Faut-il adopter France Identité, nouvelle application pour montrer patte blanche en ligne?

(Capture d'écran du site : france-identite.gouv.fr)
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Faut-il adopter France Identité, nouvelle application pour montrer patte blanche en ligne?

(Capture d'écran du site : france-identite.gouv.fr)
  • France Identité permettra aux détenteurs de la nouvelle carte nationale d'identité (CNIe), au format carte de crédit et équipée d'une puce électronique, de prouver plus facilement leur identité sur internet ou lors de démarches physiques
  • Le gouvernement dit avoir tiré les leçons d'Alicem, et a fait le choix de se passer de biométrie, au profit de l'utilisation d'un code personnel pour déverrouiller l'accès aux informations contenues dans la carte d'identité

PARIS: Préparer une hospitalisation, faire une procuration ou ouvrir un compte en banque: ces démarches seront bientôt réalisables en scannant la puce de sa carte d'identité avec son smartphone. Un moyen pour la France, en retard sur le sujet, de faire émerger de nouveaux services numériques. 

Qu'est-ce que France Identité ? 

Fruit d'un programme interministériel, France Identité est une application mobile disponible depuis jeudi en accès anticipé, pour le moment uniquement sur les téléphones équipés du système d'exploitation Android et qui disposent de la fonctionnalité de communication à courte portée NFC. 

Elle permettra aux détenteurs de la nouvelle carte nationale d'identité (CNIe), au format carte de crédit et équipée d'une puce électronique, de prouver plus facilement leur identité sur internet ou lors de démarches physiques, avec la possibilité de ne divulguer que certaines informations, par exemple pour prouver sa majorité. 

La France est l'un des derniers pays européens à avoir adopté la CNIe. 4,5 millions de ces cartes ont été distribuées depuis l'été 2021. 

Le projet succède à Alicem, un chantier initié en 2013 qui prévoyait d'utiliser la reconnaissance faciale, mais qui a été abandonné suite notamment aux réticences du gendarme des données personnelles, la Cnil. 

Que permet-elle de faire ?  

France Identité doit devenir la première application qui fournira en France un niveau de garantie « élevé » en matière d'identification numérique, selon le référentiel du règlement européen e-IDAS.   

Ce niveau n'est encore requis par aucun service en ligne, mais il doit permettre à terme l'accès aux données de santé, le développement de la procuration entièrement dématérialisée, voire du vote électronique. 

D'ici là, France Identité permettra dès cet été d'accéder à France Connect, le portail utilisé aujourd'hui par plus de 37 millions de personnes pour payer leurs impôts, consulter leurs droits à la retraite ou le solde des points de leur permis de conduire, et à France Connect+, sa déclinaison qui demande un niveau de garantie « substantiel » pour, par exemple, ouvrir un compte en banque en ligne. 

Aujourd'hui, seule l’« Identité Numérique » de La Poste a reçu cette certification de l'Anssi, garante de la sécurité des systèmes d'information, et de nouvelles applications privées sont en cours de certification. 

Une autre fonctionnalité de France Identité, la seule disponible à ce jour, permet de produire des justificatifs numériques d'identité à usage unique permettant d'éviter d'envoyer des copies du document original, par exemple lors d'une location d'appartement: l'une des sources les plus courantes de l'usurpation d'identité. 

Pourra-t-on se passer de sa pièce d'identité?  

Non, car les données restent stockées dans la carte. 

« Je pense qu'en 2022, il faut arriver à dériver entièrement sa carte d'identité dans son téléphone » à la manière des paiements mobiles sans contact ou du portefeuille Apple aux Etats-Unis, estime Marc Nolain, dirigeant de la société AriadNext, précisant que c'est ce qui est attendu par Bruxelles avec le portefeuille numérique européen. 

Mais cette possibilité de dérivation a pour le moment été repoussée, car elle nécessite d'utiliser les systèmes propriétaires des fabricants de téléphones, a indiqué une source proche du dossier. 

Dans son format actuel, « l'application France Identité ne sert pas à grand chose », considère d'ailleurs Hervé Bonazzi, dirigeant de la société Archipels, une joint-venture créée par La Poste, EDF, Engie et la Caisse des dépôts. 

« Néanmoins, c'est une pièce nécessaire et indispensable à l'avenir de l'identité numérique en Europe », qui devra selon lui réussir à terme à « faire le lien entre différentes données vous concernant » avec le numéro de sécurité sociale, la mutuelle, le revenu certifié, etc. 

Des risques pour la vie privée?  

Le gouvernement dit avoir tiré les leçons d'Alicem, et a fait le choix de se passer de biométrie, au profit de l'utilisation d'un code personnel pour déverrouiller l'accès aux informations contenues dans la carte d'identité. 

Celui-ci sera d'abord envoyé par un courrier recommandé, et une vérification supplémentaire par un tiers sera requise pour accéder aux services les plus sensibles. 

La Cnil a cette fois accueilli « très favorablement » le projet de décret, publié fin avril. 

L'utilisation de l'application restera de plus strictement facultative et « n'a pas vocation à se substituer aux modes alternatifs, formulaires papier ou guichet », promet le gouvernement. 

« C’est là où on reste très vigilants », relève Bastien Le Querrec, membre de l'association de défense des libertés à l'ère numérique La Quadrature du net, qui veut que ces alternatives physiques ne soient pas « désincitatives ». 

« A travers ce phénomène de dématérialisation à outrance des services publics, on est en train d'obliger les citoyens et citoyennes à passer par de l’identité numérique », et « qui dit identité numérique dit création d'une fiche à son nom avec sa photo, date de naissance, etc. », ajoute-t-il. 

Autre risque, elle pourrait « conduire à une multiplication des cas où on va vous demander de justifier de votre identité ». 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".