SAN FRANCISCO : Elon Musk, qui vient de passer un accord pour racheter Twitter, a critiqué publiquement des cadres de l'entreprise californienne, où de nombreux salariés semblent inquiets à l'idée d'être dirigés par le patron de Tesla.
"Suspendre le compte Twitter d'une organisation de presse majeure, pour avoir publié un article véridique, était, évidemment, incroyablement inapproprié", a déclaré le multimilliardaire, en commentaire un tweet qui évoquait la décision de Twitter de bloquer le partage d'un article du New York Post, un quotidien américain conservateur, pendant la campagne présidentielle. L'affaire avait suscité la colère des républicains et la plateforme avait en partie fait marche arrière.
Elon Musk, comme de nombreux conservateurs, trouve que Twitter ne respecte pas suffisamment la liberté d'expression, et juge sa politique de modération des contenus trop stricte.
Mais sa vision inquiète les défenseurs des libertés de chacun sur internet, qui prônent des échanges sans haine ni désinformation.
Plusieurs journaux américains ont relayé les inquiétudes exprimées en interne par de nombreux salariés à l'idée que l'homme le plus riche du monde, coutumier des provocations et blagues de mauvais goût, dirigeant d'entreprises où la syndicalisation est découragée, ne prenne le contrôle.
Selon l'agence Bloomberg, depuis lundi, Twitter empêche les employés de faire des modifications au code informatique de la plateforme sans l'accord d'un vice-président, pour éviter tout sabotage.
Certains craignent notamment qu'Elon Musk ne défasse leur travail en termes de modération des contenus pour protéger les utilisateurs des abus, du harcèlement aux discours haineux.
Car le patron de Tesla a plusieurs fois insulté des personnes qui n'étaient pas d'accord avec lui, tandis que ses nombreux fans n'hésitent pas à attaquer ses critiques non plus.
Et ses nouvelles responsabilités ne semblent pas l'arrêter.
Mardi, il a aussi tweeté "ça ne dit rien de bon" en commentaire d'un message accusant un avocat de Twitter, Jim Baker, d'avoir facilité une fraude.
Lundi, avant l'annonce du rachat, il avait assuré espérer que "même" ses pires critiques resteraient sur Twitter, parce que "c'est ce que signifie la liberté d'expression".