Le coma, la prière et le «miracle»: histoire d'une béatification lyonnaise

Une fillette tombée dans un coma jugé irréversible, qui en réchappe après une prière collective (Photo, AFP).
Une fillette tombée dans un coma jugé irréversible, qui en réchappe après une prière collective (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 15 mai 2022

Le coma, la prière et le «miracle»: histoire d'une béatification lyonnaise

  • Le 29 mai 2012 à Lyon, où sa famille loge temporairement, Mayline Tran, trois ans, fait une fausse route en avalant une saucisse, s'étouffe et s'écroule
  • Les secours arrivent mais l'enfant plonge dans un coma profond

LYON: Une fillette tombée dans un coma jugé irréversible, qui en réchappe après une prière collective. Ce "miracle" vaut à la Lyonnaise Pauline Jaricot d'être béatifiée par l'Église catholique le 22 mai, 160 ans après sa mort.

Née en 1799 dans une famille d'industriels de la soie, elle est connue pour avoir fondé l'Œuvre de la Propagation de la foi - devenue aujourd'hui les Œuvres pontificales missionnaires - afin de financer l'évangélisation à travers le monde.

Pauline Jaricot fut aussi une pionnière du catholicisme social, "sortie de sa classe" pour aller défendre les canuts, ces ouvriers du tissage qui se révoltaient contre leurs conditions de travail miséreuses au 19e siècle.

"C'était la Mère Teresa de l'époque", résume un prêtre. Convertie à l'adolescence, elle inventa le "Rosaire vivant", une chaîne de prière qui a réuni plus de deux millions de fidèles de son vivant.

À la fin de sa vie, Pauline Jaricot connut la faillite - "péché mortel à Lyon, certains disaient qu'elle ne serait jamais une sainte!", s'amuse un observateur du catholicisme local - et se heurta à la puissante Commission de Fourvière pour exploiter le sanctuaire de la colline éponyme, où elle habitait.

En 1962, cent ans après sa mort, un décret pontifical a reconnu les vertus humaines et chrétiennes de Pauline Jaricot, faite "vénérable" par Jean XXIII. Reste que pour la béatification, il fallait un "miracle".

Fausse route

Le 29 mai 2012 à Lyon, où sa famille loge temporairement, Mayline Tran, trois ans, fait une fausse route en avalant une saucisse, s'étouffe et s'écroule.

Les secours arrivent mais l'enfant plonge dans un coma profond. A l'hôpital, "on nous laisse entendre qu'on ne peut plus rien pour elle" car le cerveau est trop endommagé, raconte son père, Emmanuel Tran, dans un livre publié aux éditions Artège.

Un "projet de fin de vie" est proposé mais les parents optent pour "une option différente: l'amour et la prière", lit-on dans l'ouvrage, pas tendre avec les médecins.

À l'école, une mère d'élève propose neuf jours de prière à Pauline Jaricot pour sauver Mayline. La neuvaine commence le 15 juin et s'achève le 24. La famille part alors à Nice pour raisons professionnelles, la fillette suit en ambulance.

Le 2 juillet, ses parents la trouvent "différente", "comme si quelqu'un avait appuyé sur l'interrupteur +vie+". Contre toute attente, son état de santé s'améliore. Un docteur estime qu'elle restera "lourdement handicapée" mais elle recommence à sucer son puce, à rire quand on la chatouille, à dire "maman", puis à s'asseoir, à marcher, à manger.

Fin 2012, elle revient à la maison. Une "guérison extraordinaire", conclut son dossier médical.

«Tradition spirituelle»

Une onde cérébrale, dont "l'abolition bilatérale" annonçait un décès, est revenue chez Mayline, sans explication scientifique. Miracle ? "L'Église parle plutôt de signe de Dieu mais on n'est pas obligé d'y croire, même en étant catholique", souligne le théologien lyonnais Jean-François Chiron.

Il y a dix ans, la mère d'élève à l'origine de la neuvaine fait suivre le dossier à l'Église pour une longue instruction. Les parents sont entendus au Vatican. En mai 2020, le pape François attribue la guérison de Mayline à l'intercession de Pauline Jaricot.

"C'est une excellente nouvelle pour un diocèse qui a beaucoup souffert", commente à l'époque l'historien Jean-Dominique Durand, ex-président de la Fondation Fourvière, émanation de la Commission.

Allusion aux affaires sexuelles révélées depuis 2015 dans l'église lyonnaise, à laquelle un collectif de victimes a reproché récemment "d'investir beaucoup plus dans sa communication que dans la réparation des préjudices".

Plus de 10 000 personnes venues de partout sont attendues à la messe de béatification que le cardinal philippin Luis Antonio Tagle présidera le 22 mai au centre de congrès Eurexpo. "L'occasion de valoriser la tradition spirituelle de cette ville", considère l'archevêque de Lyon, Olivier de Germay.

Il se réjouit de la venue du cardinal Philippe Barbarin, son prédécesseur, condamné en 2019 pour non-dénonciation d'un prêtre puis relaxé en 2020. Lors du premier procès, la Fraternité Magnificat, association de fidèles fondée par le prélat, avait organisé pour lui une neuvaine à Pauline Jaricot.


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.