COLOMBO: Des diplomates européens et américains ont appelé samedi le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, à renoncer à l'état d'urgence décrété vendredi afin de permettre aux forces de sécurité de faire face aux manifestations antigouvernementales.
La mesure, prise vendredi par le président, vise à répondre à un mouvement de grève générale organisé le même jour par les syndicats qui exigent sa démission sur fond d'aggravation de la crise économique.
L'ambassadrice américaine Julie Chung s'est déclarée "inquiète" à propos du nouvel état d'urgence, ajoutant que le Sri Lanka avait besoin de solutions à long terme pour résorber la crise.
L'Union européenne a estimé pour sa part que le décret du président Rajapaksa "pourrait avoir un effet contre-productif".
Le président Rajapaksa avait auparavant décrété l'état d'urgence le 1er avril, le lendemain d'une manifestation au cours de laquelle des milliers de personnes avaient tenté d'envahir sa résidence dans la capitale. Cet état d'urgence avait expiré le 14 avril.
Mais les manifestations contre le président ont repris de plus belle, rassemblant des milliers de protestataires.
Ces derniers rendent le président et son clan responsables de la crise économique catastrophique que traverse le pays.
Le Sri Lanka traverse sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948 avec des pénuries de carburant, de nourriture et d'autres produits de première nécessité.
Le président Rajapaksa a décrété l'état d'urgence vendredi après des semaines de manifestations réclamant la démission de son gouvernement pour mauvaise gestion de la crise.
Un porte-parole de la présidence a expliqué que le chef de l'Etat prenait cette mesure pour "maintenir l'ordre public".
L'état d'urgence accorde des pouvoirs étendus aux forces de sécurité les autorisant à arrêter des suspects et à les détenir pendant de longues périodes sans supervision judiciaire.
Il autorise également le déploiement de militaires pour maintenir l'ordre, en renfort de la police.
Vendredi, la police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser des étudiants qui tentaient d'envahir le parlement en exigeant la démission du président Rajapaksa.
Les transports en commun étaient à l'arrêt, les bureaux déserts, et des millions de travailleurs ont débrayé à l'appel des syndicats.