Au Liban, un an après, la « vraie » révolution est sociale

Un an après le déclenchement des manifestations au Liban suite à la décision des autorités d’imposer une taxe sur l’application WhatsApp, le bilan de ce mouvement de contestation populaire reste mitigé. (Photo d'archives AFP). 
Un an après le déclenchement des manifestations au Liban suite à la décision des autorités d’imposer une taxe sur l’application WhatsApp, le bilan de ce mouvement de contestation populaire reste mitigé. (Photo d'archives AFP). 
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Publié le Vendredi 16 octobre 2020

Au Liban, un an après, la « vraie » révolution est sociale

  • Pour réussir, il faut que les révolutionnaires trouvent un symbole plus fort que celui qu’ils veulent déraciner, estime le sociologue Melhem Chaoul
  • Malgré le revers sur le plan politique, une vraie révolution a commencé à prendre forme sur le plan social

BEYROUTH : Un an après le déclenchement des manifestations au Liban suite à la décision des autorités d’imposer une taxe sur l’application WhatsApp, le bilan de ce mouvement de contestation populaire reste mitigé. Si sur le plan politique le résultat est en dessous des ambitions affichées, sur le plan social une vraie révolution est en marche.

Le 17 octobre 2019, des Libanais de tous bords, de toutes les communautés et de toutes les régions sont descendus dans les rues pour protester contre la classe politique dans son ensemble, sous le slogan de « kellon yaané kellon » (tous sans exception). Les dirigeants étaient accusés de corruption, de népotisme, de clientélisme et de mauvaise gouvernance, ayant entrainé la faillite de l’Etat, sur les plans financier, économique et sécuritaire.

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Les manifestants ont réussi à faire chuter deux gouvernements, en octobre 2019 et en août 2020. Mais leurs revendications sont pour l'heure restées lettre morts. (Photo d'archives AFP). 

Ils ont réussi en 13 jours à faire chuter le gouvernement de Saad Hariri. Mais depuis cette date, ils ne sont pas parvenus à renverser le système en place, enraciné depuis plusieurs décennies. Après la double explosion qui a eu lieu au port de Beyrouth le 4 août 2020, les manifestants ont également réussi à faire sauter le gouvernement de Hassane Diab. Les autres revendications des révolutionnaires sont restées lettre morte, notamment l’appel à organiser de nouvelles élections législatives, et de mettre fin à l’impunité en faisant juger des responsables qu’ils estiment pourris et incompétents.

Le 17 octobre 2019, des Libanais de tous bords, de toutes les communautés et de toutes les régions sont descendus dans les rues pour protester contre la classe politique dans son ensemble, sous le slogan de « kellon yaané kellon » (tous sans exception).

Antonio Munioz

Pour changer, il faut « penser un nouveau système »

Le mouvement contestataire a échoué d’abord à faire émerger des leaders révolutionnaires, au lieu de simples coordinateurs d’associations et d’ONG. Il n’a pas en outre réussi à convaincre les partisans des chefs traditionnels en leur présentant un programme simple et une feuille de route commune. La diversité des contestataires a été à la fois leur force, mais aussi leur handicap.

« Pour qu’il y ait un vrai changement, il faut que les gens soient prêts pour prendre la relève et changer. Pour convaincre le groupe à changer, il faut trouver une alternative. Le ‘kellon yaane kellon’ a été un slogan d’exclusion, alors qu’il faut un discours inclusif », estime le sociologue Melhem Chaoul, professeur à l’Université libanaise, dans un entretien avec Arab News en Français. Selon lui, « il faut dans ce cas que les révolutionnaires trouvent un symbole plus fort que celui qu’ils veulent déraciner. Durant la Révolution française, face à la symbolique de la soumission au pouvoir du roi et du clergé, on a créé la symbolique de l’égalité, liberté, fraternité. Au Liban, les contestataires attaquent l’ancien système, mais n’ont pas réussi à penser un nouveau et par conséquent à convaincre les autres de le suivre ».

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« Pour qu’il y ait un vrai changement, il faut que les gens soient prêts pour prendre la relève et changer», affirme le sociologue Melhem Chaoul. (Photo d'archives AFP).

Dans ce cas, on s’accroche et on maintient ce qu’on connait déjà, même s’il se fait vieux, incompétent, et ce parce qu’on n’a pas préparé la relève. Dans ce cas, la situation devient sclérosée. Il suffit de voir ce qui s’est passé en URSS dans les années 1980, en Algérie récemment, etc.

« Quand le symbole est fané et va tomber, si on n’a pas le brouillon de ce qu’on va mettre à sa place, il devient un grand problème pour la société et son évolution. Or les gens ont peur du chaos et du vide », poursuit M. Chaoul.

La « vraie » révolution est sociale

Malgré ce revers sur le plan politique, une vraie révolution a commencé à prendre forme sur le plan social. Le mouvement de contestation au Liban a réussi à briser les frontières communautaires et régionales. Des discussions et des débats ont eu lieu entre les différents courants sur l’avenir du pays. Plusieurs plateformes ont été créées pour une meilleure coordination sur le terrain.

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La révolution du Nouvel An, peut-on lire sur cette banderole. c'est en effet dans la rue que la plupart des Libanais ont passé le réveillon de la St-Sylvestre. (Photo d'archives AFP).

Ces initiatives ont permis une meilleure visibilité pour les jeunes et plus d’assurance. Les idées de la « Thaoura » (révolution en arabe, NDLR) ont ainsi réussi en société, là où elles ont échoué en politique.

« Il faut (...) que les révolutionnaires trouvent un symbole plus fort que celui qu’ils veulent déraciner. Durant la Révolution française, face à la symbolique de la soumission au pouvoir du roi et du clergé, on a créé la symbolique de l’égalité, liberté, fraternité". 

Melhem Chaoul, sociologue

Cette dynamique s’est traduite par le succès de candidats indépendants ou proches des révolutionnaires face aux candidats des partis traditionnels, à chaque fois où il y a eu des élections. On a vu ainsi la victoire de Melhem Khalaf à l’Ordre des avocats de Beyrouth, en novembre 2019. Récemment, lors des élections estudiantines à la LAU (Lebanese American University) début octobre, les candidats indépendants, dont un grand nombre sont des activistes et militants de la société civile, ont remporté la majorité des sièges dans les deux campus de cet établissement universitaire, terrassant les candidats affiliés aux partis politiques.

Sur le plan national, l’arrêt des travaux de construction du barrage controversé à Bisri (Sud) est considéré désormais comme une conséquence directe du mouvement de contestation.  

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La vallée de Bisri après l'arrêt des travaux. La révolution a donné  un nouveau souffle aux militants écologistes. (Photo d'archives AFP)

Le fondateur de l’association Terre-Liban et du Mouvement écologique libanais (LEM), Paul Abi Rached, rappelle dans ce contexte que les écologistes luttaient contre ce projet depuis 2014. Malgré les protestations des militants, des experts -qui ont présenté maints rapports sur les conséquences néfastes du barrage sur l’écologie- et des habitants de la région à cette époque, « la ministre de l’Energie Nada Boustani affirmait en avril 2019 que le projet du barrage de Bisri est derrière nous », pour dire que l’application du projet est non négociable. « Personne ne nous écoutait. L’entrepreneur a commencé à couper les arbres, alors qu’il est avéré que le projet est entaché d’illégalité ».

Le déclenchement des manifestations a changé la donne, donnant plus de visibilité aux écologistes. « Nous descendions sur les places à Beyrouth ou à Saïda, avec des pancartes sur lesquelles était écrit ‘Non au barrage de Bisri’. Nous avons aussi organisé des rencontres avec les contestataires pour leur expliquer la situation », explique Paul Abi Rached. « Dans ce contexte, nous avons décidé d’organiser une manifestation à Bisri. Généralement, nous étions 50 militants face à des forces de l’ordre supérieures en nombre. Mais pour la première fois, des milliers de personnes sont venues manifester avec nous, faisant peur à l’entrepreneur qui a dû se retirer », se rappelle M. Abi Rached.

La révolution a donné un nouveau souffle aux militants écologistes. « L’importance de la révolution du 17 octobre, est qu’elle a créé une solidarité entre le Liban et la diaspora libanaise dans le monde qui s’est mobilisée auprès des institutions internationales en faisant pression pour faire arrêter le financement du barrage par la Banque mondiale », explique-t-il.

La solidarité, l’illustration la plus visible de la révolution

La solidarité a été l’illustration la plus visible de la révolution. Dès le début du mouvement en octobre, plusieurs initiatives privées ont vu le jour pour soutenir les manifestants sur le terrain. Des mères au foyer aux entrepreneurs, tous ont mis la main à la pâte pour nourrir les centaines de jeunes qui campaient sur les places publiques. Les femmes ont été les premières à descendre dans la rue pour s’interposer entre les forces de l’ordre et les contestataires.

Dans une initiative qui frise l'absurde, des milliers de citoyens s'emparent de balais et de pelle dès le lendemain de l'explosion pour tenter d'en effacer les stigmates. Ce qu'ils font, en vérité, c'est tenter de gommer des décennies de négligence et d'irresponabilité de leurs responsables politiques.  

Antonio Munioz

Le renforcement de la solidarité entre les Libanais a été mis en évidence en outre, suite à la crise du coronavirus. Pour aider les hôpitaux, pour soutenir le corps médical dans son ensemble, et pour secourir les milliers de foyers qui se sont paupérisés suite à la fermeture de nombreux commerces et entreprises, un large mouvement citoyen a vu le jour, alors que l’Etat libanais est aux abonnés absents. Ensuite, il y a eu le 4 août dernier, à 18h, lorsque l'impensable s'est produit. La moitié de la capitale libanaise est rayée de la carte en un instant, après une double explosion au port de Beyrouth. C'est le choc, mais en filigrane, la solidarité est déjà-là. Si la révolution lui a permis de naître, c'est incontestablement le choc du 4 août qui lui a permis de mûrir et de prendre son envol. 

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Un libanais contemple ce qui reste de sa capitale, debout sur ce qui fut son balcon. (Photo d'archives AFP).

Le soulèvement populaire a permis de renforcer la solidarité entre les Libanais après la catastrophe du port, qui a fait des centaines de morts, des milliers de blessés et de sans-abri, dans un pays déjà exsangue, puisque pillé par ses propres responsables. Dans une initiative qui frise l'absurde, des milliers de citoyens s'emparent de balais et de pelle dès le lendemain de l'explosion pour tenter d'en effacer les stigmates. Ce qu'ils font, en vérité, c'est tenter de gommer des décennies de négligence et d'irresponabilité de leurs responsables politiques.  

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Armés de simples balais, pour effacer les stigmates d'une explosion d'ampleur nucléaire. (Photo d'archives AFP). 

Un vent d’unité a soufflé pour soutenir les centaines de milliers de nouveaux sans-abris qui ont perdu leur logement dans la catastrophe, et pour aider à la reconstruction des dégâts causés par l’explosion. On a vu enfin une reconnaissance internationale en faveur de la société civile libanaise, puisque plusieurs pays ont décidé de soutenir des ONG locales, en qui ils ont désormais plus confiance qu’en l’Etat libanais.

Ironie du sort, c'est un an jour pour jour, après avoir évincé du pouvoir le Premier ministre de l'époque Saad Hariri, que celui-ci envisage d'effectuer un come-back. Seule l'Histoire dira si les Libanais se résigneront une fois de plus - alors que les restrictions bancaires non-régulées et l'hyperinflation font rage - devant le fait accompli.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".