PARIS : Comment freiner la hausse des loyers ? Le gouvernement a consulté mercredi des acteurs de l'immobilier sur cette question sensible qui touche à une dépense contrainte lourde des Français, en pleine poussée inflationniste.
Avec le pouvoir d'achat qui s'impose comme la première priorité des Français, le sujet est capital pour le gouvernement d'Elisabeth Borne, qui doit impérativement remporter les élections législatives les 12 et 19 juin pour rester en place.
Car l'inflation, sous l'effet notamment de la guerre en Ukraine, s'envole à des niveaux jamais vus depuis 30 ans (+5,2% sur un an pour les prix à la consommation).
L'exécutif y a jusqu'ici répondu par des mesures d'urgence, souvent coûteuses : "indemnité classe moyenne", chèque énergie, blocage des prix du gaz...
Reste le coût du logement, un des postes de dépenses les plus lourds et rattrapé à son tour par la hausse des prix.
Au premier trimestre, l'indice de référence des loyers (IRL), qui fixe l'augmentation annuelle autorisée pour les bailleurs, a bondi à 2,48%, un niveau pas vu depuis 2008.
Indexé sur l'évolution des prix à la consommation (hors tabac et loyers) lors des 12 derniers mois, il va donc continuer à augmenter si rien n'est fait.
Pas de gel des loyers
Mercredi, c'est cet IRL qui a été au cœur des discussions entre les représentants des professionnels de l'immobilier et les ministres Bruno Le Maire (Economie) et Amélie de Montchalin (Transition écologique), selon plusieurs participants interrogés par l'AFP.
C'était avant tout "un exercice de concertation, où le but était de laisser parler les acteurs", souligne-t-on dans l'entourage de Mme de Montchalin, dont les attributions incluent le logement.
Les idées exprimées doivent aider la Première ministre à trancher dans l'optique d'un projet de loi sur le pouvoir d'achat qui doit être présenté le 29 juin.
La proposition de geler les loyers, portée par des associations de consommateurs et de locataires mais rejetée par les professionnels, semble avoir été écartée.
"Très clairement, ils nous ont dit qu'ils n'allaient pas vers un gel total des loyers parce qu'ils ont conscience du poids que ça aura sur les bailleurs", a expliqué à l'AFP la présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH), Emmanuelle Cosse, qui représentait les bailleurs sociaux.
"Tout le monde était d'accord pour dire que le gel des loyers, ce n'était pas bon", a également témoigné Danielle Dubrac, présidente du syndicat de professionnels Unis.
Foison d'idées
Les participants ont néanmoins avancé des idées afin de rendre moins douloureuse la hausse de l'IRL : ne plus le réévaluer pendant un an à partir de cet été, le lisser en prenant en compte l'indice moyen des quatre derniers trimestres, ou réformer son mode de calcul pour en exclure les prix de l'énergie, qui contribuent à accélérer l'inflation. Sans qu'aucune solution ne soit pour l'heure privilégiée.
Du côté du gouvernement, on souligne que les acteurs ont été sondés sur le pouvoir d'achat des locataires, mais aussi sur la nécessité de soutenir la construction de logements afin de faire baisser les prix.
Cette mesure, plutôt axée sur le moyen terme, est une revendication constante de la Fédération des promoteurs immobiliers.
L'USH a également réclamé une revalorisation des aides au logement (APL), rognées lors du premier mandat d'Emmanuel Macron, afin de ne pas entamer la capacité financière des bailleurs sociaux pour rénover les bâtiments.
Une demande également portée par la Fondation Abbé Pierre (non présente à la réunion), pour qui la hausse des APL et des minima sociaux permettrait de cibler les ménages les plus en difficulté.
La réunion sera rapidement suivie d'échanges avec les autres acteurs du logement, comme les associations de défense des locataires et de lutte contre le mal-logement.
Les plus marquées à gauche, comme Droit au Logement (DAL), ont d'ores et déjà appelé à manifester jeudi après-midi pour exiger des mesures fortes : gel des loyers, augmentation des APL, arrêt des expulsions..