Attentats de Paris: jusqu'à cinq ans de prison requis contre des complices en Belgique

Une photo prise le 19 avril 2022 montre une vue de la salle d'audience avant le début du procès de 14 complices présumés des attentats de 2015 à Paris au palais de justice Justitia, une antenne du Palais de justice installée dans les anciens bureaux de l'OTAN à Bruxelles. (Photo d'illustration, AFP)
Une photo prise le 19 avril 2022 montre une vue de la salle d'audience avant le début du procès de 14 complices présumés des attentats de 2015 à Paris au palais de justice Justitia, une antenne du Palais de justice installée dans les anciens bureaux de l'OTAN à Bruxelles. (Photo d'illustration, AFP)
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

Attentats de Paris: jusqu'à cinq ans de prison requis contre des complices en Belgique

  • Au total, 14 complices présumés des commandos djihadistes à l'origine des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 mort à Paris et Saint-Denis sont jugés depuis le 19 avril devant le tribunal de Bruxelles
  • Le procès bruxellois, dit « Paris bis», est prévu jusqu'au 20 mai. Le jugement, mis en délibéré, devrait être rendu le 30 juin au plus tard

BRUXELLES : Dénonçant une "banalisation du mal", le parquet a requis des peines allant jusqu'à cinq ans de prison vendredi à Bruxelles contre neuf prévenus, soupçonnés d'avoir apporté une aide aux auteurs des attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris.

Quatorze personnes au total sont jugées par le tribunal correctionnel de Bruxelles. Elles sont soupçonnées d'avoir "aidé le groupe au sens large mais n'ont pas aidé à préparer les attentats" directement, a précisé la procureure fédérale, Véronique Melot, qui doit achever ses réquisitions lundi.

L'un des prévenus est accusé d'avoir hébergé à Bruxelles Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos et actuellement jugé par la Cour d'assises spéciale de Paris. 

D'autres sont poursuivis pour avoir fourni de l'argent ou transporté des membres de la cellule djihadiste ayant préparé ces attaques revendiquées par le groupe Etat islamique (EI), qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

Ils sont pour la plupart originaires de Molenbeek, commune bruxelloise d'où venaient plusieurs protagonistes des attentats dont Salah Abdeslam.

A Bruxelles, deux hommes sont jugés par défaut, présumés morts en Syrie. Il s'agit de Sammy Djedou, dont la mort a été annoncée par le Pentagone en décembre 2016, et Youssef Bazarouj, un autre Belge soupçonné d'avoir été associé en Syrie à la cellule des opérations extérieures du groupe Etat islamique (EI). Il aurait aussi été tué en zone de guerre en 2017.

La représentante du ministère public a requis à l'encontre de Sammy Djedou, poursuivi comme "personne dirigeante d'un groupe terroriste", deux ans de prison, en complément d'une peine de 13 ans de prison prononcée contre lui par le tribunal de Bruxelles en juin 2021.

Elle a demandé une peine de cinq ans de prison contre Youssef Bazarouj, poursuivi pour "participation à une activité d'un groupe terroriste", comme peine complémentaire à celle de cinq ans décidée par le tribunal en février 2021.

Cet homme, qui avait rallié en 2014 la Syrie et l'EI, appartenait "à la cellule dirigée par Abdelhamid Abaaoud (le chef opérationnel des commandos des attentats) et Oussama Atar (commanditaire présumé des attentats)", a indiqué la magistrate.

Cache d'Abdeslam

Quatre ans de prison - avec sursis probatoire possible - ont été requis contre Abid Aberkane, cousin de Salah Abdeslam. Il est jugé pour avoir caché dans une cave, au domicile de sa mère à Molenbeek, le djihadiste français qui était alors en fuite après les attentats, pendant les jours précédant son arrestation le 18 mars 2016.

Ibrahim Abrini, frère de Mohamed Abrini - jugé en France pour avoir accompagné en région parisienne les djihadistes la veille des attentats -, est soupçonné d'avoir aidé son frère à se débarrasser des vêtements qu'il portait lors de son déplacement à Paris et qui contenaient des traces d'explosifs. Il est aussi accusé d'avoir envoyé des fonds à l'EI. La procureure fédérale a réclamé deux ans de prison avec sursis probatoire.

L'un des prévenus, Soufiane Al Aroub, absent jusque-là du procès qui a débuté le 19 avril, a finalement comparu vendredi.

Il est accusé d'avoir conduit Ahmed Dahmani - logisticien présumé de la cellule djihadiste ayant préparé les attentats - à l'aéroport d'Amsterdam-Schipol, pour qu'il s'envole vers la Turquie, juste après les attentats parisiens. Deux ans de prison ont été demandés contre lui.

La magistrate a aussi requis une peine de dix-huit mois avec sursis simple, deux peines de dix-huit mois avec possible sursis probatoire, et une peine d'un an à l'encontre de quatre autres prévenus.

La magistrate a souligné que le "soutien moral" apporté aux personnes souhaitant se rendre sur des zones de combat constituait "également une aide substantielle".

Elle s'est aussi dite "marquée" par "l'omission d'agir" coupable de certains, déplorant une "banalisation du mal", en citant la philosophe Hannah Arendt.

La procureure fédérale s'est indignée qu'une "série de citoyens ordinaires aient constaté que leurs amis proches adhéraient aux thèses mortifères de l'EI sans jamais les dissuader de professer de telles horreurs ou les dénoncer, et en continuant à les fréquenter assidûment".

Ce procès bruxellois, dit "Paris bis", est prévu jusqu'au 20 mai. Le jugement, mis en délibéré, devrait être rendu le 30 juin au plus tard.

 


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.