WEF 2022: l’Arabie saoudite progresse au niveau de plusieurs indicateurs clés de performance

L’Arabie saoudite va continuer à diversifier son économie, ont assuré les ministres du Royaume lors du Forum économique mondial. (Photo AN)
L’Arabie saoudite va continuer à diversifier son économie, ont assuré les ministres du Royaume lors du Forum économique mondial. (Photo AN)
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Publié le Mercredi 25 mai 2022

WEF 2022: l’Arabie saoudite progresse au niveau de plusieurs indicateurs clés de performance

  • La princesse Haïfa ben Mohammed, ministre adjointe du Tourisme, a déclaré que le secteur saoudien «ne s’est pas contenté de se redresser, mais a même progressé»
  • Selon le ministre saoudien de l’Investissement, Khaled al-Faleh, les secteurs de la technologie et du tourisme jouent un rôle important dans l’attraction des investisseurs du monde entier

DAVOS: L’Arabie saoudite va continuer à investir dans de nouveaux secteurs et à diversifier son économie afin de parvenir à une croissance durable, ont assuré des ministres saoudiens lors du Forum économique mondial (FEM) mercredi.

Dans le dernier Indice de développement des voyages et du tourisme (TTDI) publié mardi par le FEM, l’Arabie saoudite est classée 34e sur plus de 100 pays en matière de développement, de durabilité et de résilience du secteur, un bond de 10 rangs par rapport à la période précédant la pandémie.

Lors de la table ronde intitulée «Saudi Arabia Outlook» à Davos, la princesse Haïfa ben Mohammed, ministre adjointe du Tourisme, a déclaré que le secteur saoudien «ne s’est pas contenté de se redresser, mais a même progressé». «Nous avons réussi à modifier les réglementations et les politiques. Nous faisons désormais partie des dix premiers pays en matière d’environnement des affaires, des voyages et du tourisme», a-t-elle ajouté.

Le score TTDI du Royaume s’est amélioré dans trois sections principales depuis 2019: l’environnement des affaires, qui a bondi de 11%, la pression et l’impact de la demande touristique, qui a augmenté de 8%, et les ressources humaines et le marché du travail, qui a connu une hausse de 7,3 %.

La princesse Haïfa a attribué cette croissance au fait que le gouvernement a placé les voyages et le tourisme au centre de ses plans de relance. Un soutien a été rapidement apporté pour faire en sorte que le développement de l'industrie reste sur la bonne voie, a-t-elle rappelé. «La priorité accordée par le gouvernement au secteur des voyages et du tourisme explique pourquoi nous avons réussi à si bien nous en sortir pendant la pandémie. Nous avons rapidement apporté notre soutien aux établissements hôteliers, avons protégé les emplois dans ce secteur et avons également mis l’accent sur la formation. Nous avons réussi à former 110 000 personnes rien que l’année dernière, ce qui contribue à notre progression», a-t-elle ajouté.

Le ministre de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, a affirmé que le Royaume continuerait à «faciliter l’accès aux talents dans cette phase ascendante de notre croissance économique et sociale». La réduction de la fracture numérique et l’exploitation des talents locaux sont au cœur de la Vision 2030, le plan de réforme de l’Arabie saoudite, a précisé le ministre des Communications et des Technologies de l’information, Abdallah al-Swaha lors de la table ronde du Forum de Davos.

Conformément au plan de réforme, mis en place par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, le Royaume a réalisé des progrès considérables pour diversifier l’économie. En 2019, le Royaume a annoncé qu’il ouvrirait ses portes aux touristes, et a depuis introduit des protocoles visant à assouplir les réglementations relatives aux voyages. «C’est la philosophie de la Vision 2030: comment tirer parti des talents et de la technologie pour renforcer l’inclusion, le développement durable et la croissance. En ce qui concerne l’inclusion, nous voulons garantir la réduction de la fracture numérique et l’équité dans tout ce que nous faisons», a souligné M. Al-Swaha.

En ouvrant ses portes aux voyageurs internationaux, le Royaume n’a pas tardé à réformer les lois relatives à l’autonomisation des femmes et à la parité des sexes. «Nous sommes très fiers d’être passés de 7% d’autonomisation des femmes à plus de 29% dans le domaine de la technologie, ce qui est supérieur à la moyenne de l’UE, à celle du G20 et même à celle des États-Unis. Je reviens tout juste de la Silicon Valley, où l’on m’a dit que le pourcentage d’autonomisation des femmes était de 27 %.»

Toutefois, en dépit des informations diffusées par les médias selon lesquelles l’Arabie saoudite autoriserait Neom à appliquer ses propres lois et donc à autoriser l’alcool, le Royaume est resté inflexible sur la modification de sa réglementation pour attirer les touristes étrangers. «Nous allons appliquer nos lois actuelles. Nous nous en sortons très bien et nous avons même dépassé les performances mondiales en matière de tourisme avec ce que nous avons à offrir aujourd’hui. Beaucoup peut être fait sans rien introduire de nouveau.»

Selon le ministre saoudien de l’Investissement, Khaled al-Faleh, les secteurs de la technologie et du tourisme jouent un rôle important dans l’attraction des investisseurs du monde entier. M. Al-Faleh a expliqué que la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’investissement saoudienne permet au pays «de diversifier l’économie en débloquant certains secteurs nouveaux et passionnants qui présentent un potentiel et une compétitivité considérables». Cette stratégie vise à faire passer les flux nets d’investissements directs étrangers à 103,46 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) par an d’ici à 2030, ce qui permettra au Royaume de devenir la 15e économie mondiale.
D’après les ministres, les progrès réalisés en Arabie saoudite serviront également d’accélérateur à la croissance régionale et susciteront une concurrence saine, faisant du Royaume et des pays voisins une plaque tournante pour les investissements et les voyages.

«La hausse de la performance économique et compétitive du Royaume contribue à la compétitivité des pays voisins. Elle permet aux sociétés et aux entreprises, ainsi qu’aux gouvernements de ces pays, de s’intégrer à une économie mondiale plus large en Arabie saoudite», a indiqué M. Al-Faleh.

«Je pense que la concurrence est essentielle pour nous permettre de placer la barre plus haut, mais la coordination est également nécessaire. Une grande partie de la coordination et de la collaboration se déroulent en coulisses. Il y a beaucoup de fraternité entre les décideurs au sein de la région qui nous donne ces assurances», a noté M. Al-Ibrahim.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le chef de la diplomatie française au Liban pour désamorcer le conflit avec Israël

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Sejourne (à gauche), lors d'une réunion avec le Premier ministre libanais à Beyrouth, le 6 février 2024 (Photo Joseph Eid AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Sejourne (à gauche), lors d'une réunion avec le Premier ministre libanais à Beyrouth, le 6 février 2024 (Photo Joseph Eid AFP)
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  • Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, le Hezbollah pro-iranien qui dit intervenir en soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas échange quotidiennement avec Israël des tirs à la frontière libano-israélienne
  • Dès janvier, la France a soumis au Liban et à Israël une initiative pour désamorcer le conflit à leur frontière commune

BEYROUTH, Liban : Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné doit s'entretenir à Beyrouth dimanche avec les principaux responsables libanais pour tenter de désamorcer le conflit transfrontalier entre le Hezbollah et Israël et éviter une guerre de grande ampleur.

Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, le Hezbollah pro-iranien qui dit intervenir en soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas échange quotidiennement avec Israël des tirs à la frontière libano-israélienne.

Au fil des semaines, les violences se sont multipliées, Israël frappant le territoire libanais de plus en plus en profondeur et le Hezbollah répliquant en menant des attaques plus complexes contre des positions militaires israéliennes dans le nord du pays.

Dès janvier, la France a soumis au Liban et à Israël une initiative pour désamorcer le conflit à leur frontière commune.

Selon une source diplomatique française à l'AFP, M. Séjourné se rend au Liban pour «poursuivre les efforts» visant «à éviter une guerre», dans un contexte de «très forte augmentation des tensions depuis l'attaque iranienne contre Israël».

La source ajoute que le volume d'échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah a été «multiplié par deux» depuis les 13 et 14 avril.

M. Séjourné entamera sa tournée en visitant le quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Après avoir rencontré les responsables libanais, il tiendra une conférence de presse en début de soirée.

En mars, le Liban avait remis à Paris sa réponse à l'initiative française qui, selon une autre source diplomatique, portait sur l'application de la résolution 1701 de l'ONU, qui stipule le déploiement seul de l'armée libanaise et des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban.

Washington est également à la manoeuvre pour tenter de mettre fin aux violences et dans ce cadre, l'émissaire américain Amos Hochstein est en visite à Jérusalem.

Le Hezbollah a indiqué à plusieurs reprises qu'il ne mettra fin à ses attaques qu'en cas de cessez-le-feu à Gaza.

Il s'agit de la deuxième visite de M. Séjourné au Liban depuis sa nomination en janvier, dans le cadre d'une tournée au Proche-Orient qui l'emmènera également à Ryad pour un sommet sur le conflit à Gaza.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 385 personnes, dont 254 combattants du Hezbollah et 73 civils, ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Côté israélien, 20 personnes ont été tuées, selon l'armée.


JO-2024: «si aucun Palestinien ne se qualifie», le CIO les invitera, déclare son président

Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
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  • Le système d'invitations olympiques n'est pas réservé aux Palestiniens mais à tout CNO qui ne parvient pas à qualifier d'athlètes, au nom de «l'universalité olympique» permettant de rassembler toutes les nations, au delà de la seule élite sportive
  • Le CIO se retranche derrière sa «solution à deux Etats», puisque les CNO israélien et palestinien coexistent depuis 1995, un legs du processus de paix d'Oslo

LAUSANNE, Suisse : Les athlètes palestiniens devraient être «six à huit» aux JO de Paris, où le Comité international olympique les invitera s'ils ne parviennent pas à se qualifier, a indiqué vendredi son président Thomas Bach dans un entretien exclusif à l'AFP.

«Nous avons pris l'engagement clair que, si aucun athlète ne se qualifie sur le terrain, le comité national olympique (CNO) palestinien bénéficiera d'invitations», a annoncé le dirigeant. Interrogé sur l'ampleur de ces invitations, il a ensuite évalué le nombre de représentants palestiniens à «six ou huit» à Paris selon le résultat des qualifications, «qui sont encore en cours dans un certain nombre de disciplines».

Le système d'invitations olympiques n'est pas réservé aux Palestiniens mais à tout CNO qui ne parvient pas à qualifier d'athlètes, au nom de «l'universalité olympique» permettant de rassembler toutes les nations, au delà de la seule élite sportive.

Mais la venue d'athlètes palestiniens à Paris restait une interrogation majeure puisque l'offensive militaire israélienne à Gaza, consécutive à l'attaque lancée par le Hamas le 7 octobre, a notamment détruit la plupart des infrastructures sportives.

Thomas Bach avait reçu la semaine dernière à Lausanne le président du CNO palestinien, Jibril Rajoub, promettant de poursuivre le soutien du CIO aux athlètes, mais aussi d'assurer la coordination des efforts internationaux pour reconstruire les installations détruites.

Si le patron de l'olympisme a appelé dès le début du conflit entre Israël et le Hamas à «une solution pacifique», il a aussi adopté un traitement très différent de celui de la guerre russe en Ukraine, qui a abouti à une série de sanctions contre le sport russe.

Le CIO se retranche derrière sa «solution à deux Etats», puisque les CNO israélien et palestinien coexistent depuis 1995, un legs du processus de paix d'Oslo. Par ailleurs, «il n'y a eu aucune violation de la Charte olympique, ni par le comité israélien ni par le comité palestinien», a insisté Thomas Bach vendredi, alors que le CNO russe avait placé sous son contrôle les organisations sportives de régions ukrainiennes occupées.


En Tunisie, des migrants survivent dans des champs d'oliviers en lorgnant l'Europe

Un migrant originaire d'Afrique subsaharienne prépare à manger devant une tente dans un camp à Jebeniana, dans le gouvernorat tunisien de Sfax, le 24 avril 2024. (AFP)
Un migrant originaire d'Afrique subsaharienne prépare à manger devant une tente dans un camp à Jebeniana, dans le gouvernorat tunisien de Sfax, le 24 avril 2024. (AFP)
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  • Selon Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES, la Tunisie «se transforme de facto en centre de rétention justement à cause d'accords de contrôle des frontières avec l'UE»
  • Ces dernières semaines, la police a détruit des abris dans plusieurs campements, officiellement suite à des signalements de riverains excédés

EL AMRA: Des bâches en guise d'abri, des poulets décharnés comme nourriture, des milliers de migrants d'Afrique subsaharienne vivotent dans des champs d'oliviers en Tunisie, s'accrochant à l'espoir de traverser la Méditerranée vers l'Europe.

Ils sont environ 20.000 dans des campements de fortune près des localités rurales d'El Amra et Jebeniana, à entre 30 et 40 km au nord de la métropole de Sfax (centre), selon des sources humanitaires.

Ils ont construit de premiers abris à la mi-septembre après avoir été évacués du centre de Sfax. Des milliers d'autres les ont depuis rejoints dans des plantations d'oliviers, où ils guettent l'occasion d'embarquer clandestinement vers l'Italie, à partir de plages situées à une quinzaine de kms.

C'est le cas d'Ibrahim (nom d'emprunt), parti de Guinée Conakry il y a plus d'un an pour émigrer en Europe et "subvenir aux besoins de sa mère malade et son petit frère". Il est arrivé sous les oliviers il y a trois mois en plein hiver, après avoir marché 20 jours depuis la frontière algérienne.

"C'est vraiment difficile ici, même pour des courses, on y va en cachette. On peut sortir chercher du travail mais quand ils doivent te payer, ils appellent la police", explique à l'AFP, l'air épuisé, cet étudiant qui dit avoir 17 ans.

Depuis environ un an et un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kais Saied contre l'immigration clandestine d'Afrique subsaharienne, des milliers de migrants employés informellement ont perdu leurs travail et logement.

En 2023, des dizaines de milliers ont pris la mer au péril de leur vie depuis la région de Sfax, épicentre des départs en Tunisie. "Nous sommes à quelques kilomètres de l'Europe", explique Ibrahim, en référence aux 150 kms qui le sépare des côtes italiennes.

«Solidarité»

Près d'El Amra, sous des bâches arrimées à des poteaux avec des tubes d'irrigation, ils dorment souvent à 5 ou 10. En majorité des hommes mais aussi des femmes et enfants, venant de Guinée, Cameroun, Sénégal, Soudan, Sierra Leone ou Nigeria, regroupés par langue.

Des femmes cuisinent une sorte de ragoût, un homme montre de maigres poules blanches, impropres à la consommation mais principale nourriture des migrants.

Cet hiver, "il a fait très froid mais on arrive à survivre grâce à la solidarité entre frères africains", note Ibrahim. "Si quelqu'un a de la nourriture et toi non, il t'en donne, les bâches on les a achetées avec notre argent (envoyé par certaines familles, ndlr) ou la mendicité".

Les migrants se souviennent d'une distribution alimentaire début avril par des ONG. Beaucoup réclament plus d'aide de l'Europe.

Mais selon Romdhane Ben Amor de l'ONG FTDES, la Tunisie "se transforme de facto en centre de rétention justement à cause d'accords de contrôle des frontières avec l'Union européenne".

Sur le plan sanitaire, Ibrahim est inquiet: "il y a beaucoup de naissances, des gens malades". "On a une naissance (de bébé migrant) par jour à l'hôpital de Jebeniana, beaucoup de femmes enceintes, pas de suivi", confirme une source humanitaire à Sfax.

"Je suis ici pour traverser (la mer, ndlr) avec ma fille de 4 mois, y a pas d'eau, pas de couches, on met du plastique sous ses fesses", explique Salima, 17 ans, décidée malgré tout à "patienter le temps qu'ils (les passeurs, ndlr) ouvrent" les départs, retardés par une mauvaise météo.

«A la nage»

Ces dernières semaines, la police a détruit des abris dans plusieurs campements, officiellement suite à des signalements de riverains excédés.

Près de Jebeniana, des journalistes de l'AFP ont vu des cartouches de gaz lacrymogènes et des bâches arrachées mais aussi des cabanes en phase de reconstruction.

"La police nous fatigue beaucoup, hier j'ai été chassé au niveau des boutiques (à El Amra)", raconte Sokoto (un surnom), 22 ans, parti de Guinée il y a trois ans, entré en janvier en Tunisie par la frontière algérienne.

Mohamed Bekri fait partie des habitants d'El Amra qui apportent un peu d'eau et de nourriture aux migrants. "C'est une démarche humanitaire, il y a des bébés de trois ou six mois", dit ce commerçant quinquagénaire.

"Enlever les tentes n'est pas la solution, il faut que l'Etat trouve une vraie solution. Ce n'était déjà pas une solution de les amener à El Amra où habitent 32 000 personnes", ajoute-t-il.

Malgré les tensions et la grande précarité, aucun des migrants rencontrés ne veut retourner au pays.

Pour Sokoto, "la marche arrière s'est cassée". "Je suis sorti pour aider ma famille, j'ai beaucoup souffert pour arriver ici, je ne rentre pas en Guinée même si je dois traverser à la nage".