PARIS: La France, qui traverse un quatrième épisode de grippe aviaire particulièrement meurtrier, débute mardi l’expérimentation de deux candidats vaccins pour les palmipèdes avec une enveloppe d'environ 2,3 millions d'euros, a annoncé le ministère de l'Agriculture lors d'une conférence de presse lundi.
"Une expérimentation pour analyser l'intérêt de mettre en place un vaccin sur ces espèces va démarrer le 10 mai pour deux lots de palmipèdes, d'autres lots seront mis en place les semaines suivantes avec des essais vaccinaux en plusieurs phases", a expliqué le ministère.
Les deux-candidats vaccins sélectionnés sont ceux des laboratoires Ceva Santé Animale et Boehringer Ingelheim. L'expérimentation sera financée par l’État, des conseils régionaux, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), l'école vétérinaire de Toulouse et le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).
D'autres expérimentations sont prévues en Europe : "en Bulgarie sur des oies et aux Pays-Bas sur des poulets", avait expliqué fin avril à l'AFP la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Il faudra cependant attendre au mieux "début 2023" pour aboutir à un vaccin, selon le Cifog, l'expérimentation nécessitant "deux cycles de production, donc deux fois 5 mois".
L'enjeu est de déployer cet outil complémentaire sur "l'ensemble du territoire" souligne le ministère, mais vacciner c'est aussi voir des débouchés se fermer.
De nombreux pays (Arabie saoudite, Corée du Sud, Grande-Bretagne, États-Unis...) refusent en effet de se fournir en volailles dans des pays pratiquant la vaccination contre la grippe aviaire, craignant qu'un animal vacciné importe le virus sur leur territoire.
Mais "si on doit aller vers la vaccination, il faut que l'export soit possible", a dit le ministère sans développer davantage sur les négociations avec les pays hors Europe.
"La stratégie de vaccination sera actée pour les pays européens, pour les pays tiers, qui représentent des enjeux commerciaux importants, il faudra que, collectivement, on défende l'intérêt de cette vaccination et l'absence de risque pour eux", a expliqué le ministère.
De novembre à mai, plus de 1.300 foyers de grippe aviaire se sont déclarés dans les élevages français, provoquant l'abattage de 16 millions de volailles dans le pays, dont 11 millions dans le grand ouest, contre 3,5 millions au total l'an dernier.