ADDIS ABEBA : Des heurts ont brièvement opposé lundi au coeur d'Addis Abeba de jeunes musulmans éthiopiens à la police qui a usé de gaz lacrymogènes, en marge d'une prière collective de l'Aïd el-Fitr qui marque la fin du mois de ramadan, selon des journalistes de l'AFP.
Les circonstances ayant déclenché les incidents sont peu claires, un responsable musulman affirmant qu'un policier a tiré accidentellement une grenade lacrymogène vers des fidèles rassemblés pour la prière à Addis Abeba.
Les incidents "qui se sont produits lors de la prière de l'Aïd ne sont pas liés à un problème entre Chrétiens et Musulmans" et "ne sont pas du fait du gouvernement, comme certains essaient de le faire croire", a tenu à souligner le Haut Conseil aux Affaires islamiques d'Addis Abeba dans un communiqué.
La police d'Addis Abeba a simplement fait état d'"une émeute provoquée par quelques individus (...) lors de la prière de l'Aïd" qui a "provoqué des dégâts matériels", ajoutant que le calme a été rétabli et qu'elle "informera ultérieurement le public quant aux origines de l'émeute".
Les incidents ont commencé près du stade international d'Addis Abeba, à l'intérieur duquel était organisée la prière. Le stade étant plein, ceux n'ayant pu y accéder priaient à l'extérieur, notamment sur la grande place Meskel proche.
"Nous n'avons pas d'informations claires" sur l'origine des incidents, a indiqué à l'AFP un responsable du Haut Conseil aux Affaires islamiques d'Addis Abeba, ayant requis l'anonymat.
"Il semble qu'un policier a tiré une (grenade) lacrymogène" de "manière non intentionnelle" dans la foule de fidèles sur la place Meskel, a-t-il déclaré, citant le témoignage des bénévoles encadrant la prière.
«Première fois»
Le policier a été emmené par ses collègues, mais "les gens étaient choqués et ont commencé à scander des slogans" et "la situation est devenue incontrôlable", a-t-il ajouté.
Son organisation estime dans son communiqué que le déploiement de renforts policiers après l'incident a exacerbé la tension.
Des journalistes de l'AFP ont vu des jeunes lancer des pierres sur la police. Certains scandaient "Justice pour Gondar" ou "Ne brûlez pas nos mosquées, ne tuez pas les nôtres".
Gondar est une ville de la région de l'Amhara (nord-ouest) où, selon des responsables musulmans, au moins 20 personnes ont été tuées fin avril lors de violences contre des musulmans qu'ils ont attribuées à des "extrémistes chrétiens".
Lundi à Addis Abeba, des manifestants ont notamment détruit à coups de pierres les fenêtres d'un musée national situé sur la place Meskel, selon les journalistes de l'AFP qui ont indiqué que le calme avait ensuite été rétabli.
Sans expliquer l'origine ou le déroulement des violences, le gouvernement éthiopien a accusé dans un communiqué "les ennemis historiques" de l'Ethiopie - sans les nommer - d'avoir "essayé de mettre en oeuvre leur dessein diabolique durant la prière de l'Aïd".
"Leur désir de chaos a échoué grâce aux fidèles (musulmans) pacifiques", poursuit le gouvernement évoquant des "dégâts mineurs" ou "moyennement importants" et des blessés parmi les forces de l'ordre.
"C'est la première fois" que la prière collective de l'Aïd dans la capitale est le théâtre d'incidents, a affirmé le membre du Conseil aux Affaires islamiques, soulignant qu'elle est organisée depuis la chute du régime militaro-marxiste du Derg en 1991.
Les musulmans veulent "passer cette fête en paix", a-t-il expliqué.
Pays majoritairement chrétien (les plus nombreux étant les Orthodoxes), l'Ethiopie compte environ 30% de musulmans.