LE CAIRE : Le parquet de la sûreté d'Etat en Egypte a ordonné la libération de neuf Coptes détenus trois mois pour avoir réclamé la reconstruction d'une église incendiée, a indiqué dimanche la plus grande ONG des droits humains du pays.
Le 30 janvier, neuf habitants d'Ezbet Faragallah, à 220 km au sud du Caire, ont été incarcérés pour "terrorisme" et "menace à l'ordre public", selon l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).
Ils avaient participé une semaine plus tôt à une manifestation pour dénoncer le refus des autorités de reconstruire la seule église de ce village de la province de Minya, incendiée en 2016.
Dimanche, le jour même où les chrétiens coptes célèbrent Pâques, ils ont pu retrouver leurs familles, a indiqué à l'AFP le prêtre de leur village.
Dans ce bourg "environ 800 chrétiens coptes (vivent) sans lieu de culte" depuis l'incendie, a dénoncé Amnesty International. Cet incendie était "volontaire" selon des sources non identifiées citées par l'EIPR.
En 2021, l'église avait été démolie et les habitants ont déposé une demande de reconstruction, mais les autorités n'ont pas donné suite alors même que la loi oblige à donner une réponse sous quatre mois, d'après Amnesty.
Depuis l'entrée en vigueur en 2016 d'une loi régulant la construction et la restauration des églises, les autorités n'ont donné leur accord préliminaire qu'à moins de 40% des demandes et seules 20% ont obtenu un accord définitif, selon l'EIPR.
Plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, les Coptes représentent 10 à 15 millions des 103 millions d'Egyptiens mais s'estiment tenus à l'écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police.
Le sujet est sensible et le militant copte des droits humains, Patrick Zaki, a récemment passé 22 mois en détention pour "diffusion de fausses informations" à cause d'un article dénonçant des violations des droits des chrétiens en Egypte.
Les coptes ont subi les représailles d'islamistes radicaux notamment après le renversement par l'armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi avec des églises, des écoles et des maisons incendiées.
Son successeur Abdel Fattah al-Sissi est le premier président d'Egypte à assister chaque année à la messe de Noël copte, alors que ses prédécesseurs se contentaient d'y envoyer des représentants.