AL-MUKALLA: Le gouvernement internationalement reconnu du Yémen a proposé mercredi d'ouvrir des bureaux officiels de délivrance de passeports à Sanaa et dans d'autres régions contrôlées par les Houthis afin que les citoyens puissent avoir accès à des documents de voyage, une mesure qui, selon lui, pourrait mettre fin à l'impasse concernant les vols commerciaux en provenance du territoire contrôlé par le groupe militant.
Le premier vol commercial qui devait décoller dimanche de l'aéroport de Sanaa à destination d'Amman a été reporté sine die après que les Houthis, soutenus par l'Iran, y ont ajouté des dizaines de passagers munis de passeports non autorisés.
Le gouvernement a accusé les Houthis de tenter de fournir de faux passeports à des experts militaires et à des combattants du Liban et d'Iran, afin qu'ils puissent quitter le pays. Les Houthis ont refusé d'autoriser les cent quatre passagers de l'avion à quitter Sanaa, et ils ont insisté pour inclure soixante personnes munies de documents délivrés dans leurs territoires.
Pour sortir de l'impasse, Moammar al-Eryani, ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme, a proposé que son gouvernement ouvre un nouveau bureau des passeports à l'aéroport de Sanaa, en coordination avec le bureau de l'émissaire des Nations unies pour le Yémen.
«Si les Houthis acceptent cette offre, le bureau pourrait être pleinement opérationnel dans dix jours», a déclaré le ministre yéménite. Le gouvernement mettra également en place des stands, dans les zones qu'il contrôle, dédiés aux personnes originaires du territoire des Houthis qui souhaitent obtenir des documents de voyage.
M. Al-Eryani a exhorté les Houthis à autoriser les passagers munis de documents officiels à prendre l'avion de l'aéroport de Sanaa à Amman, promettant d'aider ceux en possession de passeports émis par les Houthis à en obtenir de nouveaux délivrés par le gouvernement.
Les Houthis ont rejeté cette offre et accusé leurs adversaires de violer la loi yéménite et l'accord négocié par les Nations unies.
Hussein al-Ezzi, un responsable houthi, a déclaré que les lois du pays donnent aux citoyens «le droit d'obtenir un document de voyage de n'importe quelle province» du Yémen, y compris des zones sous leur contrôle.
Mais les responsables gouvernementaux affirment que la délivrance de passeports relève de l’autorité de l'administration légitime.
Le report du premier vol commercial a suscité l'indignation de milliers de Yéménites en quête d'une aide médicale, et a incité l'émissaire des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, à organiser une réunion entre les parties afin de trouver une solution.
Dans le cadre de la trêve de deux mois négociée par l'Organisation des nations unies (ONU) et entrée en vigueur le 2 avril, la compagnie nationale yéménite, Yemenia, assurera deux vols hebdomadaires entre l'aéroport de Sanaa et Amman ainsi que Le Caire, tandis qu'au moins dix-huit navires transportant du carburant seront autorisés à entrer dans le port maritime de Hodeïda. Les Houthis et l'armée yéménite étaient convenus de cesser les combats sur tous les fronts et d'ouvrir les routes dans les provinces, notamment en levant le siège de Taïz imposé par les Houthis.
Cependant, les Houthis ont violé à plusieurs reprises l'accord de cessez-le-feu en continuant à mobiliser des forces et à attaquer la ville de Marib, tout en ordonnant à certains de leurs partisans de mener des raids à Taïz.
Mercredi, un comité gouvernemental formé par le Conseil présidentiel pour gérer le siège de Taïz par les Houthis, qui dure depuis sept ans, a demandé à l'envoyé des Nations unies d'ordonner aux Houthis d'ouvrir les routes principales qui relient la ville densément peuplée à Sanaa, Hodeïda et Aden, et de remettre des cartes indiquant l'emplacement des mines terrestres.
«En tant que comité approuvé par le gouvernement légitime, nous vous demandons d'ordonner à l'autre partie (la milice houthie) qui assiège la province de Taïz d'ouvrir rapidement toutes les routes principales menant à la ville de Taïz et de la relier aux autres provinces», a déclaré le comité dans une lettre adressée au bureau de l'émissaire.
Par ailleurs, les médias locaux ont rapporté qu'au moins quatre personnes ont été tuées par les pluies torrentielles et les inondations qui ont frappé certaines parties du Yémen au cours des dernières quarante-huit heures. Khaled al-Shajani, directeur adjoint du bureau de Marib chargé d'aider les personnes déplacées, a déclaré qu'au moins vingt familles dormaient dans la rue après que les inondations ont emporté leurs tentes.
Les fortes pluies ont également partiellement détruit les tentes et gâché les réserves alimentaires de près de quarante autres familles, a déclaré le responsable yéménite.
Le Centre météorologique national du Yémen a indiqué mercredi que de fortes pluies et des orages étaient attendus, et il a mis en garde la population contre la traversée de zones inondées et la conduite dans des conditions de faible visibilité.