C'est une solution politique, non la répression sécuritaire israélienne qui mettra fin à la violence

Un jeune Palestinien discute avec des gardes-frontières près du site où les forces israéliennes ont démoli une maison palestinienne, dans le quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est, le 10 mai 2022. (AFP)
Un jeune Palestinien discute avec des gardes-frontières près du site où les forces israéliennes ont démoli une maison palestinienne, dans le quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est, le 10 mai 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

C'est une solution politique, non la répression sécuritaire israélienne qui mettra fin à la violence

  • L’État hébreu multiplie les arrestations en utilisant la force excessive, en démolissant les maisons des suspects et en renforçant sa présence militaire à travers la Cisjordanie
  • L’armée israélienne se prépare à la possibilité d’une montée des hostilités à des dates qui revêtent une importance particulière pour les Palestiniens

RAMALLAH: Israël a considérablement intensifié sa répression sécuritaire en Cisjordanie et à Jérusalem-Est pour tenter de bloquer toute attaque palestinienne, affirment des experts en sécurité.
L’État hébreu multiplie les arrestations en utilisant la force excessive, en démolissant les maisons des suspects et en renforçant sa présence militaire à travers la Cisjordanie et le long du mur de séparation long de 1 200 kilomètres.
Cependant, les experts déclarent à Arab News que ces mesures ne porteront pas leurs fruits sans un processus politique susceptible d’offrir aux Palestiniens l’espoir que l’occupation israélienne prenne fin.
Les attaques palestiniennes continues ont conduit à un conflit entre les régimes politique et militaire israéliens puisqu’il n’y a pas de coupable palestinien spécifique à blâmer ni à prendre pour cible en réponse aux attaques. C’était également le cas au moment de la seconde intifada palestinienne et lors de l’opération «Rempart de protection», en 2002.
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a exigé que le Hamas paie le prix de l’incitation, notamment après le discours de son chef, Yahya Sinwar, qu’il accuse d’être à l’origine de ces récentes attaques. Entre-temps, les responsables militaires ont proposé de lancer une opération militaire à grande échelle contre Jénine et les villages environnants sous prétexte que la plupart des assaillants sont originaires de cette région.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a menacé les Palestiniens en ces termes: «Sans stabilité sécuritaire, l’économie palestinienne sera profondément affectée, les mesures que nous avons prises s’effondreront et la terre d’où viennent les auteurs sera ébranlée.»
Les responsables de la sécurité israélienne s’attendent à ce que la vague d’attaques palestiniennes se poursuive pendant plusieurs semaines. Le Shin Bet – le service de sécurité intérieure israélien – a du mal à faire face à la menace dans la mesure où les attaquants ne publient pas de messages sur les réseaux sociaux avant de passer à l’acte.
Mardi, jour qui marque la première commémoration du début de la guerre – l’an dernier à Gaza – que le Hamas a décrite comme la «bataille de l’épée de Jérusalem», les factions palestiniennes ont confirmé qu’elles étaient toujours prêtes à résister aux Israéliens.
Le mouvement du Djihad islamique en Palestine déclare: «La bataille de l’épée de Jérusalem est un chapitre important de l’histoire du conflit avec l’ennemi sioniste, qui pensait pouvoir diriger librement Jérusalem. Ce dernier croyait que sa politique et ses plans avaient permis d’imposer une répartition temporelle et spatiale à la mosquée Al-Aqsa et de déplacer notre peuple à Sheikh Jarrah [un quartier de Jérusalem].»
«La résistance a imposé des équations et des règles d’engagement qui ont fait de Jérusalem et d’Al-Aqsa des priorités absolues.»
L’armée israélienne se prépare à la possibilité d’une montée des hostilités à des dates qui revêtent une importance particulière pour les Palestiniens, en particulier le 15 mai, jour de la commémoration de la Nakba, le 29 mai, anniversaire de l’occupation de Jérusalem, lorsque les colons organisent une marche, et le 5 juin, anniversaire de l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem, de la bande de Gaza et des hauteurs du Golan syrien.
Ghassan al-Khatib, un analyste politique palestinien, indique à Arab News que les réactions violentes des Palestiniens ont été provoquées par des actions israéliennes d’une violence sans précédent.
«Les provocations de l’extrême droite israélienne dans la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et la carte blanche donnée aux colons de Cisjordanie pour attaquer les Palestiniens et leurs propriétés ont suscité l’indignation des Palestiniens», affirme-t-il.
«Le problème réside dans le fait que le gouvernement israélien actuel est fragile et qu’il se voit contraint de faire des concessions pour les colons et les partis de droite israéliens, que ce soit au niveau de la mosquée Al-Aqsa ou de la Cisjordanie, en plus des difficultés économiques que connaissent les Palestiniens.»
«La solution au problème des réactions palestiniennes violentes n’est pas d'utiliser la force militaire, mais plutôt d’atténuer les provocations contre les Palestiniens, d’améliorer la situation économique et de leur donner l’espoir d’un avenir politique.»
Les autorités israéliennes ont lancé une répression massive à Jérusalem-Est au mois d’avril dernier. Selon un rapport publié par le gouvernorat de Jérusalem, la police a arrêté 894 Palestiniens, imposé une assignation à résidence à 37 autres, banni 590 personnes de la mosquée Al-Aqsa, blessé 463 personnes et démoli une maison.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.