LUTZERATH : Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi dans un village voué à disparaître en raison de l'extension d'une mine de charbon, au moment où l'Allemagne pourrait s'appuyer davantage sur ce minerai pour réduire sa dépendance à l'égard du gaz russe.
Selon les organisateurs, quelque 3 500 personnes ont manifesté à Lützerath, dans le bassin minier rhénan, à quelques centaines de mètres seulement de la gigantesque mine à ciel ouvert de Gazrweiler, une des plus grandes du monde, régulièrement cible de militants écologistes. La police n'a, elle, pas communiqué le nombre de participants.
Une centaine de militants ont décidé d'aller protester au bord de la mine, ce qui peut s'avérer "extrêmement dangereux", a estimé dans un tweet la police de la région Rhénanie du Nord-Westphalie, demandant aux organisateurs de faire passer le message parmi les protestataires.
Ce village est, comme d'autres, condamné de longue date à disparaître pour permettre à la mine de s'étendre encore, malgré l'abandon du charbon programmé par l'Allemagne à horizon 2030.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le débat sur le charbon est toutefois relancé dans le pays, très dépendant du gaz russe qui représente quelque 55% de ses importations.
Afin d'assurer la production d'électricité tout en réduisant sa dépendance, le gouvernement allemand s'est donné fin mars la possibilité de "suspendre" la fermeture de certaines centrales à charbon pour remplacer le gaz russe, tout en assurant que l'objectif d'une sortie du charbon d'ici à 2030 reste inchangé.
"Comment pouvons-nous avoir confiance en la capacité du gouvernement de contribuer à la paix en Ukraine s'il détruit des maisons et des villages dans son propre pays pour des énergies fossiles?", a dénoncé Ilyess El Kortbi, militant ukrainien du mouvement Fridays For Future, cité dans un communiqué.
Lützerath est devenu le nouveau point de ralliement du mouvement écologiste allemand. Des activistes y ont construit des cabanes et se préparent à la confrontation avec les forces de l'ordre. Greta Thunberg avait visité la région en septembre dernier.
Le charbon qui se trouve dans le sous-sol de ces communes sera "nécessaire dès 2024" pour approvisionner les centrales, alors que les autres mines de la région ferment, assure pour sa part l'exploitant, le groupe d'énergie RWE.
D'autres hameaux sont déjà complètement abandonnés. La plupart de leurs habitants ont été relogés dans de nouveaux villages construits à bonne distance de la mine.