril, debout face à l'écran, casque anti-bruit sur les oreilles et lunettes de protection sur les yeux.

"Tac ! Tac ! Tac !" A ses côtés, Laure (prénom modifié) une lieutenante, vient de tirer, après les sommations, trois cartouches avec son arme de service. Cyril deux, le tout en moins de cinq secondes.

La vidéo terminée, le formateur ne s'attache pas à relever les impacts. Le but de la séance: travailler le "discernement" du policier, évaluer les situations lors desquelles tirer ou non, ou encore la coordination entre équipiers, des aspects de plus en plus travaillés ces dernières années.

"Dans quel cadre légal vous vous trouvez ?", poursuit Grégory, le formateur.

"La légitime défense", répond Cyril. "L'article 435-1 du CSI (code de sécurité intérieure, NDLR)", précise Laure. Les deux agents sont interrogés sur le contenu du texte régissant leur usage des armes depuis 2017. Il stipule que les policiers ne peuvent tirer qu'"en cas d'absolue nécessité" et de "manière strictement proportionnée" à la menace.

Ici, "leur intégrité physique était en danger, donc l'emploi de l'arme était justifié", explique le formateur. Mais impossible de donner aux policiers une liste des situations lors desquelles tirer ou non. "On donne des grands principes généraux de sécurité et, à partir de là, le policier fait son choix opérationnel", explique le commandant Ludovic Delenclos, chef adjoint à la direction de la formation de la police nationale.

«Quelques secondes»

Il se refuse à commenter les récentes affaires de contrôles routiers, qui ont remis cette question dans le débat, alors que quatre personnes ont été tuées par des tirs policiers: une dans le XVIIIe arrondissement le week-end dernier, deux sur le Pont-neuf à Paris en mai, une autre en mars en Seine-Saint-Denis.

"Le policier ne dispose que de quelques secondes pour analyser une situation qui le met dans un danger possiblement mortel", observe-t-il, précisant que "ce sera à la justice de dire s'il fallait tirer ou non".

Aujourd'hui, après avoir été formé à l'utilisation d'armes de poing en école de police, chaque policier doit effectuer trois séances de tirs par an, avec 90 cartouches tirées au total. Ces séances font partie des 12 heures - portées à 15 depuis début 2022, selon le commandant Delenclos - de formation continue aux "techniques et à la sécurité en intervention".

"Insuffisant", juge la syndicaliste d'Unité-SGP, Linda Kebbab. "Personne ne peut prétendre être un bon tireur avec trois séances de tirs par an".

Les derniers chiffres officiels communiqués en 2017 faisaient état de 51% des policiers n'ayant pas bénéficié des trois séances réglementaires, selon un rapport de la Cour des comptes.

«Moins peur»

Or, "un policier mieux formé a moins peur sur la voie publique" et peut mieux assurer sa sécurité et celle des citoyens, explique à l'AFP Thierry Collas, formateur à l'école de police de Nîmes et délégué zonal UNSA.

Il note toutefois que "la situation a un peu évolué" depuis 2017 et que "les fonctionnaires, dans leur très grande majorité, font leur trois séances de tirs".

Mais, nuance-t-il, la hiérarchie n'arrive pas toujours à leur libérer assez de temps pour le volet "rappels déontologiques, légitime défense" ou les autres "exercices de techniques d'intervention". "L'opérationnel prend le pas sur tout ça".

"On a un problème pour recruter les policiers formateurs", souligne aussi Yvan Assioma, d'Alliance. Le syndicat réclame une prime pour ces agents "qui bouffent du plomb et du gaz toute la journée" et dont les cadences de travail ont augmenté avec les habilitations à faire passer aux policiers dotés d'armes lourdes depuis les attentats de 2015.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.