Guerre en Ukraine : la situation sur le terrain au 82e jour

Des militaires ukrainiens portent le cercueil de Yuriy Huk, un militaire ukrainien, tué lors de l'invasion russe de l'Ukraine, dans l'ouest de l'Ukraine, le 16 mai 2022. (AFP)
Des militaires ukrainiens portent le cercueil de Yuriy Huk, un militaire ukrainien, tué lors de l'invasion russe de l'Ukraine, dans l'ouest de l'Ukraine, le 16 mai 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 16 mai 2022

Guerre en Ukraine : la situation sur le terrain au 82e jour

  • A Marioupol, à la pointe Sud du Donbass, l'armée russe continue ses bombardements et ses tirs d'artillerie intensifs sur l'aciérie d'Azovstal
  • Les Parlements finlandais et suédois se penchaient lundi sur les candidatures des deux pays nordiques à l'Otan, avec de larges majorités assurées dans les deux chambres

PARIS: La bataille de l'Est fait rage mais le front n'évolue qu'à la marge en Ukraine: forces russes et ukrainiennes se font face violemment dans le Donbass, où les forces de Moscou concentrent leur effort mais progressent peu voire reculent, au 82e jour de la guerre. 


"Les forces russes sont probablement à court de réservistes prêts au combat, forçant le commandement militaire à amalgamer des soldats venant de différents éléments, dont des mercenaires et des supplétifs", estime l'Institut américain des études de la guerre (ISW).


Par ailleurs, le soutien de l'Otan aux Ukrainiens ne faiblit pas, alors que Suède et Finlande s'activent pour l'intégrer. "Les Ukrainiens reçoivent (...) beaucoup d'équipements occidentaux, plus de 240 chars et 400 véhicules blindés d'infanterie au début du mois de mai, soit déjà plus que les pertes depuis le début de la guerre, et peut-être surtout 200 pièces d'artillerie", indique l'ancien colonel français Michel Goya.


Voici un point de la situation à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

L'Est 
Le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiï Arestovich a assuré dimanche soir que les Russes transféraient des troupes de la région de Kharkiv (Nord-Est) à celle de Lougansk, dans le Donbass, afin de prendre Severodonetsk.


Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a fait état du bombardement dimanche d'un hôpital à Severodonetsk qui a fait deux morts et neuf blessés.


"Les forces russes ont conquis une poche de 15 km à l'ouest et de 20 km au sud d'Izioum. Elles semblent marquer un arrêt dans cette zone, renonçant à s'emparer du point clé de Barvinkove", estime l'ancien colonel français Michel Goya sur son compte Twitter. Les Russes "concentrent désormais leur effort sur les villes de Sloviansk et de Severodonetsk".


L'ancien officier évoque un épisode qui a agité jusqu'aux blogs militaires prorusses: "le franchissement de la rivière Donets dans la zone de Bilohorivka s'est achevé le 13 mai par un désastre, avec l'équivalent d'un groupement tactique détruit par l'artillerie ukrainienne".

Le Nord-Est 
Les Ukrainiens ont repoussé les troupes russes et repris le contrôle d'une partie de la frontière dans la région de Kharkiv, selon Kiev. "Le 227e bataillon de la 127e brigade de la défense territoriale des forces armées de Kharkiv a expulsé les Russes et s'est installé à la frontière", a indiqué le ministère sur sa page Facebook. 

Le Sud 
La ville de Mykolaïv a été la cible d'une série de frappes de missiles qui ont fait deux morts, selon la présidence ukrainienne. 


A Marioupol, à la pointe Sud du Donbass, l'armée russe continue ses bombardements et ses tirs d'artillerie intensifs sur l'aciérie d'Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans ce port stratégique, selon l'état-major ukrainien.


"Les forces russes fortifient des positions le long de l'axe du sud, témoignant de leurs objectifs de contrôler la zone de façon permanente", estime l'ISW. 

Otan 
Le Kremlin a estimé lundi qu'une adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan ne renforcerait pas la sécurité sur le continent européen. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a fait part de la "préoccupation" de Moscou et promis d'en suivre "les implications" pour la sécurité de la fédération.


Les Parlements finlandais et suédois se penchaient lundi sur les candidatures des deux pays nordiques à l'Otan, avec de larges majorités assurées dans les deux chambres.

Dizaines de milliers de morts 
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20.000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre.


Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à 27.000 hommes depuis le début de l'invasion le 24 février. C'est plus que selon les sources occidentales. Le Kremlin a tout juste admis des "pertes importantes" il y a plusieurs semaines.


Le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés.


Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Déplacés et réfugiés 
L'Ukraine a vu plus de six millions des siens fuir son territoire, dont plus de la moitié - 3,27 millions - vers la Pologne, a souligné le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à Genève, relevant toutefois que le flot de ces départs s'est considérablement tari au fil des semaines. 


La tendance s'est même inversée.


Le solde global reste cependant encore largement négatif - avec 5,9 millions de départs pour 1,56 million de retour, selon les garde-frontières.\


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Short Url
  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Short Url
  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Short Url
  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.