Ukraine: un responsable prorusse évoque l'annexion de la région de Kherson

Immeuble de Marioupol détruit après des bombardements de l'armée russe (Photo, Reuters).
Immeuble de Marioupol détruit après des bombardements de l'armée russe (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Ukraine: un responsable prorusse évoque l'annexion de la région de Kherson

  • L'Ukraine devra «lutter pendant 100 ans» contre les conséquences de la guerre actuelle, a prévenu le chancelier allemand Olaf Scholz
  • A Washington où il a rencontré le président Biden, le Premier ministre italien Mario Draghi a lui aussi appelé au dialogue, estimant que les Etats-Unis et la Russie devraient s'asseoir autour de la même «table pour la paix»

KIEV: La région ukrainienne de Kherson, occupée par les Russes depuis début mars, va demander à être annexée par la Russie, a affirmé mercredi un de ses responsables prorusses, alors que les livraisons de gaz russe à l'Allemagne transitant par l'Ukraine étaient pour la première fois affectées par le conflit. 

« Il y aura une demande (adressée au président russe) pour intégrer la région de Kherson en tant que sujet à part entière de la Fédération de Russie », a déclaré Kirill Stremooussov, chef adjoint de l'administration de la cité côtière de Kherson, seule ville ukrainienne d'importance dont les Russes aient revendiqué le contrôle total en deux mois et demi de guerre en Ukraine.  

« La base juridique (...) sera prête avant la fin de l'année », a-t-il affirmé, ajoutant que comme la communauté internationale n'avait pas reconnu le référendum de rattachement de la Crimée à la Russie de 2014, la région de Kherson n'organiserait pas de tel scrutin. 

Vendredi, un haut responsable parlementaire russe, Andreï Tourtchak, avait déjà affirmé, en visite à Kherson, que la Russie resterait « pour toujours » dans le sud de l'Ukraine. 

Kiev accusait depuis plusieurs semaines Moscou de vouloir organiser dans cette région un référendum sur l'indépendance, comme cela a été fait en 2014 en Crimée, après que Moscou eut repris le contrôle de la péninsule. Moscou avait annexé la Crimée dans la foulée.    

« Les envahisseurs pourraient aussi bien demander à rejoindre Mars ou Jupiter. L'armée ukrainienne libérera Kherson, quels que soient leurs jeux de mots », a réagi Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, dans un tweet. 

Invasion de l'Ukraine par la Russie, derniers développements avec photos
Invasion de l'Ukraine par la Russie, derniers développements avec photos. (Graphique, AFP)

Objectif Transdniestrie? 

Ces déclarations surviennent alors que la cheffe du renseignement américain Avril Haines a averti mardi que le président russe Vladimir Poutine se préparait « à un conflit prolongé » et visait »des objectifs au-delà du Donbass ».  

Selon elle, la Russie a dans son viseur la Transdniestrie, région séparatiste de Moldavie dont la pointe sud n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de la grande ville ukrainienne d'Odessa, sur la mer Noire. 

Le commandement ukrainien pour le sud souligne d'ailleurs que les troupes russes frappent « sans merci » la région de Mykolaïv, ultime verrou avant Odessa. « Des maisons privées, des installations agricoles ont été endommagées et l'alimentation en électricité de l'une des localités a été interrompue », a-t-il affirmé dans la nuit de mardi à mercredi. 

Fin avril et début mai, des explosions ont secoué la Transdniestrie, alimentant les craintes d'une extension du conflit. L'Union européenne avait annoncé le 4 mai qu'elle allait « considérablement accroître » son aide militaire à la Moldavie.  

Le gouverneur de la région russe de Belgorod, voisine de l'Ukraine dans le sud-ouest de la Russie, a par ailleurs affirmé mercredi --citant un bilan du ministère de la Santé régional-- que des bombardements en provenance d'Ukraine avaient fait un mort et six blessés.

Le chef d'état-major ukrainien a précisé mercredi soir que les Russes poursuivaient leurs opérations dans l'Est, en particulier vers Slobozhansky et Donetsk – notamment Roubijné et Lyman pour en prendre le contrôle –, mais pas vers Kharkiv près de laquelle la localité de Pytomnyk "a été libérée" par les combattants ukrainiens.

Baisse des livraisons gazières 

Les livraisons de gaz russe à l'Allemagne transitant par l'Ukraine étaient par ailleurs en baisse mercredi, de 25%, pour la première fois depuis le début du conflit. 

« En raison de la réduction du transit, les volumes de gaz acheminés vers l'Allemagne via l'Ukraine (par le gazoduc Megal) ont diminué de 25% par rapport » à mardi, a précisé l'agence gouvernementale allemande chargée de l'énergie. Elle a assuré toutefois que cette baisse était compensée par des flux plus importants en provenance notamment de Norvège et des Pays-Bas. 

Ukrainiens et Russes se sont rejeté la responsabilité de ces perturbations: OGTSOU avait prévenu mardi soir qu'il fermerait mercredi l'un des robinets livrant du gaz à l'Europe, invoquant un cas de « force majeure » après que les forces russes eurent, selon lui, pénétré dans ses installations de la région de Lougansk, au cœur du Donbass.  

Mais Gazprom a réfuté cette notion de « force majeure », et affirmé qu'il était impossible de dérouter les livraisons par un autre point de passage, comme le demandaient les Ukrainiens.  

Jusqu'à présent, tant Moscou que Kiev maintenaient les flux de transit vers l'Allemagne. L'Union européenne s'efforce néanmoins de se préparer à une rupture de ses approvisionnements depuis que la Russie a ordonné le paiement des livraisons en roubles - coupant fin avril les livraisons à la Pologne et la Bulgarie qui refusaient de s'exécuter. L'Allemagne a elle déjà réduit sa dépendance au gaz russe de 55% à 35% ces dernières semaines.  

« Cent ans » de conséquences  

Ces perturbations gazières surviennent alors que la Russie gagne lentement du terrain dans le Donbass.  

Les villes jumelles de Severodonetsk et Lyssytchansk, assiégées, semblent notamment pouvoir tomber à tout moment, a constaté l'AFP. Les offensives russes « arrivent par vagues », selon un soldat interrogé sur place, nécessitant des opérations périlleuses d'évacuation des blessés.      

Kiev se félicite en revanche d'avoir fait reculer les forces russes qui tiraient depuis des semaines sur les quartiers nord-est de Kharkiv, deuxième ville du pays, et d'avoir repris quelques petites localités de cette région toute proche de la frontière russe.  

« Les occupants sont progressivement repoussés de Kharkiv », a affirmé le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo mardi soir, saluant les combattants ukrainiens qui »font preuve d'une force surhumaine pour chasser l'armée d'envahisseurs ».  

A Marioupol, si les centaines de combattants ukrainiens qui s'y sont retranchés tiennent toujours l'aciérie Azovstal, ils sont aussi constamment bombardés, selon Kiev.   

Le régiment Azov, qui assure la défense de l'aciérie, a publié les photos de soldats blessés qui se terrent toujours dans cet immense complexe sidérurgique, appelant à nouveau le monde à « agir » pour leur évacuation.  

L'Ukraine devra « lutter pendant cent ans » contre les conséquences de la guerre, a prédit mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz. « Ceux qui vivent en Allemagne savent que des bombes tombées pendant la Seconde Guerre mondiale sont encore découvertes aujourd'hui et que les alertes à la bombe continuent », a-t-il ajouté lors d'un point presse à Berlin. 

Dans son message quotidien, le président ukrainien a indiqué mercredi soir avoir abordé avec M. Scholz la nécessité de renforcer les sanctions contre Moscou.

"Petit à petit, nous faisons tout pour que l'agresseur ressente la plus grande souffrance du fait de cette agression", a relevé M. Zelensky. Il avait qualifié la lutte des Ukrainiens contre la Russie de "guerre contre la tyrannie".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui plaidé à nouveau mercredi pour une adhésion de son pays à l'UE, par visioconférence devant des étudiants de plusieurs établissements d'enseignement supérieur français après que le président français Emmanuel Macron eut averti lundi que cela prendrait « des décennies ».  

« C'est comme une table où toute la famille est réunie, et où vous êtes invité, mais on ne vous a pas mis de chaise », a déclaré M. Zelensky. »Et je pense que c'est injuste. L’Ukraine est un pays qui respecte les pays de l'Union européenne, et qui souhaite bénéficier du même respect, ni plus ni moins. » 

Pour l'instant, l'UE s'efforce de convaincre ses 27 Etats-membres d'adopter un projet d'embargo sur le pétrole russe, bloqué par Budapest.  

A Vienne, où il se trouvait pour une réunion de l'ONU, le secrétaire général des Nations unies a appelé à maintenir le contact avec la Russie de Vladimir Poutine pour sauver des vies en Ukraine et préparer la paix, même si aucun règlement pacifique du conflit ne se profile actuellement. 

« Il est clair qu'à l'heure actuelle, il n'existe aucune chance d'un accord de paix ou d'un cessez-le-feu immédiats », a déclaré Antonio Guterres.  

Mais « cette guerre ne durera pas éternellement. Le moment viendra où les négociations de paix seront sur la table. Le moment viendra je l'espère, d'une solution au problème », a souligné le responsable de 73 ans, qui a proposé ses bons offices pour servir de médiateur. 

A Washington où il a rencontré le président Biden, le Premier ministre italien Mario Draghi a lui aussi appelé au dialogue, estimant que les Etats-Unis et la Russie devraient s'asseoir autour de la même »table pour la paix » pour trouver une issue à la guerre en Ukraine. 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.