VINCENNES: Des dizaines de travailleurs du bâtiment ont le sentiment d'avoir »évité le pire », mardi après-midi à Vincennes (Val-de-Marne) près de Paris, où une partie d'un immeuble en chantier s'est effondrée, aux abords d'une école maternelle et d'une crèche.
« J'étais dans les bureaux et j'ai vu l'immeuble s'effondrer » vers 17H00, raconte un des responsables du chantier, lancé en mai 2021 pour transformer des bureaux en logement. « J'ai couru, c'était sauve-qui-peut », poursuit le trentenaire qui préfère taire son nom, visiblement choqué.
Travaillant depuis « plusieurs années » dans le bâtiment, c'est « la première fois » qu'il voit une telle « image d'horreur ».
Son seul « soulagement » ce soir: « qu'il n'y ait pas de victime ». Et son seul objectif: « motiver (ses) hommes pour qu'ils se confient » aux psychologues présents sur les lieux de l'accident. « Heureusement qu'il n'y a pas de mort », souffle-t-il, sidéré d'avoir « évité le pire ».
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête mardi soir pour « mise en danger de la vie d'autrui » et « blessures involontaires », confiée à la police judiciaire du Val-de-Marne, avec l'assistance de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRDP).
Un ouvrier a « sauté par peur » et s'est légèrement blessé, « mais il pourrait être extérieur au chantier », a précisé le procureur de la République Stéphane Hardouin.
Des tentes blanches jonchaient la rue limitrophe au lieu de l'accident: celles de la cellule d'urgence médico-psychologique qui a accueilli « une trentaine de personnes, dont des ouvriers et des employés de la crèche », a indiqué l'AFP sa référente médicale, précisant qu'aucune n'avait présenté un état psychologique nécessitant une évacuation vers l'hôpital.
« Un poste d'urgence médico-psychologique téléphonique va être mis en place », a ajouté celle qui a travaillé avec « onze collègues, dont trois psychiatres ».
Plus de 150 pompiers ont également été mobilisés, notamment pour évacuer les près de « 150 enfants présents » dans la crèche et l'école maternelle, selon la mairie de Vincennes. Après ces évacuations, la sécurisation du site se poursuivait mardi soir.
« Aucun signe avant-coureur »
« J'ai besoin d'éléments concrets pour pouvoir rétablir la situation », a expliqué, depuis son poste de commandement, l'un des chefs des pompiers à ses troupes, des cartes du chantier diffusés sur des écrans dans son dos. « Des éléments sont vraiment en ruine et peuvent à tout moment détruire la crèche », a-t-il averti.
« On va proposer des solutions de relocalisation des activités de la crèche et de l'école dès jeudi », a de son côté précisé la maire de Vincennes Charlotte Libert-Albanel, sur place. « Il faut que les architectes de l'entreprise Fayat comprennent l'origine de l'effondrement », a-t-elle insisté.
Pour l'un des responsables du chantier, cette scène de « science fiction » n'était pas prévisible: « les capteurs » présents sur le chantier n'ont indiqué « aucun signe avant-coureur ».
Un tel accident est « un risque à prendre quand on est ouvrier », relativise un autre travailleur présent sur le chantier depuis trois jours. Il se trouvait sur « le trottoir en face » quand l'immeuble s'est effondré.
Lui, vêtu de son chasuble orange, assure pouvoir retravailler »dès demain ».
Mardi soir, les 56 ouvriers censés être sur le chantier ont répondu à l'appel, mais les pompiers ont précisé que des chiens circulaient encore »dans tout le périmètre ».