HELSINKI : Le président et la Première ministre de la Finlande donnent jeudi leur position sur l'adhésion du pays nordique à l'Otan, un signal majeur pour une candidature attendue dans les prochains jours, possiblement avec la Suède.
Sauli Niinistö, interlocuteur régulier de Vladimir Poutine ces dernières années, et Sanna Marin, plus jeune Première ministre d'Europe, vont sans aucun doute possible afficher leur soutien à rejoindre l'Alliance atlantique, selon les analystes.
Leur annonce doit être faite dans un communiqué commun vers 10H00 locales (07H00 GMT), selon la présidence.
"Adhérer à l'Otan ne serait contre personne", a d'ores et déjà affirmé mercredi soir le président finlandais, en réponse aux mises en garde russes contre une entrée d'Helsinki dans l'alliance.
Pour Iro Särkkä, professeure de sciences politiques à l'Université d'Helsinki, "tout pointe vers une candidature de la Finlande".
Par exemple, "le président ne parle plus de l'option de défense de l'Union européenne ou du rôle de la Finlande comme médiatrice entre l'Est et l'Ouest", note cette experte de l'Otan.
Même lors de l'escalade des tensions avec Moscou en janvier, Sanna Marin jugeait "très improbable" toute candidature de la Finlande durant son mandat, qui court jusqu'en avril 2023.
Mais l'invasion de l'Ukraine le 24 janvier, et la vision d'une Russie capable d'envahir militairement un de ses voisins, ont fait basculer l'opinion et les responsables politiques finlandais.
"Si nous adhérions (à l'Otan), ma réponse (à la Russie) serait: 'c'est vous qui avez fait cela, regardez-vous dans le miroir'", a affirmé M. Niinistö mercredi soir, citant également les exigences de Moscou de geler l'extension de l'alliance, y compris à la Suède et à la Finlande.
Dans le pays de 5,5 millions d'habitants, 76% de la population est désormais en faveur de l'adhésion, selon un sondage publié lundi, soit le triple de son niveau d'avant-guerre.
Une très large majorité des 200 députés au Parlement est acquise, avec des opposants tombés autour d'une dizaine, et la plupart des partis sont désormais favorables - le parti social-démocrate de Sanna Marin doit prendre position en dernier ce samedi.
Mercredi, la commission de la défense du Parlement finlandais avait conclu que l'Otan était "la meilleure option" pour la sécurité de la Finlande après l'invasion russe de l'Ukraine.
Soumise à une forme de neutralité forcée par Moscou durant la Guerre froide, la Finlande avait adhéré à l'Union européenne et au Partenariat pour la Paix de l'Otan après la chute de l'Union soviétique, mais était restée non membre de l'alliance.
Ancienne province russe (1809-1917) et envahi par l'Union soviétique en 1939, le pays partage une frontière d'environ 1.300 kilomètres avec la Russie.
Décision dimanche?
Tout en menant d'importantes consultations intérieures et internationales, le président Niinistö et la Première ministre Marin s'étaient abstenus jusqu'ici d'exprimer publiquement leur préférence dans ce dossier.
"Si le président Niinistö, qui est peut-être le leader d'opinion avec le plus d'influence dans le pays, avait fait connaître son choix plus tôt, cela aurait pu étouffer le débat", note Mme Särkkä.
La décision sur l'adhésion doit être prise par un Comité sur la sécurité et la politique étrangère, réunissant le chef de l'Etat, la Première ministre ainsi que plusieurs ministres.
Selon le quotidien Iltalehti, ce comité va se réunir dimanche pour prendre la décision finale, avant de présenter la proposition au Parlement, ce que le gouvernement n'a pas confirmé.
Inquiètes de la réaction de la Russie à leurs probables demandes d'adhésion à l'Otan, la Suède et la Finlande ont déjà cherché à obtenir des assurances de protection pendant les mois nécessaires à leur entrée formelle dans l'Alliance atlantique.
A l'occasion d'une visite de Boris Johnson dans les deux pays mercredi, le Royaume-Uni a ainsi signé des déclarations de protection mutuelle avec la Suède ainsi qu'avec la Finlande.
Le flou demeure sur la réponse de Moscou.
"Tout ce qui est lié aux actions susceptibles de modifier, d'une manière ou d'une autre, la configuration de l'Alliance près de nos frontières, nous le suivons de la manière la plus attentive", a déclaré mercredi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Cela fait l'objet d'une analyse très méticuleuse", a-t-il dit.