Paris: La France va demander au G20 samedi de prolonger en 2021 le moratoire sur la dette des pays les plus pauvres, confrontés aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, a indiqué vendredi le ministre français de l'Economie.
"La crise économique perdurera en 2021 partout dans le monde. La France appelle les pays du G20 à prolonger le moratoire sur le service de la dette pour donner aux pays les plus pauvres les moyens de la surmonter", a indiqué Bruno Le Maire dans une déclaration écrite.
Mi-avril, le Groupe des vingt, qui se réunit samedi sous présidence saoudienne et sous une forme virtuelle, avait pris la décision inédite de suspendre jusqu'à la fin 2020 les remboursements de la dette des pays les plus pauvres, confrontés à une fuite de capitaux et des chutes de recettes fiscales en raison de la pandémie.
L'ONG One, qui demande également au G20 de prolonger l'accord de suspension sur la dette, souhaite que le groupe appelle en outre "les institutions multilatérales et les créanciers privés à soutenir un moratoire sur le remboursement de la dette".
One dénonce en particulier l'attitude de la Banque mondiale: depuis le début de la crise sanitaire, les pays les plus pauvres lui ont remboursé "six fois plus que ce qu'ils ont reçu en aide d'urgence de sa part", selon un rapport de l'ONG publié vendredi.
"L'incapacité de la Banque mondiale à soutenir un moratoire sur la dette multilatérale (...) a entraîné une réponse plus lente" à la pandémie, a commenté dans un communiqué Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de One.
Pour l'heure, l'initiative du G20 a été déclinée par les 22 pays du Club de Paris ainsi que par une poignée de créanciers émergents (Chine, Inde, Arabie saoudite, Turquie, Afrique du Sud).
A la fin juin, 18 pays avaient bénéficié d'une suspension du paiement de leurs intérêts, à hauteur de 1,3 milliard de dollars, sur 32 pays ayant effectué la démarche auprès du Club de Paris.
Par ailleurs, Paris entend également "continuer de soutenir la réforme de la fiscalité internationale", a indiqué M. Le Maire.
Des négociations sont actuellement en cours, sous l'égide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pour mieux taxer des groupes comme les GAFA, acronyme pour Google, Apple, Facebook et Amazon, régulièrement accusés de ne pas payer leur juste part d'impôt.
Elles devaient aboutir d'ici la fin de l'année à un accord mondial mais les Etats-Unis ont annoncé en juin vouloir marquer une "pause" dans les négociations.
"La crise confirme l'urgence à avancer dans les discussions à l'OCDE d'ici fin 2020. D'une part, les géants du numérique étant les grands gagnants de cette crise, la nécessité d'une véritable fiscalité du numérique n’en est que renforcée. C'est une question de justice. D'autre part, nous souhaitons une imposition minimale au niveau international pour mettre fin une fois pour toutes au dumping fiscal", a expliqué le ministre français.
Le 10 juillet, le Fonds monétaire international a appelé à un accord international pour résoudre ce conflit.