NATIONS UNIES: Le président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Francesco Rocca, a déploré lundi la différence de gestion en Europe des réfugiés venant d'Ukraine et ceux venant d'Afrique alors qu'ils fuient, selon lui, les mêmes dangers.
"Oui, il y a deux poids deux mesures (...) et on ne peut pas le nier lorsqu'il s'agit de demandes d'une protection", a-t-il relevé lors d'une conférence de presse à l'ONU, à l'occasion d'un forum à New York organisé du 17 au 20 mai pour évaluer les progrès réalisés depuis l'adoption en 2018 du Pacte mondial sur les migrations.
"Ceux qui fuient la violence, ceux qui cherchent une protection doivent être traités sur un pied d'égalité. Je ne pense pas qu'il y ait une différence entre quelqu'un qui fuit le Donbass (en Ukraine) et quelqu'un qui fuit la violence du groupe radical Boko Haram au Nigeria", a ajouté le président de la FICR, qui réunit 192 sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Avec un "grand coeur et une grande âme", "les communautés en Europe ont pu recevoir des millions de gens, en quelques jours, d'Ukraine" mais lorsqu'ils viennent d'Afrique via la Méditerranée et qu'il s'agit de seulement quelques milliers de personnes, ce n'est pas la même chose, a-t-il regretté.
"La réponse politique, publique et humanitaire à la crise ukrainienne a montré ce qui est possible lorsque l'humanité et la dignité passent avant tout, lorsqu'il existe une solidarité mondiale et la volonté d'aider et de protéger les plus vulnérables. Cela doit être étendu à tous ceux qui en ont besoin, d'où qu'ils viennent. L'ethnicité et la nationalité ne devraient pas être des facteurs décisifs pour sauver des vies", a aussi dit Francesco Rocca.
Le Pacte mondial pour les migrations avait été ratifié fin 2018 par plus de 150 pays. Le forum à l'ONU réunit des responsables politiques et des représentants de sociétés civiles, de diasporas, du secteur privé, d'universités, de syndicats et de Parlements.
"Alors que nous commençons le premier examen des progrès accomplis depuis (2018), je suis triste de dire (...) qu'il n'y a pas eu suffisamment de changements dans les politiques et les pratiques pour garantir une migration sûre et digne", a souligné le président de la FICR.
"De nombreuses autres vies ont été perdues en raison de cette incapacité à agir", a-t-il insisté, en précisant que le nombre de morts en Méditerranée avait augmenté depuis 2018.
Non contraignant, le Pacte recense une série de principes - défense des droits humains, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale, etc - et liste différentes options de coopération. Il prône l'interdiction des détentions arbitraires, n'autorisant les arrestations qu'en dernier recours.