Biden signale un renforcement des liens avec Ankara, «feu vert» aux ventes de missiles

Les drapeaux de la Turquie et des États-Unis sont visibles sur cette photo d'illustration prise le 25 août 2018 (Photo, Reuters).
Les drapeaux de la Turquie et des États-Unis sont visibles sur cette photo d'illustration prise le 25 août 2018 (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 14 mai 2022

Biden signale un renforcement des liens avec Ankara, «feu vert» aux ventes de missiles

  • Une mise à niveau de 300 millions de dollars dans le pipeline alors que le conflit en Ukraine secoue l'équilibre stratégique régional
  • Erdogan a déclaré que la Turquie n'était pas favorable à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN

ANKARA: L'administration du président américain Joe Biden a demandé au Congrès de donner son « feu vert » à un projet de vente de missiles et de modernisation d'équipements à la Turquie, a rapporté cette semaine le Wall Street Journal.
L'accord, d'une valeur d'environ 300 millions de dollars (288 millions d’euros), devrait renforcer les liens de défense entre les alliés de l'OTAN.
Cependant, l'accord proposé ne fait pas partie de celui de 6 milliards de dollars que la Turquie cherche à obtenir depuis l'année dernière pour acheter 40 jets F-16 de Lockheed Martin et 80 kits pour améliorer sa flotte existante.
Le processus de notification informel de l'administration américaine permet aux membres du Congrès d'examiner la transaction et de donner leur avis avant que l'accord ne soit finalisé.
L'achat et le déploiement par la Turquie de systèmes de missiles de défense S-400 de fabrication russe en 2017 ont entraîné le retrait du pays du programme américain d'avions de combat F-35 en 2019, par crainte que le système radar russe n'espionne l'avion.
Cette décision a poussé certains législateurs américains à faire pression contre une vente d'armes et une modernisation des équipements à la Turquie. Vendredi, sept groupes de défense axés sur les intérêts américains dans le Caucase, en Méditerranée et au Moyen-Orient ont également pressé le Congrès « de sérieusement examiner toute vente potentielle » à la Turquie.
Cependant, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a bouleversé les équilibres régionaux, la solidarité de l'OTAN et la consolidation des capacités de défense sont devenues des priorités.
Le soutien de la Turquie à l'Ukraine par le biais des exportations de drones Bayraktar TB2 et son rôle de facilitateur des pourparlers de paix entre les deux parties ont aidé Ankara à améliorer son image écornée au Capitole.
« La Turquie s'avère être un allié utile et stratégique des États-Unis », a déclaré Karen Donfried, secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat jeudi.
Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara du German Marshall Fund of the US, a également qualifié la Turquie d'allié clé de l'OTAN et a déclaré que les États-Unis avaient un intérêt direct dans la maintenance et la modernisation de sa flotte existante de F-16.
« Il s'agirait d'une mesure de confiance qui pourrait conduire à l'acquisition de nouveaux chasseurs F-16 par la Turquie et, éventuellement, à la résolution de la crise des S-400 par le biais d'un modèle mutuellement acceptable », a-t-il développé pour Arab News.
« Il ne faut pas oublier que l'armée de l'air turque constitue une partie de la dissuasion de l'OTAN sur son flanc sud, ce qui est devenu très important à la lumière des risques géopolitiques causés par l'expansionnisme russe », a-t-il ajouté.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également évoqué la question de la vente des F-16 avec son homologue américain lors d'un appel téléphonique en mars.
De hauts responsables à Ankara ont confirmé que les discussions sur les F-16 et les kits de modernisation progressaient de manière positive.
Le nouvel ambassadeur américain en Turquie, l'ancien sénateur Jeff Flake, est également connu pour sa position favorable à la vente.
Le mois dernier, le secrétaire d'État Antony Blinken a suggéré d'accélérer les ventes de matériel militaire à des partenaires clés des États-Unis, comme la Turquie, en supprimant les obstacles bureaucratiques.
En outre, dans une lettre du 17 mars adressée au membre du Congrès Frank Pallone et à plus de 50 législateurs qui se sont opposés à l'achat de F-16 par Ankara, le département d'État a également fait valoir que « l'unité et les capacités de l'alliance de l'OTAN présentent des intérêts impérieux et à long terme, de même que la sécurité nationale des États-Unis et les intérêts économiques et commerciaux, qui sont soutenus par des liens commerciaux appropriés en matière de défense avec la Turquie ».
La lettre souligne les contributions de la Turquie à l'OTAN et son soutien à « l'intégrité territoriale de l'Ukraine et à ses relations de défense coopérative », décrites comme « une dissuasion importante contre toute influence malveillante dans la région ».
Sinan Ulgen, directeur du groupe de réflexion turc EDAM, a déclaré que l'accord de principe des États-Unis et de la Turquie sur la vente d'armes signale une amélioration des relations bilatérales, notamment dans les domaines de l'industrie de la défense.
« Si cet ensemble de mesures est adopté, il créera une dynamique positive et sera considéré comme un signal fort indiquant qu'il existe désormais une volonté d'améliorer les relations. Ce cadre sera déterminé par la guerre d'Ukraine et le rôle que la Turquie y a joué », a-t-il déclaré à Arab News.
Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche sur la Turquie au Washington Institute, a décrit l'accord proposé comme une étape positive car les relations entre la Turquie et les États-Unis sont principalement axées sur la défense, mais a ajouté « qu’il est nécessaire de construire d'autres ponts pour lier les deux pays. »
« Il semble que la plupart des membres du Congrès soient sceptiques quant à cette vente. Le changement progressif au Congrès peut être lié à la guerre en Ukraine, car il y a un sentiment croissant de réalisme à l'égard de la Russie. Jusqu'à la guerre en Ukraine, la Turquie était considérée comme un mauvais allié. L'alignement militaire complet de la Turquie sur l'OTAN dans cette guerre, aussi indirect soit-il, a contribué à effacer certaines de ces perceptions », a-t-il déclaré.
Mais un développement vendredi pourrait donner des résultats inattendus, Erdogan ayant déclaré que la Turquie n'était pas favorable à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN.
Le dirigeant turc a fait valoir que les deux pays scandinaves « abritent de nombreuses organisations terroristes ».
Selon M. Ulgen, la Turquie a des préoccupations légitimes à l'égard de ces deux pays, notamment la réticence de la Suède à répondre aux griefs concernant la collecte de fonds par le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui y est illégal.
« Mais la déclaration d'Erdogan, qui menace d'opposer son veto à cette adhésion, sera perçue négativement aux États-Unis, où il est politiquement opportun de renforcer l'OTAN et de soutenir l'élargissement de l'alliance. Ce veto inattendu pourrait potentiellement poser des difficultés pour l'approbation du Congrès américain », a-t-il déclaré.
M. Cagaptay abonde en ce sens : « Les objections à l'adhésion de ces pays à l'OTAN pourraient nous ramener à la case départ, car quel que soit l'élan positif suscité par la Turquie à Washington, il sera rapidement dissipé par la perception que la Turquie est pro-russe. Cette démarche risque donc de faire passer la Turquie pour la « Hongrie de l'UE » en ce qui concerne son adhésion à l'OTAN », a-t-il déclaré.
La position de la Turquie sur l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN est également examinée à Washington. M. Donfried a fait une déclaration à la presse vendredi, indiquant que les États-Unis s'efforcent de « clarifier » la position de la Turquie ajoutant qu'elle sera discutée lors de la réunion de l'OTAN à Berlin dimanche.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".