WASHINGTON: Une brassée de fleurs blanches et un signe de croix: les Biden se sont recueillis mardi à Buffalo, où dix personnes afro-américaines ont péri samedi, victimes d'une tuerie raciste.
Peu après leur arrivée dans cette ville du nord-est des Etats-Unis, le président américain et son épouse Jill Biden se sont rendus près du supermarché Tops, où a eu lieu l'un des pires massacres racistes de l'histoire récente aux Etats-Unis.
Sous un soleil éblouissant, ils se sont avancés vers des bouquets, des mots et des bougies amassés au pied d'un arbre, dans un silence troublé seulement par le souffle du vent et le cliquetis des appareils photo.
Jill Biden a déposé une brassée de fleurs blanches. Joe Biden, après avoir retiré ses lunettes de soleil, s'est signé.
Le couple présidentiel a prévu de rencontrer des familles de victimes, des membres des équipes de secours et des responsables locaux, avant que le président ne prononce un discours, à 17h00 GMT.
Le démocrate âgé de 79 ans veut désigner le massacre "pour ce qu'il est: du terrorisme motivé par une idéologie haineuse et perverse, une idéologie qui déchire l'âme de notre pays", selon un responsable de la Maison Blanche.
La tuerie de Buffalo vient rappeller cruellement que Joe Biden, élu sur un message d'unité, n'a pas réussi jusqu'ici à apaiser une Amérique minée par la haine raciale et la violence par armes à feu.
Armes à feu
Le président, tout en sachant pertinemment que son parti n'y dispose pas d'une majorité suffisante, veut malgré tout appeler mardi le Congrès à "agir pour que les armes de guerre ne circulent pas dans nos rues" et pour que les "armes à feu ne se retrouvent pas dans les mains de criminels ou de personnes souffrant de graves maladies mentales."
Le démocrate appelle depuis longtemps à interdire les armes d'assaut - comme celle utilisée dimanche. C'est ce qu'avait fait par exemple la Nouvelle-Zélande après la tuerie raciste contre des mosquées de Christchurch en 2019, un massacre dont s'est d'ailleurs inspiré le meurtrier présumé de Buffalo, Payton Gendron, 18 ans.
Joe Biden voudrait aussi imposer une vérification des antécédents judiciaires et psychiatriques des personnes achetant des armes à feu.
Mais il bute sur une opposition républicaine très attachée au droit constitutionnel à porter des armes, et sur le puissant lobby du secteur, la NRA.
L'organisation Gun Violence Archive décompte déjà cette année plus de 200 "fusillades de masse" aux Etats-Unis, au cours desquelles quatre personnes au moins ont été blessées ou tuées. Dix par semaine en moyenne.
«Motivé par la haine»
Dont celle perpétrée samedi par ce jeune homme blanc, qui, avec son fusil d'assaut, a commis "un crime raciste motivé par la haine" selon les autorités.
Avant le massacre, Payton Gendron a publié un manifeste de 180 pages, où il se définit lui-même comme "fasciste", "raciste", "antisémite" et se réclame de la théorie complotiste du "grand remplacement".
Joe Biden rappelle souvent qu'il avait décidé de se lancer dans la course à la Maison Blanche après avoir vu l'ultra-droite parader en août 2017 à Charlottesville (Virginie, sud). Une jeune femme avait trouvé la mort, après qu'un sympathisant néo-nazi eut foncé en voiture dans un groupe de manifestants anti-racistes.
Depuis son élection, il promet de réparer l'"âme" d'une Amérique qui serait, par essence, unie. Mais il manque de leviers pour passer à l'acte.
Contraint par sa trop mince majorité parlementaire, confronté à des Etats conservateurs dotés de prérogatives étendues, limité par une Cour suprême désormais fermement ancrée à droite, il a dû se contenter d'agir à la marge, par décrets, sur le contrôle des armes à feu.
Joe Biden, qui a promis de protéger les Afro-américains, n'a par ailleurs pas réussi à faire voter une législation fédérale protégeant l'accès aux urnes des minorités, menacé dans les Etats du Sud aux mains des républicains.