ABUJA: Les délégués du parti au pouvoir au Nigeria ont commencé à voter dans la nuit de mardi à mercredi pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2023, lors d'une primaire organisée à Abuja.
Les électeurs du pays le plus peuplé d'Afrique doivent se rendre aux urnes le 25 février 2023, lorsque prendra fin le second mandat du président Muhammadu Buhari, comme le prévoit la Constitution.
Une vingtaine de personnalités en lice lors de cette primaire espèrent devenir le candidat du Congrès des progressistes (APC) pour ce scrutin, dont un des principaux enjeux sera la question de la sécurité, dans ce pays meurtri par des violences criminelles et djihadistes.
Le massacre dimanche de 22 personnes dans une église du sud-ouest du pays, région pourtant quasi-épargnée par les violences, en est un cruel rappel.
Après l'arrivée mardi en fin d'après-midi des quelques 2 300 délégués de l'APC, le président Buhari, en tenue traditionnelle bleu ciel, a fait son entrée à Eagle Square, lieu retenu pour la tenue de la primaire.
Les grands responsables du parti ainsi que les candidats se sont ensuite succédé à la tribune, avant une prise de parole du président Muhammadu Buhari.
Il a appelé "les membres du parti, en particulier les responsables et les délégués, à respecter les lois et règlements en vigueur et voter pour le candidat présidentiel ayant les meilleures chances de garantir la victoire" de son parti en février 2023.
Le vote des délégués a démarré vers 01H00 GMT. Le nom du vainqueur devrait être connu plus tard dans la nuit.
Aux alentours d'Eagle Square, des centaines de militants portant les couleurs du parti - vert, blanc, bleu et rouge - s'étaient massés depuis le matin le long des avenues, agitant des drapeaux et criant le nom de leur favori, selon des journalistes de l'AFP.
Insécurité généralisée
Parmi les principaux candidats de l'APC figurent le chef historique du parti, Bola Tinubu, l'actuel vice-président Yemi Osinbajo, l'ancien ministre des Transports Rotimi Amaechi et le président du Sénat, Ahmad Lawan.
Le président Muhammadu Buhari n'a pas apporté de soutien public à un candidat en particulier.
Dans son discours, le président a cependant demandé aux délégués de "choisir un défenseur de la nation, intelligent et juste" doté "d'une force de caractère pour faire avancer le pays", un candidat capable de barrer la route à celui du PDP.
Le principal parti d'opposition, le Parti démocratique populaire (PDP), a déjà choisi son candidat la semaine dernière, en la personne d'Atiku Abubakar, ancien vice-président et richissime homme d'affaires originaire du Nord, qui se présente pour la sixième fois en trois décennies à la présidence.
Cette nomination a accentué les divisions internes au sein de l'APC, car le PDP n'a pas respecté le "Zonage", un accord tacite au Nigeria selon lequel la présidence doit alterner tous les deux mandats entre un candidat du nord, majoritairement musulman, et du sud, majoritairement chrétien.
Cet accord vise à maintenir l'équilibre dans un pays qui compte plus de 250 groupes ethniques et où les tensions intercommunautaires sont fréquentes.
Or M. Abubakar, est un musulman du Nord, tout comme le président Muhammadu Buhari.
Parmi les principaux candidats de l'APC, Bola Tinubu et Ahmad Lawan sont tous deux musulmans, respectivement originaires du sud et du nord. Les deux autres, Yemi Osinbajo et Rotimi Amaechi, sont chrétiens et issus du sud.
M. Abubakar et le candidat de l'APC désigné s'affronteront, parmi d'autres, pour obtenir la présidence d'un pays en proie à une insécurité généralisée, de l'insurrection djihadiste dans le Nord-Est aux bandes criminelles qui ravagent le Nord-Ouest et le centre, en passant par des mouvements séparatistes dans le Sud-Est.
L'économie est également un sujet majeur au Nigeria, qui compte 215 millions d'habitants dont 83 millions vivent sous le seuil d'extrême pauvreté (1,90 dollar américain par jour et par personne), selon le dernier recensement de l'organisation World Poverty Clock.
La plus grande économie d'Afrique, affaiblie par la pandémie de coronavirus, subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires sur tout le continent.