WASHINGTON: "Ma plus grande priorité nationale": Joe Biden a une nouvelle fois promis mardi de tout faire pour juguler la hausse des prix qui pèse sur les ménages et sa popularité.
"Je veux que chaque Américain sache que je prends l'inflation très au sérieux", a souligné le président américain la veille de la publication des chiffres de l'inflation pour le mois d'avril.
Certaines "des racines de l'inflation" sont hors de "mon contrôle", a-t-il toutefois reconnu, incriminant la pandémie de Covid-19 et les effets de la guerre en Ukraine, "deux principaux contributeurs (...) de nature mondiale".
"C'est pourquoi nous assistons à une inflation historique dans les pays du monde entier", a-t-il insisté pour signaler qu'il ne s'agissait pas d'un mal propre aux Etats-Unis.
En mars, 60% de l'inflation ont été dus à la hausse des prix à la pompe, provoquée par le conflit russo-ukrainien, a-t-il également mis en avant.
Les économistes s'attendent à une inflation moins marquée pour avril après un niveau jamais vu depuis le début des années 1980 le mois d'avant.
A l'approche des élections de mi-mandat et affligé d'une médiocre cote de popularité, Joe Biden doit rassurer les Américains peu convaincus par sa politique économique.
Les républicains ne manquent pas, eux, de rappeler que l'inflation avait commencé à grimper bien avant la guerre en Ukraine.
Si le président n'a pas de prise sur la guerre en Ukraine et la pandémie, il a martelé qu'il pouvait agir sur d'autres fronts.
Lundi, il avait déjà annoncé une baisse des tarifs des abonnements internet.
"Il y a des choses que nous pouvons faire, nous pouvons nous attaquer à ce que nous devons faire, à commencer par la Réserve fédérale (Fed), qui joue un rôle primordial dans la lutte contre l'inflation dans notre pays", a-t-il repris mardi.
Aussi a-t-il exhorté le Sénat "à confirmer sans délai" les nominations de "candidats hautement qualifiés" qu'il a proposés pour diriger la Fed.
Joe Biden a toutefois pris le soin de préciser qu'il n'était pas question d'interférer dans les décisions de l'institution. "Ils sont indépendants", a-t-il assuré.
La banque centrale américaine a déjà commencé à relever ses taux directeurs pour ralentir la consommation et l'investissement.
Et elle devrait agir "rapidement pour ramener les taux directeurs à des niveaux plus normaux cette année", après avoir été au plus bas pendant la pandémie pour soutenir l'économie, a indiqué mardi le président de l'antenne de New York, John Williams, lors d'une conférence en Allemagne de la Bundesbank et de la National Association for Business Economics.
C'est-à-dire les relever jusqu'aux alentours de 2 à 2,50%, contre 0,75% à 1% actuellement. La Fed les avait relevés d'un quart de point de pourcentage mi-mars, puis d'un demi-point supplémentaire le 4 mai, premier tour de vis de cette ampleur depuis 2000.
«Trajectoire très incertaine»
L'institution monétaire a aussi déjà annoncé que d'autres hausses d'un demi-point de pourcentage seraient sur la table lors des deux prochaines réunions, les 14-15 juin et les 26-27 juillet.
Selon John Williams, la Fed a "les bons outils pour atteindre (ses) objectifs".
"Nous avons un avantage sur les précédents épisodes inflationnistes: nos outils de politique monétaire sont particulièrement puissants dans les secteurs mêmes où l'on observe les plus grands déséquilibres et signes de surchauffe, tels que les biens durables et le logement", a-t-il également estimé.
Mardi, Joe Biden a par ailleurs été interrogé sur la possibilité de supprimer des droits de douane imposés par son prédécesseur Donald Trump sur l'équivalent de 350 milliards de marchandises chinoises annuels et qui pourraient ralentir la hausse des prix.
"Nous en discutons, aucune décision n'a encore été prise", a déclaré l'hôte de la Maison Blanche.
Ces surtaxes doivent expirer le 6 juillet prochain et les services de la représentante au Commerce ont annoncé la semaine dernière avoir lancé une consultation pour les modifier, voire les supprimer.
Interrogé enfin sur la durée de cette pression inflationniste, Joe Biden a cité les économistes: la plupart tablent sur une modération des prix cette année, d'autres estiment que cela pourrait durer jusqu'à l'année prochaine.
"Je ne peux pas le prédire", a-t-il dit, se voulant prudent après avoir longtemps affirmé que l'inflation élevée était "temporaire".
"La trajectoire de l'inflation reste très incertaine", a reconnu de son côté la secrétaire au Trésor Janet Yellen, lors d'une audition au Sénat.
Outre la pandémie, les confinements en Chine aggravent les problèmes sur les chaînes d'approvisionnement, a-t-elle observé.