PARIS: La prise de contrôle de Lagardère désormais assurée, Vincent Bolloré s'est tourné vers l'avenir mercredi, assurant vouloir préserver la "tranquillité" et la stabilité de son empire florissant dans la logistique pétrolière, le transport et les médias.
À l'approche d'une période qu'il pressent "difficile", le milliardaire breton a notamment écarté tout projet "compliqué" visant à "fusionner ou simplifier" la succession de holdings qui assurent le contrôle de son groupe, mais pèsent également sur sa valorisation.
La modification approuvée mercredi, lors de deux assemblées générales successives, des statuts de la "Compagnie de l'Odet", navire amiral de la famille, et du groupe Bolloré, pour permettre la distribution de "biens en nature, y compris de titres financiers", n'était selon lui que "purement formelle".
"Il n'y aucun projet d'aucune sorte concernant les distributions d'actifs par l'Odet", a-t-il assuré.
Cette société financière, qui détient quelque 64% du groupe Bolloré, a toutefois mis à profit ces dernières semaines les dividendes perçus de sa filiale pour se renforcer en achetant un peu plus de 1% des parts de Bolloré, pour près de 150 millions d'euros.
Pessimiste
Dans quel but ? "Plutôt par manque d'imagination qu'une confiance absolue dans la valeur future des actions", a ironisé Vincent Bolloré, qui s'est montré plus pessimiste que d'ordinaire.
Le groupe Bolloré, fortement désendetté, a pourtant dégagé l'année dernière un bénéfice record.
Il a largement profité, au sein de ses activités logistiques, de la hausse du coût du transport de marchandises, sur lequel il prélève une commission, et de la flambée des prix du pétrole à la suite de la guerre en Ukraine, qu'il transporte également.
Mais "la conjoncture va être sans doute beaucoup plus difficile que les gens ne le croient" et le second semestre s'annonce "plus compliqué", a prévenu Vincent Bolloré.
Parmi ses possibles projets, certains analystes avancent qu'il pourrait tenter de renforcer sa position chez Vivendi, dont il détient un peu moins de 30%, en utilisant l'abondante trésorerie du groupe propriétaire de Canal+ ou le produit de la cession de ses activités de logistique africaine (5,7 milliards d'euros), qui devrait intervenir avant la fin du premier trimestre 2023.
Son fils Cyrille, à la tête du groupe Bolloré, étudie aussi des acquisitions dans l'expédition de fret, un secteur où le groupe espère atteindre le top 5 mondial.
Enfin, Vivendi va également poursuivre son OPA sur Lagardère, dont il détient dorénavant quelque 55% après la première phase de son offre publique d'achat.
"C'est une date historique pour le groupe Lagardère, pour moi-même et ma famille", a relevé dans un communiqué Arnaud Lagardère, qui conserve son siège de PDG et 11% du capital de l'empire industriel fondé par son père, Jean-Luc, disparu en 2003.
L'issue de cette opération reste soumise à l'autorisation de plusieurs instances, dont la Commission européenne, qui pourrait imposer des "remèdes" pour valider le mariage entre les éditeurs Editis et Hachette, et l'Arcom (ex-CSA), qui doit se prononcer sur la prise de contrôle des radios de Lagardère (Europe 1, Virgin Radio et RFM).
Sur ce dernier point, Arnaud Lagardère, PDG du groupe qui porte son nom, a annoncé le 10 mai un projet pour conserver le contrôle de ses radios, sans donner plus de détails dans l'immédiat.