LE SEMNOZ : Organisé par Bonlieu/Scène nationale, ce spectacle se tient d'ordinaire en ouverture d'un festival d'installations qui interroge chaque été depuis quatre ans, dans les rues de la capitale haut-savoyarde, l'équilibre entre l'urbain et la nature. Mais la crise sanitaire a forcé son organisateur à le délocaliser. "Nous avions déjà travaillé au Semnoz, on s'est dit que c'était l'endroit idéal pour mettre en scène un événement en prise directe avec la nature, qui est aussi dans l'ADN de tous ces artistes", explique Salvador Garcia, directeur de Bonlieu/Scène nationale.
Vendredi après-midi, l'ensemble des musiciens, danseurs, circassiens et comédiens associés à cette série de performances - qui s'enchaînent entre 1.400 et 1.700 mètres d'altitude - ont répété leurs gammes une dernière fois sous le voile blanc d'une épaisse brume.
Samedi, tous ont revêtu leurs costumes pour débuter un "marathon performatif" de cinq heures ininterrompues, que le grand public a pu découvrir gratuitement, au fil d'un parcours "déambulatoire" de quatre kilomètres serpentant entre les grands espaces des alpages et l'intimité des forêts du Semnoz. Au total, une soixantaine de spectacles ont été répartis à proximité des tracés empruntés durant l'hiver par les férus de ski de fond.
Plusieurs célèbres chorégraphes tels Yoann Bourgeois, Jean-Claude Gallota ou Philippe Decouflé ont accepté l'invitation des organisateurs. Le public a pu également assister aux performances du danseur François Chaignaud, de la funambule Johanne Humblet et de la plasticienne Fanny de Chaillé.
Le premier artiste dont le visiteur a pu croiser le chemin est le highliner Nathan Paulin, qui a noué une collaboration avec le chorégraphe Rachid Ouramdane pour associer à son numéro d'équilibriste une "immersion auditive", lors de laquelle il confie son ressenti sur la slackline.
Le parcours, long de deux heures et que les 10.000 spectateurs attendus ont effectués par groupe de dix sur des pentes en légère descente, s'est achevé aux côtés des huit danseurs dirigés par le chorégraphe Philippe Decouflé, qui ont interprété - dans leurs costumes tricotés - une chorégraphie "classique" sur des airs de Vivaldi. "C'est notre première fois devant un public depuis des mois. C'est un réel plaisir de retrouver notre métier et, pour les danseurs, le contact qui en est l'essence même", se réjouit Philippe Decouflé.