DUBAÏ: Le 24 avril, le président français, Emmanuel Macron, est entré dans l’histoire en devenant le premier chef d’État à être réélu pour un second mandat en deux décennies.
En recueillant environ 58% des voix, il a vaincu la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, dont la performance a connu une hausse par rapport à sa candidature de 2017.
Dans son discours de victoire, entouré d’une foule d’électeurs en liesse et de drapeaux de la France et de l’UE, Macron a déclaré: «Aujourd’hui, vous avez choisi un projet ambitieux, européen, social et écologique, fondé sur le travail et la création… Désormais, je ne suis plus le candidat d’un camp, mais le président de tous.»
La France et les Émirats arabes unis ont maintenu des liens culturels et économiques solides ces dernières années.
À Dubaï, on compte une population de plus de 10 000 ressortissants français, qui ont créé des entreprises, élevé des familles et contribué à la croissance financière de la ville multiculturelle.
Arab News a contacté des membres de la communauté française de Dubaï pour voir leur avis sur l’élection de 2022 et ses résultats.
Ils ont exprimé des réactions diverses, allant du détachement au soulagement en passant par la consternation.
Certains ont voté, d’autre non, parce qu’ils ont estimé que cela n’aurait pas un impact direct sur leur vie aux EAU.
«J’ai toujours voté, mais cette fois, j’ai eu l’impression que tous les candidats étaient pires les uns que les autres», a déclaré une entrepreneuse franco-syrienne, qui a souhaité garder l’anonymat.
«Ils étaient tous contre tout ce que nous défendons. C’est la première fois que je me suis sentie complètement déconnectée de tout ça», a-t-elle ajouté.
Il y a cinq ans, l’entrepreneuse avait voté pour Macron mais n’a pas pu voter cette fois-ci car elle n’est pas inscrite. L’opinion qu’elle avait du président a changé au fil du temps.
«Je préfère Macron à Le Pen, à 100%, mais je ne suis pas satisfaite du résultat», a-t-elle indiqué.
Ayant vécu à Paris, l’entrepreneuse estime que la présidence de Macron était imparfaite, de sa gestion insatisfaisante des manifestations massives des Gilets Jaunes à ses politiques de volte-face pendant la pandémie.
Pendant ce temps, une spécialiste du marketing sous couvert d’anonymat et mère de deux enfants a voté dans un hôtel de Dubaï, décrivant l’expérience comme «rapide et organisée».
Toutefois, elle a été «déçue» par le résultat final.
«J’ai trouvé ces dernières semaines antidémocratiques avec la presse critiquant toute personne qui n’est pas Macron», a-t-elle remarqué.
Elle s’est abstenue de voter pour Macron lors de ses deux candidatures, mais a d’abord pensé qu’il pouvait être un agent du changement.
«Quand il a été élu, j’avoue avoir pensé qu’il pouvait être bon. Nous avions de l’espoir», a-t-elle ajouté.
Selon elle, certains de ses défauts incluent un manque de croyance en «la culture et l’histoire françaises… Il pense que nous ne pouvons survivre qu’en dépendant de l’Europe».
L’insécurité et l’immigration incontrôlée sont quelques-uns de ses autres points faibles. Cependant, la spécialiste du marketing ne pense pas non plus que Le Pen soit la bonne personne pour diriger la nation.
«Certaines de ses revendications sont trop extrêmes, comme l’interdiction du port du voile en public. Ce n’est pas la bataille que nous devrions mener», a-t-elle indiqué.
Le chef d’entreprise Rodolphe Duffour, cofondateur du magasin gastronomique français Maison Duffour, qui a soutenu Macron, est plus optimiste.
Duffour estime que Macron a une meilleure image et un meilleur esprit d’entreprise à l’international que son adversaire.
«Les projets économiques n’auraient jamais été menés correctement si Marine Le Pen avait été élue présidente», a-t-il déclaré.
Duffour, né à Paris, vit à l’étranger depuis de nombreuses années, mais ressent toujours le devoir de participer au système de vote français.
«Je ne rate jamais l’occasion de voter, puisque j’ai le droit de le faire et d’exprimer ma voix», a-t-il expliqué.
«Bien que je ne sois pas d’accord avec toutes ses politiques, je suis définitivement plus proche de la politique de Macron… J’ai ressenti comme un soulagement de le voir gagner.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com