Kazakhstan: les tortures malmènent la version officielle des émeutes

Des policiers anti-émeute patrouillent dans une rue alors que des manifestations sans précédent contre une hausse des prix de l'énergie deviennent incontrôlables à Almaty, le 5 janvier 2022. (Photo, AFP)
Des policiers anti-émeute patrouillent dans une rue alors que des manifestations sans précédent contre une hausse des prix de l'énergie deviennent incontrôlables à Almaty, le 5 janvier 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 27 janvier 2022

Kazakhstan: les tortures malmènent la version officielle des émeutes

  • Militant d'opposition de longue date, M. Abichev a été arrêté le 4 janvier, quelques heures avant le rassemblement de milliers de personnes dans les rues de la capitale économique, Almaty
  • Détenu sans être formellement inculpé et sans possibilité de joindre ses proches, cet homme de 44 ans n'a finalement été relâché qu'une semaine plus tard sans inculpation

ALMATY : Au moment où le Kazakhstan traversait des émeutes chaotiques et meurtrières début janvier, l'opposant Asset Abichev était arrêté manu militari à bord d'un bus par la police, qu'il accuse de l'avoir torturé une semaine durant.

Militant d'opposition de longue date, M. Abichev a été arrêté le 4 janvier, quelques heures avant le rassemblement de milliers de personnes dans les rues de la capitale économique, Almaty, point de départ d'une crise sans précédent.

Détenu sans être formellement inculpé et sans possibilité de joindre ses proches, cet homme de 44 ans n'a finalement été relâché qu'une semaine plus tard sans inculpation, son corps plein d'ecchymoses témoignant des violences subies.

Son témoignage à l'AFP et d'autres récits similaires soulèvent des questions sur la version officielle des autorités de ce pays d'Asie centrale, qui ont mis les émeutes sur le compte de "terroristes" et de "bandits" formés à l'étranger, sans toutefois apporter aucune preuve.

Asset Abichev a raconté avoir passé ses trois premières nuits "en otage" au commissariat, y compris celle du 5 janvier, lorsque la police a tiré à balles réelles pour repousser des attaques de protestataires non identifiés.

Il a ensuite été transféré dans un centre de détention où il partageait sa cellule avec sept autres personnes et où, selon ses dires, ils ont été passés à tabac.

«Sans pitié»

"Ils m'ont frappé le torse à coups de poing. Le dos et les bras, à coups de bâton et de crosse de fusil", raconte M. Abichev en montrant les marques violettes, jaunes et vertes sur son corps.

"Avec les jeunes hommes arrêtés les 5 et 6 janvier, (les policiers) n'ont eu aucune pitié: on leur a mis des sacs plastiques sur la tête, on les a jetés au sol, on leur a sauté dessus. Ils avaient des côtes brisées, mais n'ont reçu aucun soin médical", poursuit-il.

Les troubles ont éclaté après une hausse des prix du carburant sur fond de colère face à la corruption et à la baisse du niveau de vie.

Face aux émeutiers, le président Kassym-Jomart Tokaïev a donné l'ordre à la police de "tirer pour tuer" et appelé des troupes russes à la rescousse. Au moins 225 personnes ont été tuées, des milliers blessées et plusieurs autres milliers arrêtées.

Elvira Azimova, émissaire gouvernementale pour les droits humains, a assuré à l'AFP que les violations présumées lors des détentions étaient un "dossier prioritaire", reconnaissant avoir reçu des plaintes pour des tortures.

Elle a toutefois admis ne pas avoir le pouvoir d'"interférer dans les processus judiciaires".

Si la Russie et la Chine ont soutenu la répression des manifestations, le Kirghizstan voisin s'est inquiété de l'arrestation de plusieurs de ses citoyens.

«Tué, torturé»

Apparaissant dans les médias depuis un lit d'hôpital à Bichkek, la capitale kirghize, Cholponbek Sydykov a assuré que la police kazakhe lui avait brisé les côtes et cassé les jambes, tout comme à l'un de ses compatriotes.

Un autre Kirghize détenu lors des violences, le musicien Vikram Rouzakhounov, a dit avoir subi de multiples blessures, ajoutant qu'on lui avait ordonné de ne pas s'exprimer publiquement à ce sujet.

Le musicien a été libéré après le scandale suscité par la diffusion, à la télévision kazakhe, de ses "aveux" forcés, une vidéo dans laquelle il apparaissait meurtri et hébété et disait avoir reçu de l'argent pour manifester.

Les circonstances exactes des émeutes au Kazakhstan restant floues, des militants ont créé une base de données pour répertorier les disparus, tués ou détenus, et leurs familles exigent désormais des réponses.

Dans la soirée du 6 janvier, Ierlan Jaguiparov, 49 ans, s'est aventuré dans la rue à Almaty après avoir entendu des coups de feu. Ses proches ne l'ont plus revu vivant.

Son frère Nourlan affirme à l'AFP que Ierlan a téléphoné ce soir-là à un ami pour lui dire qu'il était détenu par la Garde nationale. Après de longues recherches, son frère a retrouvé son cadavre dans une morgue, criblé de balles, les mains menottées et les poignets brisés.

"Nous voulons que les gens sachent qu'il a été tué, qu'il a été torturé et que ses meurtriers sont toujours en liberté", déclare Nourlan Jaguiparov.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.