GENEVE: Les procès inéquitables de prisonniers de guerre constituent un "crime de guerre", a indiqué l'ONU vendredi, après la condamnation à mort par des rebelles pro-russes de trois étrangers capturés en combattant pour l'Ukraine.
"Depuis 2015, nous avons observé que le soi-disant système judiciaire de ces républiques autoproclamées ne satisfont pas aux garanties essentielles d'un procès équitable, telles que les audiences publiques, l'indépendance, l'impartialité des tribunaux et le droit de ne pas être contraint de témoigner", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani.
"De tels procès contre des prisonniers de guerre constituent un crime de guerre", a-t-elle dit, lors d'un point de presse à Genève. Elle a souligné que dans le cas d'une condamnation à mort, "les garanties d'un procès équitable sont d'autant plus importantes".
L'agence de presse officielle russe TASS a annoncé jeudi que la Cour suprême de la République populaire de Donetsk avait condamné à mort "les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner et le Marocain Brahim Saadoun, accusés d'avoir participé aux combats comme mercenaires".
Ces trois hommes ont été faits prisonniers dans la région de Marioupol, selon les Russes.
"Nous sommes inquiets. Le Bureau des droits de l'homme des Nations unies est préoccupé par la condamnation à mort" des trois militaires, a indiqué Mme Shamdasani.
"Selon le commandant en chef de l'Ukraine, tous ces hommes faisaient partie des forces amées ukrainiennes. Si c'est le cas, ils ne devraient pas être considérés comme des mercenaires", a-t-elle expliqué.
La Russie, qui dénonce fréquemment la présence de ces mercenaires, a affirmé cette semaine avoir tué "des centaines" de combattants étrangers depuis le début de son invasion le 24 février, et endigué le flux de nouveaux arrivants.
Le nombre exact de ces étrangers n'est pas connu. Début mars, peu après le début de l'invasion russe le 24 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé que 16 000 étrangers s'étaient portés volontaires, un chiffre invérifiable de source indépendante.
A New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, a rappelé vendredi que l'ONU était "contre la peine de mort".
"Nous l'avons toujours été, et nous le serons toujours. Et nous demandons que tous les combattants qui ont été détenus bénéficient d'une protection internationale et soient traités conformément aux Conventions de Genève", a-t-il dit aux journalistes alors qu'il était interrogé sur la condamnation à mort des deux Britanniques et du Marocain.