Référendum: les Kazakhs appuient les réformes censées clore l'ère de Nazarbaïev

Une femme quitte un isoloir dans un bureau de vote dans le cadre du référendum visant à réviser la constitution à Almaty le 5 juin 2022. (Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une femme quitte un isoloir dans un bureau de vote dans le cadre du référendum visant à réviser la constitution à Almaty le 5 juin 2022. (Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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Publié le Lundi 06 juin 2022

Référendum: les Kazakhs appuient les réformes censées clore l'ère de Nazarbaïev

  • Les Kazakhs ont voté majoritairement pour la réforme constitutionnelle censée clore l'ère de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev et de son clan, aux commandes pendant 30 ans
  • Le taux de participation au référendum, qui s'est tenu à l'initiative du président actuel Kassym-Jomart Tokaïev, a dépassé 68%

NUR-SULTAN, Kazakhstan: Les Kazakhs ont voté majoritairement pour la réforme constitutionnelle censée clore l'ère de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev et de son clan, aux commandes pendant 30 ans, selon les résultats du référendum organisé dimanche dans ce pays d'Asie centrale.

"Le référendum peut être considéré comme validé", a déclaré lundi le président de la Commission électorale centrale, Nourlan Abdirov, en annonçant les résultats préliminaires, selon lesquels la réforme a été appuyée par 77% des voix.

Le taux de participation au référendum, qui s'est tenu à l'initiative du président actuel Kassym-Jomart Tokaïev, a dépassé 68%.

Le Kazakhstan, riche en minerais et en hydrocarbures, a été secoué en janvier par des violences qui ont fait plus de 230 morts.

Ces troubles, les plus meurtriers depuis l'indépendance de ce pays en 1991, avaient été précédés par des protestations pacifiques contre la hausse du prix du carburant, puis ont dégénéré en affrontements entre forces de l'ordre et civils.

Avant les émeutes, l'actuel président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, 69 ans, était largement considéré comme l'homme de main de M. Nazarbaïev, 81 ans, qui avait démissionné en 2019, tout en continuant à jouer dans l'ombre un grand rôle.

Mais les violences de janvier ont marqué un tournant, M. Tokaïev semblant avoir profité de la crise pour brider l'influence de son prédécesseur et évincer certains de ses proches.

Les changements constitutionnels, soumis au référendum de dimanche, prévoient une modification d'environ un tiers des articles de la loi fondamentale kazakhe et, tout particulièrement, le retrait à M. Nazarbaïev de son titre d'"Elbassy" - "Chef de la nation" -, un

statut qui lui donne une autorité considérable. - Fin d'une ère -

Désormais, "nous pouvons dire avec assurance que l'ère d'Elbassy est finie", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Gaziz Abichev.

Un amendement prévoit que les proches des dirigeants ne puissent pas occuper des fonctions gouvernementales majeures, une mesure visant manifestement la famille Nazarbaïev.

Pour Inech Aïtmanbekova, qui est venue voter dimanche avec sa fille à Almaty, capitale économique du pays, ces changements constitutionnels "sont bien petits".

"Mais nous espérons qu'ils seront pour le mieux", a-t-elle assuré à l'AFP.

Selon M. Tokaïev, la révision constitutionnelle a pour but de supprimer l'actuel régime "super- présidentiel", longtemps marqué par le culte de la personnalité de Noursoultan Nazarbaïev.

Aucune campagne pour le "non" n'a eu lieu dans cet Etat connu pour réprimer toute voix critique.

Les causes précises des émeutes de janvier restent mystérieuses. Elles avaient dévasté le centre d'Almaty mais épargné Nur-Sultan, l'ancienne Astana, rebaptisée en 2018 en l'honneur de M. Nazarbaïev.

Le président Tokaïev avait accusé des "terroristes" d'avoir voulu prendre le pouvoir.

L'arrestation, le 8 janvier, d'un proche de M. Nazarbaïev, Karim Massimov, alors chef du Conseil de sécurité nationale, avait toutefois alimenté les conjectures sur une lutte de pouvoir.

Après la crise de janvier, M. Tokaïev a aussi publiquement critiqué M. Nazarbaïev, l'accusant d'avoir protégé les "riches". Un neveu de l'ex-chef de l'Etat, Kaïrat Satybaldy, a été arrêté en mars, accusé de détournements de fonds.

M. Tokaïev a néanmoins également loué les travaux accomplis par Noursoultan Nazarbaïev, un ancien cadre du Parti communiste qui a développé cet immense pays couvert de steppes en s'appuyant sur la manne des hydrocarbures.

MM. Nazarbaïev et Tokaïev prônent tous deux des liens étroits avec la Russie voisine, tout en maintenant des partenariats avec les Occidentaux et la Chine.

Au moment des émeutes, M. Tokaïev avait appelé à l'aide Moscou, qui avait envoyé des troupes, dans le cadre de l'alliance militaire unissant les deux pays. Le Kremlin assure que cette intervention n'a eu aucune contrepartie politique.

Depuis janvier, Noursoultan Nazarbaïev n'a quasiment pas fait d'apparitions publiques. Mais il a donné lundi une interview dans laquelle il a appelé à voter en faveur de la révision constitutionnelle.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.