Kiev annonce la reprise des évacuations de Marioupol

Des membres d'une famille arrivant de Marioupol occupé par la Russie dans une zone d'enregistrement et de traitement des personnes déplacées à Zaporizhzhia, en Ukraine, le 2 mai 2022. Ed JONES / AFP
Des membres d'une famille arrivant de Marioupol occupé par la Russie dans une zone d'enregistrement et de traitement des personnes déplacées à Zaporizhzhia, en Ukraine, le 2 mai 2022. Ed JONES / AFP
Un lance-roquettes multiple ukrainien BM-21 "Grad" bombarde une position des troupes russes, près de Lougansk, dans la région du Donbass, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
Un lance-roquettes multiple ukrainien BM-21 "Grad" bombarde une position des troupes russes, près de Lougansk, dans la région du Donbass, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

Kiev annonce la reprise des évacuations de Marioupol

  • Le Premier ministre britannique Boris Johnson doit s'adresser mardi au Parlement ukrainien par visio-conférence, une première pour un dirigeant occidental depuis le début de la guerre,
  • Ce week-end, pour la première fois en deux mois de siège et de bombardements, une centaine de civils terrés dans les caves de l'immense aciérie Azovstal, dernière poche de résistance de la ville

ZAPORIJJIA : Le Premier ministre britannique Boris Johnson doit s'adresser mardi au Parlement ukrainien par visio-conférence, une première pour un dirigeant occidental depuis le début de la guerre, alors que les Ukrainiens poursuivent leurs efforts pour évacuer les civils depuis Marioupol.
"Marioupol: l’évacuation se poursuit", a annoncé la présidence ukrainienne mardi dans son rapport matinal fondé sur les informations fournies par les administrations régionales.
Le conseil municipal de ce port industriel du sud du Donbass, quasiment conquis par les Russes, avait annoncé lundi soir un accord pour une évacuation avec le soutien de l'ONU et de la Croix-Rouge. Le point de rencontre a été fixé à 07H00 (04H00 GMT), mais loin de Marioupol, sur un rond-point proche de Berdiansk à quelque 70 km de là.
Ce week-end, pour la première fois en deux mois de siège et de bombardements, une centaine de civils terrés dans les caves de l'immense aciérie Azovstal, dernière poche de résistance de la ville.
Mais lundi, à Zaporijjia, à 200 km au nord-ouest, un parking transformé en point d'accueil pour les réfugiés n'a vu arriver aucun convoi de Marioupol.
Dans la soirée, le régiment Azov, qui participe à la défense de l'aciérie, a expliqué "qu'après l'évacuation partielle des civils du territoire d'Azovstal, l'ennemi continue de tirer sur le territoire de l'usine, y compris des bâtiments où se cachent des civils".
Selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, "des centaines de civils" restent "bloqués à Azovstal".
Après avoir vécu pendant des semaines dans des abris souterrains ou cloîtrés chez eux, les habitants de la ville sont ressortis pour découvrir leur ville, autrefois vibrionnante, en ruines, a constaté l'AFP lors d'un déplacement organisé par l'armée russe.
«Heure de gloire»
Dans le reste du pays, "l’ennemi a continué de tirer sur la ville de Kharkiv et des localités voisines", a indiqué l'état major de l'armée ukrainienne dans sa note matinale au sujet de la deuxième ville du pays.  
Plus au sud, près d’Izioum, les Russes ont bombardé "intensément" les positions ukrainiennes et dans le Donbass ils tentent "de prendre le plein contrôle des localités de Popasna et Roubijné et d’avancer vers Lyman et Sloviansk".
Dans le sud-ouest de l'Ukraine, le port d'Odessa est de nouveau la cible des missiles russes et le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçait lundi soir une frappe russe sur un "dortoir", dans laquelle un adolescent a péri et une fille de 17 ans a été blessée. "En quoi ces enfants et le dortoir ont-ils menacé l'Etat russe? C'est comme ça qu'ils se battent", a lancé M. Zelensky.
Les Ukrainiens craignent qu'Odessa figure parmi les objectifs de Moscou, notamment depuis qu'un général russe a affirmé que l'offensive du Kremlin en Ukraine visait à établir un couloir de la Russie vers la région séparatiste moldave de Transdniestrie, qui passerait par Odessa.
A l'est d'Odessa, le centre de Mykolaïv a été frappé dans la soirée de lundi, selon le rapport matinal de la présidence. Une enquête sur de possibles "tortures et meurtres" pendant l'occupation russe d'une localité de cette région a été lancée, ont par ailleurs indiqué mardi sur Telegram les services de la procureure générale d'Ukraine.
"Selon l'enquête, les corps de deux habitants avec des traces de blessures par balle ont été trouvés dans une fosse commune du village de Novofontanka" et "un des hommes avait les jambes attachées", précisent-ils.
Les alliés occidentaux accroissent leur pression sur Moscou et leur soutien à Kiev avec, mardi vers 09H00 GMT, un discours du Premier ministre britannique Boris Johnson par visioconférence devant le Parlement ukrainien, une première pour un dirigeant occidental depuis le début de l'invasion russe.
"C'est votre heure de gloire", doit-il déclarer aux députés ukrainiens selon un communiqué de Downing Street publié lundi soir, dressant un parallèle avec l'unité affichée par le Parlement et le peuple britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale. "Nous nous souvenons de notre période de grand péril comme de notre heure de gloire", doit-il affirmer lors de son allocution.
Boris Johnson doit annoncer à cette occasion une nouvelle aide militaire à Kiev d'une valeur de 300 millions de livres (357 millions d'euros), comprenant notamment du matériel d'armement défensif.
Jusqu'à présent, le Royaume-Uni a fourni à l'Ukraine 5.000 missiles antichars, cinq systèmes de missiles antiaériens avec plus de 100 missiles et 4,5 tonnes d'explosifs.
Référendums en vue
Les Européens travaillent de leur côté à durcir leurs sanctions économiques contre Moscou. La Commission européenne devrait proposer mardi un sixième paquet de sanctions comprenant un calendrier d'arrêt progressif des importations de pétrole russe, qui représentent 30% des importations de pétrole de l'Union européenne.
Si les 27 Etats membres s'entendent sur cette mesure, l'arrêt des achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie sera progressif, sur six à huit mois, mais avec des mesures à effet immédiat, notamment une taxe sur le transport par tankers, a confié un responsable européen.
Les nouvelles sanctions concerneront aussi "le secteur bancaire, il y aura d'autres banques russes qui sortiront de Swift", a précisé lundi le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell.
L'approche du 9 mai, date à laquelle la Russie célèbre la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945, alimente les spéculations sur la façon dont Moscou pourrait annoncer des gains en Ukraine.
Lundi, le ministère ukrainien de la Défense a estimé possible que Moscou profite de ces célébrations pour "soulever la question" de l'intégration à la Fédération de Russie des "républiques" séparatistes et prorusses du Donbass, dont Moscou a reconnu l'indépendance juste avant d'envahir l'Ukraine.
A Washington, l'ambassadeur américain auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Michael Carpenter, a fait état d'informations "très crédibles" selon lesquelles la Russie entend organiser "vers la mi-mai" des référendums pour "tenter d'annexer" les "républiques" séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, dans le Donbass (est de l'Ukraine).
Le gouverneur de la région de Lougansk a dit s'attendre à "une intensification des bombardements" à l'approche du 9 mai.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a toutefois démenti une action militaire russe particulière à cette occasion, dans un entretien à la chaîne de télévision italienne Mediaset diffusée dimanche.


Sur l'Ukraine, les pays du G7 cherchent à afficher une certaine unité

De gauche à droite, Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne (UE), Takeshi Iwaya, ministre japonais des affaires étrangères, David Lammy, ministre britannique des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ministre français des affaires étrangères, Mélanie Joly, ministre canadienne des affaires étrangères, Marco Rubio, secrétaire d'État américain, Annalena Baerbock, ministre allemande des affaires étrangères, et Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères, posent pour une photo lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à La Malbaie, au Québec, le 13 mars 2025. (AFP)
De gauche à droite, Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne (UE), Takeshi Iwaya, ministre japonais des affaires étrangères, David Lammy, ministre britannique des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ministre français des affaires étrangères, Mélanie Joly, ministre canadienne des affaires étrangères, Marco Rubio, secrétaire d'État américain, Annalena Baerbock, ministre allemande des affaires étrangères, et Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères, posent pour une photo lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à La Malbaie, au Québec, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Les chefs de diplomatie du G7 poursuivent jeudi soir leurs discussions pour parvenir à parler d'une même voix sur l'Ukraine malgré une approche américaine devenue plus conciliante à l'égard de Moscou
  • L'unité du groupe est fortement ébranlée par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s'est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine

Charlevoix, Canada: Les chefs de diplomatie du G7 poursuivent jeudi soir leurs discussions pour parvenir à parler d'une même voix sur l'Ukraine malgré une approche américaine devenue plus conciliante à l'égard de Moscou avec Donald Trump.

Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères du Canada, pays hôte du G7, doit tenir une conférence de presse vendredi à 8H30 (12H30 GMT) pour le dernier jour des discussions.

L'unité du groupe - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Royaume-Uni et Japon - est fortement ébranlée par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s'est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine et mène une guerre commerciale avec ses proches alliés.

Le porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, Toshihiro Kitamura, a dit espérer que le G7 parvienne à une déclaration d'unité sur l'Ukraine.

"Si nous ne le faisons pas, cela ne fera que profiter à des pays comme la Chine et la Russie", s'est inquiété M. Kitamura.

Selon une source diplomatique à l'AFP, "il reste du travail" pour s'accorder malgré les désaccords. "Tout le monde s'observe, chacun reste sur ses positions mais sans se montrer offensif", a décrit cette même source.

Le pivot de Donald Trump vers la Russie a provoqué une onde de choc en Europe et au-delà. Et a conduit les Européens à accélérer les discussions sur un avenir de défense sans les Etats-Unis.

- "Très fermes" -

L'Ukraine est le sujet numéro un de ce sommet multilatéral de trois jours des ministres des Affaires étrangères du G7 à Charlevoix, dans un hôtel qui surplombe le fleuve Saint-Laurent.

Il intervient juste après le feu vert de Kiev à la proposition américaine d'un cessez-le-feu de 30 jours, plus de trois ans après l'invasion russe.

Pendant la réunion du G7, Vladimir Poutine, dont le monde entier attendait la réponse, s'est dit depuis Moscou "pour" une trêve.

"Mais il y a des nuances" et des "questions importantes" à régler, a-t-il immédiatement temporisé, demandant à en discuter avec les Etats-Unis.

Washington presse Moscou d'accepter une trêve "sans conditions", comme gage de bonne volonté.

"Nous devons être très fermes sur le fait que tout cessez-le-feu ne peut être assorti de conditions", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas dans une interview à CNN jeudi en marge du sommet.

"Si la Russie veut mettre fin à cette guerre, ils n'ont qu'à arrêter de bombarder l'Ukraine", a-t-elle souligné.

En ouvrant la session formelle du G7, Mélanie Joly a appelé les puissances à "continuer à soutenir l'Ukraine face à l'agression illégale de la Russie" pour aboutir à "une paix juste et durable en Ukraine".

"A quoi servirait un cessez-le-feu qui, dans deux ou quatre ans, conduirait à plus de souffrance, plus de destructions, plus de guerre en Europe?", a averti en amont la ministre allemande Annalena Baerbock.

- Trump encore à l'attaque -

Outre l'Ukraine, les chefs de diplomatie ont également abordé le conflit au Proche-Orient et la détérioration de la situation en Syrie.

Toutes ces discussions sont compliquées par les très fortes tensions entre les Etats-Unis et le reste du G7, notamment en raison de la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

Le secrétaire d'Etat Marco Rubio est le premier haut responsable américain à fouler le sol canadien depuis le retour du républicain à la Maison Blanche.

Jeudi, ce dernier a menacé la France et l'Union européenne d'imposer des droits de douane de 200% sur leurs champagnes, vins et autres alcools.

La veille, des taxes douanières de 25% sont entrées en vigueur sur les importations d'acier et d'aluminium, entraînant des représailles immédiates de nombreux pays.

Cette guerre commerciale se double pour le Canada d'une menace plus lourde: Donald Trump veut le voir devenir le "51e Etat" américain.

Le milliardaire a continué jeudi sur sa lancée des dernières semaines, estimant que le Canada "ne fonctionne que s'il est un État" américain.

"Ce serait le pays le plus incroyable visuellement. Si vous regardez une carte, vous verrez qu'ils ont tracé une ligne artificielle entre le Canada et les États-Unis", a-t-il déclaré à des journalistes à Washington.


Un effondrement de l'Unrwa condamnerait une génération d'enfants palestiniens, dit son chef

Sur cette photo prise le 6 juillet 2024, des enfants réagissent après un bombardement israélien alors qu'ils se réfugient à l'école Jaouni gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
Sur cette photo prise le 6 juillet 2024, des enfants réagissent après un bombardement israélien alors qu'ils se réfugient à l'école Jaouni gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
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  • Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a assuré que l'organisation faisait face à une situation financière extrêmement tendue, soulignant qu'il existait un "risque réel d'effondrement et d'implosion de l'agence"
  • Si cela devait se produire, a-t-il déclaré à l'AFP, "nous sacrifierions définitivement une génération d'enfants, qui seraient privés d'une éducation correcte"

GENEVE: Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a prévenu jeudi que si l'agence des Nations unies, en proie à d'importantes difficultés financières, devait disparaître, une génération d'enfants serait privée d'éducation, "semant les graines d'un plus grand extrémisme".

Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a assuré que l'organisation faisait face à une situation financière extrêmement tendue, soulignant qu'il existait un "risque réel d'effondrement et d'implosion de l'agence".

Si cela devait se produire, a-t-il déclaré à l'AFP, "nous sacrifierions définitivement une génération d'enfants, qui seraient privés d'une éducation correcte".

"Si vous privez 100.000 filles et garçons de Gaza, par exemple, d'éducation, et s'ils n'ont aucun avenir", a-t-il mis en garde, et "s'ils n'ont comme seule école que leur désespoir et une vie dans les décombres, je dirais que nous ne faisons que semer les graines d'un plus grand extrémisme".

"C'est la recette d'un désastre", a-t-il ajouté.

Créée en 1949, l'Unrwa opère dans les Territoires palestiniens occupés en fournissant des services aux réfugiés, notamment dans les domaines de l'éducation, la santé et l'assainissement.

M. Lazzarini a qualifié l'agence de "bouée de sauvetage" pour près de six millions de réfugiés palestiniens à qui elle vient en aide à Gaza, en Cisjordanie occupée, au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Mais les autorités israéliennes accusent des employés de l'Unrwa d'implication dans l'attaque du 7-Octobre.

Ces accusations avaient poussé d'importants donateurs à suspendre leur financement de l'agence. Une enquête onusienne avait établi en août que neuf membres de son personnel "pourraient avoir été impliqués".

Fin janvier, Israël a mis fin à l'action de l'Unrwa sur son territoire, conséquence d'une loi votée en octobre qui n'interdit en revanche pas son activité en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.

M. Lazzarini avait estimé en début de semaine que l'Unrwa ne pourrait être remplacée, si elle venait à disparaître, que par des institutions palestiniennes. Il avait à cette occasion admis que d'autres organisations pourraient se substituer à l'Unrwa pour acheminer des camions d'aide humanitaire à Gaza.

Mais il a souligné que le champ d'action de l'UNRWA était beaucoup plus vaste. "Nous fournissons avant tout des services de type gouvernemental", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Je ne vois donc pas d'ONG ou d'agences de l'ONU se lancer soudainement dans la fourniture de services de type public".


Pakistan: arrivée des premiers cercueils après une spectaculaire prise d'otages

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
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  • Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive
  • Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs

MACH: Au moins 25 dépouilles ont été ramenées jeudi dans la région du Baloutchistan au Pakistan, les premières retrouvées sur les lieux de la spectaculaire prise d'otages dans un train qui a tenu le pays en haleine durant deux jours.

A bord d'un train, les 25 cercueils sont entrés en gare de Mach, devenue hôpital de campagne et centre de crise improvisé depuis que l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste de cette province du sud-ouest, s'est emparée d'un train mardi.

Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive.

Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs.

Mercredi soir, les autorités ont annoncé avoir libéré plus de 340 passagers et évoqué des victimes, mais les bilans diffèrent selon les sources qui ne parviennent pas au nombre de passagers annoncés à bord.

L'armée a déclaré dans un communiqué que "21 otages innocents" avaient été tués par leurs ravisseurs et que quatre soldats étaient morts lors des opérations de sauvetage.

Mais un haut-gradé avait auparavant rapporté à l'AFP un bilan plus élevé: 27 soldats tués alors qu'ils étaient otages à bord du train et un autre tué dans les combats contre les séparatistes.

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés.

Les 25 cercueils renferment les corps de "19 passagers membres de l'armée, un policier, un responsable ferroviaire et quatre corps restent à identifier", a-t-il dit.

Ce décompte a été confirmé à l'AFP par un gradé participant aux opérations de transfert des dépouilles.

Les autorités assurent en outre que les "33 terroristes" impliqués dans la prise d'otages ont été tués.

Tout au long de l'attaque de la BLA, d'une ampleur inédite, les passagers ayant réussi à échapper à leurs ravisseurs ont raconté les uns après les autres avoir vu nombre de leurs compagnons de route abattus par les assaillants montés dans le train.

Mercredi en fin de journée, après des heures de marche puis de train, onze d'entre eux qui étaient parvenus à échapper à la vigilance de leurs ravisseurs sont arrivés à Quetta, la capitale de la région aux confins de l'Iran et de l'Afghanistan.

"Suppliaient de les épargner" 

Toute la nuit, "ils ont abattu beaucoup de gens (...) certains les suppliaient de les épargner au nom de Dieu", a raconté à l'AFP Mohammed Navid, précisant que les victimes étaient "des Pendjabis et des Sairakis", deux ethnies issues d'autres provinces.

Mercredi matin, dit-il, "ils ont relâché leur attention, ils pensaient qu'on n'oserait pas partir" mais "on s'est échappés et ils nous ont tiré dessus dans le dos".

Ils ont d'abord "pris les femmes à part, leur disant de fuir" et ont "épargné les personnes âgées", avant de désigner des passagers et de les tuer, abonde Noumane Ahmed, un autre rescapé.

Des responsables locaux ont annoncé que les recherches de corps se poursuivaient sur le site de l'attaque et les autorités avaient en prévision envoyé une centaine de cercueils à Quetta.

Le bureau du Premier ministre Shehbaz Sharif a annoncé qu'il se rendrait au Baloutchistan jeudi pour "dire sa solidarité aux habitants", auxquels il ne s'est jusqu'ici pas adressé.

Le Baloutchistan, malgré ses réserves d'hydrocarbures et de minerais, est la province la plus pauvre du Pakistan.

La minorité baloutche ne cesse de réclamer sa part des richesses générées par l'exploitation du sous-sol et les immenses projets chinois comme les flambant neufs aéroport et port de Gwadar.