PARIS: La numéro deux du département d'Etat américain Wendy Sherman a dénoncé jeudi la volonté d'hégémonie de la Chine dans le monde, appelant l’Europe à aider les Etats-Unis à contrer la concurrence de Pékin.
"Avant même que le président (chinois) Xi et le président (russe Vladimir) Poutine aient déclaré en février leur partenariat +sans limites+, la Chine a défié la sécurité en Europe, l'économie en Europe et les valeurs en Europe", a déclaré Mme Sherman lors d'une visioconférence depuis Washington avec la presse européenne.
Parlant de "harcèlement économique" de la Chine visant l'Europe, Mme Sherman a cité en exemple le récent blocage des exportations lituaniennes par la Chine, le fait que Pékin ait "échoué à livrer" la construction d'une autoroute au Monténégro ou encore visant des entreprises européennes comme Adidas ou Nike.
Le point presse de Mme Sherman s'inscrit dans le sillage du discours de son patron, le secrétaire d'Etat Antony Blinken, qui a récemment fait de Pékin la principale menace à l'ordre mondial, malgré l'invasion russe en Ukraine.
Washington accuse Pékin de vouloir remodeler l'ordre mondial.
Dans un discours le 25 mai, le secrétaire d'Etat américain avait affirmé que Washington était engagé dans une vigoureuse compétition avec Pékin dans le but de préserver l'ordre mondial.
L'administration Biden a évoqué la nécessité de faire pression sur la Chine pour qu'elle respecte les règles établies, notamment dans ses conflits en mer de Chine méridionale et dans le domaine du commerce.
"Même si Pékin est à des milliers de kilomètres (..), les actions de la Chine impactent l'avenir de l'Europe", a souligné Mme Sherman, saluant la coopération actuelle avec les Européens dans ce domaine tout en souhaitant "aligner nos approches".
La diplomate américaine a notamment mis en exergue le fait que "tout le monde réfléchit aux questions des chaines d'approvisionnement" dans le sillage de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine.
"Les Etats-Unis ne recherchent pas le conflit" avec la Chine ni à "découpler" leur économie de celle de la Chine, a encore affirmé la secrétaire d'Etat adjointe. "Nous ne voulons pas d'une nouvelle Guerre froide", a-t-elle dit, mais "on ne peut pas compter sur Pékin pour qu'il change de comportement".
Elle a par ailleurs souligné que les Etats-Unis étaient "attentifs" à cette alliance entre la Russie et la Chine, menaçant Pékin "de conséquences" si jamais les autorités chinoises décidaient d'envoyer des équipements (des armes, ndlr) à la Russie, ce qui n'est actuellement pas le cas.
Mais elle a dénoncé le fait que Pékin relayait massivement toute une série de "désinformations" en provenance de Moscou.
"Très franchement, je pense que la Russie et Poutine seront parias pendant très longtemps et je ne suis pas sûre que la Chine en profitera", a-t-elle conclu.