Législatives: La campagne s'achève, les macronistes sans certitude

Pour l'heure, Emmanuel Macron a choisi de poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre «les extrêmes», renvoyant dos à dos la gauche radicale et l'extrême droite. (AFP)
Pour l'heure, Emmanuel Macron a choisi de poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre «les extrêmes», renvoyant dos à dos la gauche radicale et l'extrême droite. (AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Législatives: La campagne s'achève, les macronistes sans certitude

  • L'opposition a pilonné les ministres Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti vendredi, en raison de la suppression polémique des images de vidéosurveillance des caméras gérées par le Stade de France
  • Encore renforcé par une percée dans le vote des Français de l'étranger, Jean-Luc Mélenchon ne cesse de répéter qu'il entend faire des législatives «un troisième tour»

PARIS : La campagne du premier tour des législatives s'achève vendredi soir avec un camp présidentiel confronté aux ambitions retrouvées de la gauche menée par un Jean-Luc Mélenchon offensif et à la polémique qui rebondit sur les incidents du Stade de France.

Emmanuel Macron devra "se soumettre ou se démettre" si l'alliance de gauche, la Nupes, obtient la majorité à l'Assemblée nationale, a lancé le chef de file de la France insoumise lors de son ultime prise de parole vendredi à Marseille, à deux jours du premier tour.

Reprenant l'expression du député républicain Léon Gambetta à l'adresse du maréchal Mac-Mahon (président de la République de 1873 à 1879), le leader insoumis, qui espère devenir "Premier ministre", a rappelé que "dans tous les pays du monde, on nomme le responsable de la coalition majoritaire".

"Si nous sommes majoritaires, alors le candidat porte un nom:  Jean-Luc Mélenchon", a-t-il martelé dans sa permanence de député proche de la gare Saint-Charles, où il est venu adouber Manuel Bompard, candidat à sa succession.

La Première ministre Elisabeth Borne, candidate dans le Calvados, a tracté, elle, une dernière fois sur le marché de Vire et à Verson.

Elle a de nouveau été interrogée sur le fiasco autour de la finale de la Ligue des champions du 28 mai, en raison de la suppression polémique des images de vidéosurveillance des caméras gérées par le Stade de France.

"On essaye de voir s'il est possible de restaurer les images. Ce serait certainement une bonne chose qu'on puisse les récupérer", a-t-elle estimé. Elle a aussi chargé les ministres de l'Intérieur et des Sports de "mettre en œuvre sans délai" les recommandations d'un rapport critique publié vendredi.

«Scandale d'Etat»

L'opposition a pilonné le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti vendredi, en les accusant de ne pas s'être assurés que toutes les images seraient conservées.

"Ça s'appelle couvrir ses traces", a dénoncé l'ex-finaliste RN de la présidentielle Marine Le Pen, candidate RN dans le Pas-de-Calais. "Je n'ose pas imaginer que nos dirigeants soient incompétents au point de ne pas avoir immédiatement (...) demandé que leur soient transmises les vidéosurveillances. Donc c'est volontaire" et "c'est une destruction de preuves par inaction", a accusé la responsable d'extrême droite sur BFMTV et RMC.

Pour le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, "on se dirige tout droit vers un scandale d'Etat", avec un "acte intentionnel" pour "faire disparaître une preuve, qui est sans doute une preuve à charge", a-t-il lancé sur  RFI.

Six semaines après la présidentielle d'avril, les trois candidats arrivés en tête se retrouvent aux législatives, avec le vainqueur Emmanuel Macron qui affronte indirectement la RN Marine Le Pen et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Mais cette fois, le duel s'est installé entre le camp d'Emmanuel Macron et la Nupes, l'alliance de la gauche formée autour de Jean-Luc Mélenchon (LFI-PS-EELV-PCF), que les sondages donnent au coude-à-coude, avec l'abstention en arbitre. Elle pourrait atteindre de nouveau record, entre 52 et 56%, au-delà des 51,3% du 11 juin 2017.

Selon les derniers sondages, la coalition présidentielle arriverait en tête, suivie de près par la Nupes, et pourrait n'avoir qu'une majorité relative. Arrive ensuite le RN, puis loin derrière la droite des Républicains et Reconquête!, la formation d'extrême droite menée par Eric Zemmour.

Pour Emmanuel Macron, qui a effectué quatre déplacements au cours de la campagne, l'enjeu est de reconduire à l'Assemblée nationale une majorité "forte et claire" afin de mener à bien son programme au cours de son second quinquennat.

«Fébrilité»

Pendant la campagne, Emmanuel Macron a choisi de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes", renvoyant dos à dos la gauche radicale et l'extrême droite.

Le chef de l'Etat a reçu vendredi les représentants des organisations syndicales pour un déjeuner de travail, sans le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez qui a décliné l'invitation.

Les leaders syndicaux présents se sont dit "rassurés" à l'issue du rendez-vous, notamment sur la concertation sur la réforme décriée des retraites qui ne devrait pas débuter avant la rentrée.

En comptant Elisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives et devront quitter l'exécutif en cas de défaite conformément à une règle déjà appliquée en 2017.

Près de 6 300 candidats briguent un des 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.