LONDRES: Un réfugié syrien, parti en Grande-Bretagne il y a près de dix ans, aujourd’hui médecin, fournit bénévolement des traitements médicaux en Ukraine pour les victimes de la guerre, a rapporté The Independent mercredi dernier.
En 2013, alors qu’il y suivait sa dernière année d'études de médecine, le Dr Tirej Brimo a quitté la Syrie au milieu du conflit brutal qui sévissait dans le pays. En 2017, il a obtenu son diplôme de médecin à Londres.
Cinq ans plus tard, devenu médecin urgentiste à Cambridge, il a mis ses compétences au service de l’Ukraine. Il a posé sept semaines de son congé afin de partir jusqu’à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne et gagner la ville de Lviv.
«Je me suis enfui de Syrie. J'étais étudiant et je me sentais impuissant. Pour l’Ukraine, j'ai choisi un autre destin. J'ai choisi d'être là et de défendre ce en quoi je crois», déclare-t-il. Il a contribué à la création d'un centre médical de fortune à Lviv qui a permis de soigner des centaines de réfugiés ukrainiens qui fuyaient vers l'Est.
De retour à Cambridge, Brimo raconte: «À la gare de Lviv, la situation était horrible. Chaque jour, nous recevions des dizaines de trains en provenance de l'est de l'Ukraine remplis de blessés et de réfugiés qui voulaient simplement fuir et qui ont tout laissé derrière eux.»
«Au cours de ma toute première semaine, un ambulancier et moi avons vu trois cent trente-neuf patients. Il suffisait de quelques secondes de consultation pour que les émotions ressortent. Ils avaient traversé bien des épreuves et avaient vu beaucoup de choses. Certains avaient perdu leurs proches, d'autres avaient tout abandonné; d'autres encore étaient tellement affectés qu'ils n'avaient pas conscience de ce qui se passait autour d'eux.»
L'expérience a fait ressurgir des souvenirs douloureux pour le Dr Brimo. «Malheureusement, les atrocités de la guerre présentent des similarités. L'horreur sur le visage des gens, les sacs à dos remplis à la hâte et les enfants qui ont perdu leur étincelle sont quelques-unes des images que je garde», confie-t-il. «La guerre est comme un cauchemar dont on ne peut se réveiller tout en priant pour un miracle qui ne se produit pas.»
«En tant que médecin qui travaille dans l’humanitaire, notre combat est différent. Nous nous occupons de ceux qui sont blessés par toutes sortes de traumatismes, de ceux qui ont été oubliés, de ceux qui se sentent rejetés par la vie et ses atrocités. Nous espérons que ces quelques minutes de soins resteront un jour dans les mémoires comme une petite lumière dans le parcours de nos patients. Une étape dans leur voyage pour guérir de tout ce qu’ils ont vécu.»
Le Dr Brimo fait l'éloge de ses collègues bénévoles: «Dans un message clair de résilience qui rejette la guerre et sa violence, nous avons commencé notre journée avec un sourire et nous l'avons finie avec une prière. Une prière qui, nous l'espérons, sera un jour entendue.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com