PARIS/ CLERMONT-FERRAND: La France insoumise et le Parti socialiste ont annoncé mercredi avoir conclu leur accord pour les législatives après être tombé d'accord sur la stratégie, le programme et les circonscriptions, un texte qui sera soumis à l'approbation interne des socialistes jeudi.
« Nous voulons faire élire des députés dans une majorité de circonscriptions, pour empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale (RSA sous condition de travail gratuit et retraite à 65 ans) et battre l’extrême-droite », déclarent les deux formations dans un communiqué commun.
« Le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon », ajoutent-ils.
Par cet accord, le PS rejoint la « Nouvelle union populaire écologique et sociale », dont EELV et le PCF sont déjà membres en vertu des accords passés ces trois derniers jours.
Le texte reprend les principes stratégiques déjà agréés par ces deux formations, sur la garantie du respect de la « pluralité » et « l'autonomie » de chacun des partis, notamment via des groupes parlementaires distincts, et sur la mise en place d'un intergroupe.
Les membres de l'union participeront tous samedi à la convention d'investiture à Aubervilliers.
Sur le programme, sont validées aussi avec le PS les grandes orientations: SMIC à 1 400 euros nets, le blocage des prix de première nécessite, l'abrogation de la loi El-Khomri (une socialiste), la planification écologique, la VIe République...
Pour la retraite à 60 ans, elle sera « pour tous » mais le PS a fait ajouter: « avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles ».
Figure aussi explicitement « la défense de la République laïque et universaliste », que les socialistes souhaitaient voir clarifier.
Les deux formations actent « des histoires différentes avec la construction européenne ». Mais l'objectif est commun: « mettre fin au cours libéral et productiviste de l’Union européenne et construire un nouveau projet au service de la bifurcation écologique et solidaire. »
Vis-à-vis des traités européens qui bloqueraient l'application du programme sur certains points, LFI et le PS font un compromis lexical: « Nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres ».
« Il nous faudra dépasser ces blocages et être prêts à ne pas respecter certaines règles », ajoute le communiqué.
Cet accord sera soumis au vote du parlement interne du PS, le Conseil national, jeudi soir, un rendez-vous qui s'annonce tendu, en particulier sur les 70 circonscriptions obtenues par les négociateurs socialistes.
François Hollande «récuse» l'accord entre LFI et le PS
L'ancien président de la République François Hollande a indiqué mercredi au quotidien régional La Montagne qu'il « récusait » l'accord entre La France insoumise et le Parti socialiste.
« Je récuse l'accord sur le fond et même sur les circonscriptions. Mais c'est une question qui doit être tranchée par le conseil national du PS », a déclaré l'ex-président socialiste.
Son entourage a précisé qu'il s'exprimerait plus en détail « en début de semaine prochaine ».
François Hollande avait mis en garde jeudi 28 avril contre une « disparition » du PS en cas d'accord avec LFI.
Ce serait « une remise en cause de l'histoire même du socialisme, de François Mitterrand et ses engagements européens, de Lionel Jospin et sa crédibilité économique et ses avancées sociales », avait-il déclaré.
« Je pense que cet accord ne sera pas accepté car il est précisément inacceptable », avec »pour la première fois dans l'histoire de la gauche (...) la disparition de toute candidature socialiste dans les deux tiers ou les trois quarts des départements », avait alors souligné M. Hollande.