ALMATY : Le parti au pouvoir au Kazakhstan a changé de nom mardi pour s'appeler désormais Amanat, prenant ainsi ses distances envers l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev qui avait dirigé le pays pendant près de 30 ans, ont rapporté mardi des médias.
M. Nazarbaïev, 81 ans, a dominé la vie politique de ce pays de 19 millions d'habitants qui regorge de pétrole et de minerais de 1990, avant son indépendance de l'Union soviétique en 1991, jusqu'en 2019 lorsqu'il a transmis les rênes à Kassym-Jomart Tokaïev.
Jusqu'aux émeutes sanglantes de début janvier, il avait conservé une influence considérable, s'attribuant le titre d'"Elbassy" --"Chef de la nation" kazakhe-- et la tête du puissant Conseil de sécurité.
Après avoir appelé des troupes russes à la rescousse pour réprimer ces émeutes inédites qui ont fait plus de 200 morts, M. Tokaïev, 68 ans, a repris la main et écarté les proches de M. Nazarbaïev au gouvernement et dans les organes de sécurité.
Mardi, lors d'un congrès extraordinaire, les délégués du parti ont voté pour changer le nom de l'organisation et abandonner celui de Nour Otan, qui reprenait la première partie du prénom de l'ex-président, pour Amanat ("confiance"), a rapporté le site pro-gouvernemental kazakh Tengrinews.
S'adressant au congrès, M. Tokaïev a soutenu cette initiative et qualifié le nouveau nom de "concept profond qui revêt une symbolique particulière dans la culture de notre peuple".
"Il évoque les idéaux impérissables de l'indépendance, les valeurs d'un Etat fort, de l'unité nationale, les vastes étendues de notre patrie que nos ancêtres nous ont léguée", a-t-il déclaré.
Juste après les émeutes, M. Tokaïev avait déclaré que son pays avait vaincu une "tentative de coup d'Etat" de "terroristes" étrangers, "un acte organisé et bien préparé contre le Kazakhstan avec la participation de combattants étrangers de pays d'Asie centrale, y compris d'Afghanistan. Des combattants du Moyen-Orient ont également participé", sans guère fournir de preuves de son assertion.
M. Tokaïev a consolidé son pouvoir à la faveur de la crise aux dépens de son ancien mentor, prenant notamment la tête du Conseil de sécurité ainsi que du parti au pouvoir.
Juste avant le retrait en janvier des forces de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), alliance conduite par Moscou, il les avait remerciées pour leur intervention, saluant sa "grande importance psychologique pour repousser l'agression des terroristes et des bandits".
Le Kazakhstan affiche sa neutralité depuis l'invasion russe de l'Ukraine et a offert d'accueillir des pourparlers entre les deux pays, une proposition réitérée mardi par M. Tokaïev.
M. Nazarbaïev, auquel les manifestants de janvier reprochaient d'avoir fait prospérer la corruption, ne s'est pas exprimé publiquement pendant ces troubles inédits. Mais il est sorti du silence le 18 janvier pour apporter son plein soutien à son successeur et assurer qu'il n'y avait "aucun conflit ou confrontation au sein de l'élite".