Emmanuel Macron poursuit son oeuvre de re-décomposition politique

Le président français Emmanuel Macron attend le président du Conseil européen avant un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 16 mai 2022. (AFP).
Le président français Emmanuel Macron attend le président du Conseil européen avant un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 16 mai 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

Emmanuel Macron poursuit son oeuvre de re-décomposition politique

  • Avec des élections législatives en ligne de mire en juin, le chef de l'Etat français a donné de premiers signaux
  • Il a nommé lundi une Première ministre, Elisabeth Borne, plusieurs fois ministre et de sensibilité de gauche mais au profil plus technocratique que politique

PARIS : Le président français Emmanuel Macron qui a entamé un second mandat de cinq ans est à la manoeuvre pour dessiner les contours du prochain gouvernement, jouant d'une savante alchimie dans un pays en pleine recomposition politique.

Avec des élections législatives en ligne de mire en juin, le chef de l'Etat français a donné de premiers signaux. Il a nommé lundi une Première ministre, Elisabeth Borne, plusieurs fois ministre et de sensibilité de gauche mais au profil plus technocratique que politique.

Membre du gouvernement depuis cinq ans, elle a mené plusieurs réformes emblématiques, dont celle de l'assurance chômage, et ne risque pas de lui faire de l'ombre.

Emmanuel Macron "est très pragmatique et n'avait aucun intérêt à prendre des risques. Avec Elisabeth Borne, il a donc fait le choix le moins clivant et il ne sort pas de sa zone de confort", résume Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique.

Cette nomination n'a guère suscité d'enthousiasme dans le pays -- Mme Borne reste peu connue des Français --, mais signe que le président Macron joue des clivages l'opposition conservatrice a aussitôt dénoncé une femme trop "marqué à gauche" tandis qu'à l'inverse, à gauche on la jugeait trop "libérale".

"A ce stade, on assiste à un mélange très dosé d'audace et de continuité qui dénote le souci du président de rester d'abord et avant tout le maître du jeu", écrivait mardi le journal Le Monde dans un éditorial.

Les spéculations vont bon train sur le nom des membres du futur gouvernement, qui pourrait être dévoilé d'ici la fin de la semaine.

Certains pressentis viendraient des bancs de l'opposition conservatrice, comme dans le précédent gouvernement, mais rappelle Bernard Sananès de l'institut Elabe à Paris, Emmanuel Macron considère globalement "qu'il a pris tout ce qu'il y avait à prendre à droite".

Recomposition

M. Macron, qui a été confortablement réélu le 24 avril (58,55% des voix) face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, joue aux équilibristes depuis les débuts de sa présidence il y a cinq ans, consolidant sa base électorale sur les décombres de la gauche social-démocrate et de la droite modérée.

Il avait nommé lors de son premier quinquennat deux Premiers ministres venant de l'opposition de droite, Edouard Philippe puis Jean Castex, et débauché dans le même temps des caciques socialistes comme le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Pour Bernard Sananès, il s'agit "d'un mouvement de destructuration (...) qui a fait naître un paysage nouveau marqué par la tripartition" entre un espace central occupé par le président Macron et deux espaces à l'extrême droite et du côté de la gauche.

En prônant le dépassement du clivage gauche/droite longtemps au coeur de l'histoire politique française, il a ainsi contribué à l'affaiblissement des partis historiques des Républicains (LR) à droite, héritiers du mouvement gaulliste, et du Parti socialiste (PS) à gauche.

Chacun a essuyé une déroute lors de l'élection présidentielle d'avril.

Lui-même membre d'un gouvernement socialiste sous l'ancien président François Hollande, M. Macron n'a eu de cesse ainsi d'oeuvrer depuis son élection en 2017 à cette recomposition du paysage politique français.

Il a créé son propre mouvement La République en Marche désormais rebaptisé Renaissance qu'il espère avec ses alliés centristes obtiendra, comme à présent, la majorité absolue dans la prochaine assemblée issue des législatives des 12 et 19 juin.

Pour Frédéric Dabi, de l'institut Ifop à Paris, cette recomposition faite de débauchages "reste des cas par cas pour l'instant. On est pas dans une logique de coalitions comme dans d'autres pays européens".

Plus largement, cette mue politique toujours en cours s'est aussi traduite par le renforcement des extrêmes acté lors de l'élection présidentielle avec la forte poussée de l'extrême droite (41,45% pour Marine Le Pen, un score inédit) et de la gauche radicale derrière le tribun Jean-Luc Mélenchon (22%).

Et ce dernier, qui a rassemblé ces dernières semaines les différents courants de la gauche dans une Union populaire écologique et sociale (Nupes), caresse l'espoir de devenir le premier opposant face à Emmanuel Macron.


Face aux taxes douanières de Trump, l'industrie française se concerte ce mardi

vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
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  • Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale
  • l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels

PARIS : Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.

Alors que l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels dans le but de tenter d'éviter une guerre commerciale dévastatrice, le ministre va consulter « l'ensemble des filières et les représentants des employeurs et des salariés » français sur la réponse à apporter.

Les marchés ont plongé pour le troisième jour consécutif lundi, suite à l'offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 1930, avec l'annonce par le président américain Donald Trump, mercredi, d'une série de droits de douane supplémentaires à hauteur de 20 % sur les produits en provenance de l'Union européenne. 

La Bourse de Paris, qui n'avait pas connu une chute pareille depuis mars 2022, a dévissé de 4,78 % lundi. La Bourse de New York est parvenue pour sa part à limiter ses pertes.

En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux États-Unis, dans le cadre d'une riposte européenne qu'il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.

Dans cette période de turbulences, il est important « d'éviter l'escalade », avait ajouté vendredi Marc Ferracci à Toulouse.

« Nous allons procéder à une analyse extrêmement fine. Nous attendons que toutes les filières industrielles nous fassent remonter leurs analyses sur le niveau de réponse approprié. Le mot d'ordre, c'est l'unité et le travail collectif pour établir le diagnostic », a-t-il ajouté. 

Le 10 avril, le commissaire européen à l'Industrie, Stéphane Séjourné, doit également rencontrer les principales filières industrielles européennes afin de trouver le bon dosage de réponse à Washington. 


Incendie à Paris: le feu «pas encore éteint» mais son intensité réduite

Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi. (AFP)
Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi. (AFP)
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  • Le feu, qui s'était déclaré vers 20H00 lundi, a ravagé des locaux de Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes de la région parisienne. Il a été circonscrit vers minuit
  • Quatre-vingt pompiers sont encore sur place, le dispositif de surveillance est maintenu et le périmètre de sécurité n'est pas encore levé

PARIS: Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi.

"Le feu a été réduit à un espace que l'on connaît", ont-ils expliqué, avec une intensité "vraiment réduite" et "quelques flammes". Et l'incendie devrait être complètement éteint "à la mi-matinée, ou en fin de matinée".

Quatre-vingt pompiers sont encore sur place, le dispositif de surveillance est maintenu et le périmètre de sécurité n'est pas encore levé.

Seul un blessé "très léger" est à recenser parmi les employés, ont également déclaré les pompiers à l'AFP.

"Il n'y a pas de problème de toxicité de l'air", a assuré le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau sur France 2, "mais on y fait très très attention évidemment", a-t-il ajouté.

"Nous avons des protocoles pour pouvoir suivre ce type de situation et prendre toutes les mesures le cas échéant s'il était avéré qu'il y avait une toxicité dans l'air", a de son côté affirmé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, sur BFMTV.

Le feu, qui s'était déclaré vers 20H00 lundi, a ravagé des locaux de Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes de la région parisienne. Il a été circonscrit vers minuit.

De nombreuses vidéos, prises par des automobilistes depuis leurs voitures ou par des passants, montraient les locaux détruits par les flammes.

Selon les pompiers, "une grande partie du bâtiment s'est effondré sur lui-même".

"Le bâtiment est complètement ravagé et détruit", a de son côté regretté le maire de l'arrondissement, Geoffroy Boulard. "Les pompiers sont arrivés très vite, mais le feu a pris en souterrain et s'est propagé à tout le bâtiment par la suite", a-t-il également indiqué sur  BFMTV.

 


Le chef de la diplomatie française annonce "une nouvelle phase" des relations avec Alger

Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
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  • « Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot
  • M. Barrot, a annoncé une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

ALGER : Dimanche, lors d'une visite à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé « une nouvelle phase » pour les relations entre la France et l'Algérie, après huit mois d'une crise qui a mené les deux pays au bord de la rupture.

« Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot à l'issue d'un entretien de 2 h 30 avec le chef de l'État algérien. 

« La France souhaite tourner la page des tensions actuelles, dans un souci d'efficacité et de résultats », a expliqué M. Barrot, annonçant une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

La période de tension inédite traversée ces derniers mois « ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français », a-t-il estimé.

Selon M. Barrot, tous les sujets ont été mis sur la table lors d'une réunion de 1 h 45 avec son homologue Ahmed Attaf, l'idée étant de retrouver la dynamique et l'ambition fixées par MM. Macron et Tebboune en août 2022 lors de la visite du président français à Alger.

Le ministre a annoncé « tout d'abord » une reprise de la coopération sécuritaire, avec une réunion « déjà actée » des hauts responsables des services de renseignement. « Nous aurons, a-t-il ajouté, un dialogue stratégique sur le Sahel », où l'Algérie est limitrophe du Mali et du Niger. Les deux pays sont également préoccupés par le retour de djihadistes de Syrie.

Autre sujet de préoccupation pour la France : l'acceptation par Alger des ressortissants renvoyés ou expulsés de France. Le traitement de questions comme les visas et les réadmissions se fera « dans le cadre des accords existants, via des procédures normales », a indiqué M. Barrot, annonçant « une rencontre prochaine » entre préfets français et consuls algériens.

Sur le plan économique, face aux difficultés rencontrées par une partie des 6 000 entreprises françaises implantées en Algérie, notamment dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'automobile et du transport maritime, M. Tebboune a assuré vouloir « donner une nouvelle impulsion ». M. Barrot a également annoncé une réunion entre les patronats des deux pays le 9 mai à Paris.

M. Barrot a évoqué le sort de Boualem Sansal », appelant le président Tebboune à « un geste d'humanité » pour l'écrivain « au vu de son âge et de son état de santé ». L'essayiste et romancier de plus de 80 ans, atteint d'un cancer, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison.

Le parquet algérien, qui avait requis 10 ans de prison, a fait appel. Selon des avocats à Alger, une réduction de peine et éventuellement une grâce présidentielle permettraient sa libération anticipée.

« Les relations reprennent leur cours normal, sans avoir besoin de déclarer un vainqueur dans cette brouille diplomatique », tout en démontrant « l'impossibilité d'une rupture entre l'Algérie et la France » voulue par l'extrême droite française, estime le journal algérien L'Expression.