TRIPOLI : Le gouvernement libyen désigné par le Parlement a tenu jeudi à Sebha (sud) sa première réunion depuis sa formation début mars, sans être parvenu à évincer l'exécutif que dirige Abdelhamid Dbeibah dans la capitale Tripoli.
"Nous tenons à mener à bien notre travail en tant que gouvernement libyen légitime émanant de l'autorité législative", a déclaré le chef de ce gouvernement Fathi Bachagha en ouvrant la réunion dans la ville désertique de Sebha située à 750 km au sud de Tripoli.
"Après le chaos et la tyrannie, une nouvelle ère commence aujourd'hui", a-t-il ajouté, avant de présenter les grandes lignes de son programme.
En février, le Parlement siégeant dans l'Est a désigné cet ancien ministre de l'Intérieur comme nouveau Premier ministre. Mais celui-ci n'a toujours pas réussi à évincer l'exécutif en place à Tripoli, dirigé par l'homme d'affaires Abdelhamid Dbeibah, qui refuse de remettre le pouvoir avant la tenue d'élections.
Mercredi, le gouvernement de M. Bachagha a réitéré son intention d'assumer ses fonctions depuis la capitale, sans préciser quand, et son attachement à "l'option pacifique" pour y parvenir.
Les tentatives de M. Bachagha d'entrer "pacifiquement" à Tripoli n'ont pour l'heure pas abouti, et il a affirmé à maintes reprises qu'il ne le ferait pas par la force.
Le gouvernement d'Abdelhamid Dbeibah, lui, est né début 2020 d'un processus politique parrainé par l'ONU, avec comme principale mission l'organisation d'élections législatives et présidentielle, initialement prévue en décembre dernier, mais reportée sine die.
Ses rivaux politiques estiment que son mandat a pris fin avec ce report.
La Libye peine à s'extirper de plus d'une décennie de chaos politique et de conflits consécutifs à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le sillage du Printemps arabe.
Déjà miné par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest, le pays d'Afrique du Nord se retrouve aujourd'hui avec deux gouvernements rivaux, comme il l'a été entre 2014 et 2021, alors en pleine guerre civile.
La production pétrolière, principale source de revenus du pays, est de nouveau otage des divisions politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers, conséquence de l'affrontement entre les deux gouvernements rivaux.