NICE: D'un côté Philippe Vardon, figure locale du RN, exclu par le parti et soutenu par Reconquête! ; de l'autre Benoît Kandel, ex-responsable du parti d'Eric Zemmour finalement investi par le RN: à Nice, l'affiche de la 3e circonscription des Alpes-Maritimes est déroutante.
Et pour compléter cette recomposition du paysage politique local, un ex-LR, Philippe Pradal, rallié comme son mentor Christian Estrosi à la macronie, a été préféré au député sortant LREM, Cédric Roussel, pour représenter la majorité présidentielle.
« J'ai dit au RN qu'il fallait faire l'union, avec une spécificité des Alpes-Maritimes où Eric Zemmour a réalisé à la présidentielle le double de son résultat national » (NDLR: 13,99% contre 7,07%), explique M. Vardon, 41 ans, conseiller municipal et régional et ex-identitaire: « En guise de réponse, on m'a écarté ».
Pour l'assistant parlementaire de Nicolas Bay, ex-RN lui aussi passé chez Reconquête!, on lui fait « payer (s)a proximité avec Marion Maréchal Le Pen », dont il était le témoin de mariage.
Si l'ancien membre du groupuscule d'ultra-droite « Unité radicale » se considère encore comme « le candidat naturel du RN », plaçant tout en haut de son programme « la lutte contre l'islamisme et la compromission des élus niçois », c'est bien à Benoît Kandel, 58 ans, ex-colonel de gendarmerie, ancien élu niçois alors proche d'Estrosi, que l'ex-FN a accordé son investiture.
De quoi dérouter les électeurs ? « Moi je suis resté à droite, ce sont les partis qui ont changé », rétorque ce Saint-Cyrien, passé par l'UMP et le Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) avant de rejoindre Zemmour puis le RN.
« Stratégie de dédiabolisation »
« Si vous prenez le programme du RN en matière de sécurité, c'est peu ou prou celui du RPR des années 90 », explicite celui qui a claqué la porte de Reconquête! avant la présidentielle car, assure-t-il, « l'arrivée de Vardon se préparait déjà ».
Dernière passe d'armes entre les deux hommes: une plainte déposée par Vardon contre Kandel pour avoir mis en ligne sa lettre d'exclusion du RN, sur laquelle figurait son adresse personnelle.
Pour Gilles Ivaldi, chercheur au Cevipof et au CNRS, il y a historiquement « dans le sud et notamment à Nice une extrême droite plus fragmentée » et « une tension entre le FN et la mouvance identitaire, plus radicale, qu'incarne Vardon ». En écartant ce dernier, il apparaîtrait « clairement chez Marine Le Pen une stratégie de privilégier des candidats qui vont dans le sens de la dédiabolisation » du RN.
Face à la droite radicale, la majorité présidentielle a elle aligné un expert comptable de 59 ans, Philippe Pradal, éphémère maire de Nice de 2016 à 2017 quand Estrosi avait la présidence de la région.
Rallié à Horizons et préféré au député sortant LREM pourtant largement élu en 2017 (62,74%) face à M. Vardon, M. Pradal « veut aller au Parlement avec ce passé et ce futur d'élu local ». Mais d'abord, « nous avons tous un adversaire principal, c'est l'abstention », avertit ce lecteur de Pascal et Saint-Exupéry.
Au total, 13 candidats se présentent dans cette circonscription, dont le LR Laurent Castillo.