De la Vendée à l'Espagne, un élevage d'aigles réintroduit une espèce menacée

Cinq jeunes aigles de Bonelli nés dans un élevage de Vendée rejoindront l'Espagne cet été pour être mis en liberté (Photo, AFP).
Cinq jeunes aigles de Bonelli nés dans un élevage de Vendée rejoindront l'Espagne cet été pour être mis en liberté (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 juin 2022

De la Vendée à l'Espagne, un élevage d'aigles réintroduit une espèce menacée

  • Vu de l'extérieur, l'élevage situé à Saint-Denis-du-Payré n'est qu'une maison ordinaire
  • Il faut traverser le salon et pousser la porte du jardin pour découvrir l'imposant bâtiment en tôle qui abrite les rapaces

GRUES: Pour une espèce menacée qui se reproduit "rarement en captivité", c'est une nouvelle prouesse: cinq jeunes aigles de Bonelli nés dans un élevage de Vendée rejoindront l'Espagne cet été pour être mis en liberté.

Vu de l'extérieur, l'élevage situé à Saint-Denis-du-Payré n'est qu'une maison ordinaire. Il faut traverser le salon et pousser la porte du jardin pour découvrir l'imposant bâtiment en tôle qui abrite les rapaces.

Divisé en dix volières de dix-huit mètres sur six, il accueille cinq couples trop vieux pour apprendre à vivre en liberté et cinq jeunes en attente de transfert.

Depuis 2011, Christian Pacteau, propriétaire de la maison et responsable de l'élevage, a envoyé 77 aiglons repeupler le bassin méditerranéen.

"Le nombre d'aigles de Bonelli a chuté drastiquement depuis les années 1980, notamment à cause des électrocutions sur les lignes à haute tension", explique l'éleveur. "A l'époque, on comptait 80 couples en France. Au début des années 2000, plus que 20. Grâce à la réintroduction, il y en a aujourd'hui une quarantaine".

A 72 ans, ce professeur des écoles à la retraite, "tombé très jeune dans la marmite de l'ornithologie", dirige le seul élevage français d'aigles de Bonelli, créé à l'initiative de l'Union française des centres de sauvegarde de la faune sauvage (UFCS) et financé par un programme européen de protection de la biodiversité ainsi que par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Les associations du sud de la France ne s'étant pas montrées intéressées, l'élevage vendéen s'était tourné vers des organismes espagnols et italiens, qui relâchent aujourd'hui les aiglons dans la région de Madrid, d'Alava, à Majorque et en Sardaigne.

GPS

Ventre blanc, ailes sombres et bec crochu, Cabestany, Eus et Llupia, trois aiglons nés au mois de mars, attendent l'heure du départ, perchés dans leur volière.

Le trajet a été retardé de plusieurs semaines par l'épizootie de grippe aviaire, qui empêche tout transport de volatiles.

"C'est embêtant car plus les rapaces sont réintroduits tard, plus ils prennent de temps pour s'habituer à leur nouvel environnement", s'inquiète Emmanuelle Portier, l'une des deux soigneuses.

Dans la volière voisine, les deux autres oisillons qui seront du voyage sont encore couverts de duvet blanc, allongés sur une table de bois tapissée d'écorces.

Mi-juillet, les soigneurs installeront les aiglons à l'arrière d'une camionnette qui prendra la route de l'Espagne. Avant d'être mis en liberté, les rapaces seront équipés d'un GPS.

"Cela permet de suivre leurs trajets, de documenter leur rythme de vie. Et de les secourir s'ils semblent en difficulté", précise Philippe Pilard, chargé de projet à la LPO.

L'ornithologue se souvient encore d'un aigle qui, réintroduit en Italie il y a quelques années, avait finalement choisi d'élire domicile en Corse.

Fidélité 

Dès la pondaison, les soigneurs de l'élevage prélèvent les oeufs des volières pour permettre une seconde reproduction et les installent dans un incubateur chauffé à 37,2°C.

Ils nourrissent ensuite les poussins à la main en prenant soin de se cacher derrière un rideau, afin que les repas ne soient pas associés à un visage humain.

Si le programme de réintroduction a été un "franc succès", Christian Pacteau s'inquiète désormais de voir approcher "la fin de l'histoire".

Sur ses cinq couples d'aigles de 18 à 32 ans, trois ne sont déjà plus en âge de se reproduire et les deux autres sont à la limite.

"J'ai essayé de rapprocher le mâle et la femelle qui sont toujours en capacité mais ils ne veulent pas. Une fois appariés, ces oiseaux ne changent plus jamais de compagnon", soupire l'éleveur.

Ses partenaires espagnols pourraient lui envoyer un aigle mais rien ne garantit que la femelle l'acceptera. Quant à leur demander un couple déjà formé, "il ne faut pas rêver".

En attendant, les éleveurs suivront l'envol à distance. Les soigneurs espagnols n'oublient jamais de leur envoyer photos et bulletin de santé des "bébés".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".