CHICAGO : La levée dimanche de l'embargo des Nations unies sur les ventes d'armes conventionnelles à l'Iran est « une menace majeure pour la stabilité dans la région et dans le monde », affirment des analystes à Arab News.
L'interdiction de vente d'armes a expiré aux termes de la résolution de l'ONU qui avait ratifié le Plan d'action global conjoint, ou l'accord conclu en 2015 entre Téhéran et les puissances mondiales pour freiner le nucléaire iranien, en échange d'un assouplissement des sanctions.
L'Iran est désormais en mesure d'acheter des armes à la Russie, à la Chine et à d’autres pays. Téhéran affirme que l'expiration de l'embargo est une victoire diplomatique sur les États-Unis.
Néanmoins, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a assuré dimanche que les ventes d'armes à l'Iran violeraient les résolutions de l'ONU et entraîneraient des sanctions. « Les Etats-Unis sont prêts à se servir de leurs autorités nationales pour sanctionner tout individu ou entité qui contribue de façon matérielle à l'approvisionnement, la vente et le transfert d'armes conventionnelles à l'Iran », affirme M. Pompeo.
« Tout pays qui souhaite la paix et la stabilité au Moyen-Orient et soutient la lutte contre le terrorisme devrait s'abstenir de participer au commerce des armes avec l'Iran ».
« Au cours des dix dernières années, les pays se sont abstenus de vendre des armes à l'Iran en vertu de plusieurs mesures prises par les Nations unies. Tout pays qui défie aujourd'hui cette interdiction choisira très clairement d'alimenter le conflit et les tensions plutôt que de promouvoir la paix et la sécurité ».
Le Dr Majid Rafizadeh, professeur irano-américain à l'université de Harvard, explique à Arab News que « la levée de l'embargo sur les armes de l'Iran est une menace sérieuse contre la stabilité régionale et internationale. Permettre au principal parrain du terrorisme dans le monde de disposer d'un approvisionnement illimité en armes conventionnelles, pourrait malheureusement être inscrit dans l'histoire comme l'un des actes les plus dangereux contre la paix dans le monde ».
« Le Corps des gardiens de la révolution islamique, ses mandataires ainsi que les milices présentes dans toute la région bénéficieront de la levée de l’embargo. Des armes sophistiquées pourraient tomber entre les mains du dictateur syrien Bachar Al-Assad. Elles pourraient également être acheminées vers les groupes terroristes et les milices iraniennes telles que les Houthis, le Hezbollah, le Hamas et les factions armées soutenues par l'Iran en Irak ».
L'analyste en matière de sécurité, le Dr Theodore Karasik, affirme que l'Iran cherche avant tout à obtenir des données techniques d'autres pays en vue de renforcer sa capacité nationale de fabrication d'armes.
« La culture de Téhéran en matière de technologie des armements et de rétroingénierie implique la possibilité d'acheter des armes de petit calibre comme le missile antichar Kornet à la Russie, et des composants tels que les brouilleurs optiques chinois contre les attaques de drones », explique M. Karasik, conseiller principal auprès du Gulf State Analytics à Washington D.C.
« L'Iran est également à la recherche de systèmes standard tels que le système de défense anti-aérien russe S-400 et le système de défense côtière russe Bastion. De son côté, la Chine en profitera elle aussi. On prévoit que l'Iran fera l'acquisition de missiles de croisière antinavires C-802 et éventuellement de patrouilleurs navals chinois ».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com