La communauté internationale redouble d'efforts pour contrer la crise alimentaire

Un ouvrier emballe un sac rempli de grains de blé sur un marché de gros de céréales à Ghaziabad le 17 mai 2022 (Photo, AFP).
Un ouvrier emballe un sac rempli de grains de blé sur un marché de gros de céréales à Ghaziabad le 17 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

La communauté internationale redouble d'efforts pour contrer la crise alimentaire

  • «La Russie doit permettre l'exportation sûre et sécurisée des céréales stockées dans les ports ukrainiens», a exhorté le secrétaire général de l'ONU
  • Avant même la guerre en Ukraine, l'insécurité alimentaire s'était accentuée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques

WASHINGTON: Une enveloppe de 12 milliards de dollars de la Banque mondiale et un appel de l'ONU à débloquer les exportations ukrainiennes de céréales, la communauté internationale redouble d'efforts pour lutter contre la crise alimentaire qui s'est encore aggravée depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

"La Russie doit permettre l'exportation sûre et sécurisée des céréales stockées dans les ports ukrainiens", a exhorté mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors d'une réunion ministérielle organisée à New York par les États-Unis. 

"Des voies de transport alternatives" à la sortie maritime de ces céréales, remplissant notamment des silos à Odessa, "peuvent être explorées - même si nous savons que cela ne suffira pas à résoudre le problème", a-t-il ajouté.

Avant même la guerre en Ukraine, l'insécurité alimentaire s'était accentuée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques.

Mais le conflit russo-ukrainien a empiré la crise, les deux pays assurant à eux seuls 30% du commerce mondial de blé.

Parallèlement au déblocage des exportations ukrainiennes, le chef de l'ONU plaide pour "un accès sans restriction" de la nourriture et des engrais russes aux marchés mondiaux.

Ces engrais n'ont pas été frappés par les sanctions occidentales contre Moscou après l'invasion le 24 février de l'Ukraine, mais la Russie a décidé d'arrêter leur exportation. Leur achat par des pays étrangers peut par ailleurs être bloqué par les mesures prises contre le système financier russe, selon des diplomates.

De leurs côtés, les institutions financières internationales ont lancé mercredi un "plan d'actions" avec des projets concrets pour accélérer les programmes existant, "cibler les travaux répondant aux besoins immédiats".

La Banque mondiale a ainsi annoncé l'octroi de 12 milliards de dollars au cours des quinze prochains mois dont la majorité ira aux pays d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Europe de l'Est et d'Asie centrale et du Sud, a précisé l'institution.

«Déclarations claires»

Cette enveloppe doit soutenir en particulier des projets en faveur de l'agriculture de ces pays, de "la protection sociale pour amortir les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires", et favoriser des projets d'approvisionnement en eau et d'irrigation, a expliqué l'institution.

Elle a aussi annoncé qu'elle disposait de 18,7 milliards de dollars non utilisés qui vont être également dédiés aux projets. 

"Au total, cela représente plus de 30 milliards de dollars disponibles pour la mise en œuvre de la lutte contre l'insécurité alimentaire au cours des 15 prochains mois", a relevé la Banque mondiale. 

"La hausse des prix alimentaires a des effets dévastateurs sur les plus pauvres et les plus vulnérables", a déploré le président de la Banque mondiale, David Malpass. 

"Pour informer et stabiliser les marchés, il est essentiel que les pays fassent maintenant des déclarations claires sur les futures augmentations de production en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie", a-t-il estimé.

«Stockage inutile»

Il recommande aux pays de faire "des efforts concertés" non seulement pour augmenter l'approvisionnement en énergie et en engrais, aider les agriculteurs à augmenter les plantations et les rendements des cultures, mais encore pour "supprimer les politiques qui bloquent les exportations et les importations (...) ou encouragent le stockage inutile".

A New York, le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui présidait lui-même la réunion ministérielle consacrée à la crise alimentaire, a souligné l'engagement des États-Unis à lutter contre la famine et la malnutrition.

Washington a débloqué "215 millions de dollars supplémentaires" pour la lutte contre l'insécurité alimentaire, a-t-il précisé.

Selon Antonio Guterres, "en seulement deux ans, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire grave a doublé, passant de 135 millions avant la pandémie de Covid-19 à 276 millions aujourd'hui".

L'an passé, 193 millions de personnes dans 53 pays se trouvaient en situation d'insécurité alimentaire aiguë, c'est-à-dire qu'elles ont eu besoin d'une aide urgente pour survivre, selon l'ONU.

Et l'inquiétude grandit alors que l'Inde, frappée par une canicule exceptionnelle, entend interdire ses exportations de blé pour assurer la sécurité alimentaire de ses 1,4 milliard d'habitants.

Lundi, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait souligné qu'il fallait réunir les pays "pour examiner lesquels d'entre eux pourraient aider à combler le déficit" de blé provoqué par le conflit en Ukraine. 

Selon elle, les États-Unis pourraient figurer parmi ces pays. Des discussions sont déjà en cours avec les agriculteurs américains à ce sujet.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.