PARIS: Une procédure pénale va être ouverte contre le principal accusé du procès des attentats de janvier 2015, Ali Riza Polat, qui a menacé vendredi une enquêtrice venue témoigner devant la cour d'assises spéciale de Paris en lui disant qu'elle allait «payer».
Les menaces d'Ali Riza Polat, soupçonné d'avoir servi de «bras droit» au tueur de l'Hyper Cacher Amédy Coulibaly, sont intervenues au moment où le témoin, une policière de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat), abordait la question de sa radicalisation religieuse.
«Tu vas le payer!», a lancé l'accusé, menaçant depuis son box vitré. Ali Riza Polat, qui avait auparavant mimé un coup de poing en direction de l'enquêtrice, avait été rappelé à l'ordre à plusieurs reprises en raison d'interventions intempestives pendant le témoignage de l'enquêtrice.
La menace proférée par M. Polat a provoqué un tollé chez les avocats des parties civiles qui ont demandé au président que ses propos soient consignés. L'avocat général Jean-Michel Bourlès a lui annoncé l'ouverture d'une procédure à l'encontre de l'accusé.
«C'est scandaleux, il y a des limites à ne pas dépasser», a-t-il martelé. «Vous savez ce que je vais faire? Je vais ouvrir une procédure pour menaces sur personne dépositaire de l'autorité publique. Vous serez renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre de cela».
L'avocate d'Ali Riza Polat, Me Isabelle Coutant-Peyre, a reconnu un comportement «inapproprié» mais appelé la cour à relativiser l'incident.
«Les réactions de mon client sont celles de quelqu'un qui se considère comme injustement accusé. Il perd parfois le contrôle de lui-même», a dit l'avocate, en précisant que son client était sorti de ses gonds en raison des déclarations relatives à son comportement vis-à-vis de sa mère.
A la barre, l'enquêtrice a assuré qu'Ali Riza Polat «partageait les convictions religieuses de son ami Amédy Coulibaly», relatant le contenu d'une conversation entre la mère de l'accusé et l'une de ses amies captée lors d'une écoute téléphonique.
Dans cette conversation, Mme Polat explique à son interlocutrice avoir été insultée par son fils, qui l'aurait qualifiée de «mécréante» et de «perverse».
Des propos contestés par l'accusé, originaire, comme Amédy Coulibaly, d'une cité de Grigny (Essonne). «Elle peut mentir sur moi mais pas sur ma famille (...) Mon beau-frère il va venir», a lancé l'accusé, coutumier des coups de sang depuis le début du procès.
A la reprise de l'audience vendredi après-midi, M. Polat s'est excusé auprès de la cour, tout en niant avoir «menacé» la policière.
«On peut mentir sur moi mais on ne ment pas sur ma famille. Ma soeur, mon beau-frère, c'est tout ce que j'ai. Est-ce que j'ai déjà insulté quelqu'un dans ma famille? Non. Vous pouvez faire un Skype avec eux, ils le diront, ma mère va venir ici», a-t-il déclaré.
«Ce n'est pas un défaut de langage monsieur, vous savez bien ce que vous faites et ce que vous dites», a conclu le président Régis de Jorna. «Si jamais vous réitérez des menaces à l'encontre de cette enquêteure ou de toute autre personne, vous serez expulsé», a-t-il prévenu.
Ali Riza Polat, 35 ans, est poursuivi pour «complicité de crimes terroristes». Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.