LILLE: Les spécialistes européens de la sécurité informatique se retrouvent à partir de mardi pour le Forum international de la cybersécurité (FIC) de Lille, dans un contexte marqué par le conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine.
Plus de 13 000 participants sont attendus sur trois jours pour échanger les dernières informations sur l'état de la menace cyber et les meilleurs moyens de s'en protéger.
"Nous avons entre 15 et 20% de plus d'exposants, à environ 550, et près de 500 intervenants, nous n'avons jamais été aussi nombreux", a indiqué à l'AFP Guillaume Tissier, coorganisateur du FIC.
Alors que les responsables cyber retenaient leur souffle au début de l'attaque russe contre l'Ukraine, le conflit semble ne pas avoir débordé, pour l'instant, hors des deux belligérants pour ce qui concerne le cyber, hormis un effet collatéral de l'attaque russe au début du conflit sur le réseau satellitaire KA-Sat, utilisé par l'Ukraine.
Il y a eu "une concentration de l'effort russe sur l'Ukraine", soulignait cette semaine Guillaume Poupard, le directeur général de l'Anssi, le cyberdéfenseur français.
En Ukraine même, les cyberattaques russes semblent avoir été contenues, grâce notamment au bon état de préparation du pays et à l'aide d'acteurs occidentaux, étatiques ou privés comme Microsoft.
"On voit une résilience très forte de l'Ukraine" en matière cyber, "ce qui peut donner espoir" aux cyberdéfenseurs qui observent attentivement le conflit, indiquait Guillaume Poupard.
Une table ronde mercredi associant plusieurs chefs militaires cyber, dont le général Didier Tisseyre (France), le colonel Rene Innos (Estonie), et le général Karol Molenda (Pologne) s'intéressera au rôle du cyber dans les conflits "de haute intensité".
Le général Tisseyre participera également à une table ronde sur le rôle grandissant de l'UE dans la cybersécurité, en compagnie de la commissaire européenne Margrethe Vestager, et d'Olli Ruutu, directeur général adjoint de l'Agence européenne de défense.
Pendant la présidence française de l'UE qui s'achève fin juin, les 27 ont trouvé un accord politique sur la révision de la directive NIS, visant à durcir la sécurité des grandes infrastructures européennes.
L'UE débat ou s'apprête à débattre de texte sur la sécurité des objets connectés (cyber resiliency act), sur les normes de cybersécurité européenne (cyber security act), ou de la preuve électronique en matière pénale (paquet E-evidence).
Le FIC sera aussi l'occasion de récompenser trois start-up françaises dans le domaine de la cybersécurité: StrongNetwork (plateforme de travail collaboratif sécurisé pour codeurs), Mindflow (automatisation du traitement des incidents cyber), et Erium/BlackNoise (génération automatique d'attaques à blanc pour tester un système).