Biden et les Occidentaux face au défi d'une guerre longue en Ukraine

À la longue, l'armée russe aura du mal à renouveler son arsenal et ses missiles, prédit-on à Washington (Photo, AFP).
À la longue, l'armée russe aura du mal à renouveler son arsenal et ses missiles, prédit-on à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 avril 2022

Biden et les Occidentaux face au défi d'une guerre longue en Ukraine

  • À Washington, on ne dissimule pas une certaine satisfaction sur le déroulement de la première phase du conflit depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février
  • Alors que le renseignement américain s'attendait à la chute rapide de Kiev, les forces ukrainiennes, de plus en plus armées par les Américains et les Européens, ont résisté

WASHINGTON : Les Etats-Unis et leurs alliés avaient prévenu: la nouvelle phase de la guerre en Ukraine sera longue. Et elle pose désormais un défi diplomatique de taille pour Joe Biden, qui doit maintenir dans la durée la mobilisation et l'unité sans précédent des Occidentaux face à Moscou.

"Nous devons nous armer pour un long combat", avait lancé le président américain dès sa visite en Pologne fin mars.

À Washington, on ne dissimule pas une certaine satisfaction sur le déroulement de la première phase du conflit depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février. Alors que le renseignement américain s'attendait à la chute rapide de Kiev, les forces ukrainiennes, de plus en plus armées par les Américains et les Européens, ont résisté, contraignant l'envahisseur à se replier vers l'est.

Et le gouvernement américain a su mobiliser, au-delà de l'Union européenne et de l'Otan, une vaste coalition pour imposer à la Russie des sanctions inédites.

Mais avec la nouvelle bataille qui s'engage dans l'est de l'Ukraine, les stratèges américains redoutent que cet effort commun se délite progressivement.

Si la guerre se concentre dans la région du Donbass, loin de Kiev et des frontières de l'Otan, le sentiment d'urgence et l'unité de l'Occident risquent de diminuer à la longue, reconnaît un diplomate. "C'est un défi", dit-il.

Un autre haut responsable craint que certains pays européens, très affectés par l'inflation provoquée par les sanctions, puissent être tentés à terme de relâcher la pression.

«Escalade dans l'horreur»

Dans l'immédiat, cela ne devrait pas être le cas.

"La bataille qui se prépare s'annonce féroce", "entre de grandes armées, avec des chars", souligne l'ex-ambassadeur américain à Kiev William Taylor. "On parle de batailles comme pendant la Seconde Guerre mondiale", affirme-t-il.

"Les Russes ont démontré leur volonté de tuer les civils en grand nombre (...) donc je pense que le sentiment d'urgence, et l'attention pour l'Ukraine" va "même s'intensifier", estime celui qui est aujourd'hui vice-président du cercle de réflexion United States Institute of Peace.

Marie Jourdain, chercheuse française à l'Atlantic Council, un autre think tank de Washington, confirme que "l'intensité des combats mais aussi le risque d'escalade dans l'horreur dans les prochaines semaines" devraient continuer de souder le front anti-Kremlin.

Mais si la guerre s'éternise et se mue en "conflit gelé", "une certaine banalisation des images ou des récits d'horreur risque de limiter les réactions émotionnelles".

Selon elle, "l'enjeu majeur" pour les Occidentaux sera alors de "maintenir l'unité et la pression vis-à-vis de la Russie dans un contexte de désintérêt croissant" dans l'opinion publique, qui pourrait aussi se lasser des "répercussions économiques".

Or pour l'instant, les Etats-Unis et plusieurs pays européens aimeraient plutôt accroître la pression pour tenter de faire plier Vladimir Poutine.

Alors qu'ils ont déjà frappé fort, les Occidentaux n'ont plus beaucoup d'options.

«Pression du Congrès»

Les Américains placent beaucoup d'espoir dans une mesure peu spectaculaire en apparence, mais qui finira selon eux par porter ses fruits: l'arrêt de l'exportation vers Moscou de composants technologiques essentiels pour son industrie militaire. À la longue, l'armée russe aura du mal à renouveler son arsenal et ses missiles, prédit-on à Washington.

Mais c'est surtout un embargo européen sur le pétrole voire le gaz russes, comme celui déjà décrété côté américain, qui pourrait changer la donne, en privant l'économie russe d'une manne conséquente.

Pour l'instant, les pays les plus dépendants de l'énergie russe, comme l'Allemagne, font de la résistance. En coulisses, les responsables américains se disent persuadés que cette mesure inimaginable il y a encore quelques semaines interviendra plus vite qu'on ne le pense.

Dernier écueil pour le président américain: continuer à fournir des armes toujours plus lourdes à l'Ukraine, tout en évitant le risque de confrontation directe avec la Russie.

Et ce alors que les parlementaires du Congrès, de droite comme de gauche, le poussent à aller plus loin -- un de ses proches alliés, le sénateur démocrate Chris Coons, a même estimé que Washington devait envisager clairement l'hypothèse d'un envoi de troupes américaines en Ukraine, une ligne rouge pour Joe Biden. "Si nous disons que nous ne le ferons jamais, nous allons inciter Poutine à une nouvelle escalade dans la brutalité", a prévenu l'élu.

"La pression du Congrès est productive, puisque l'administration Biden fait des choses qu'elle était réticente à faire avant", estime William Taylor.

De fait, le Pentagone envoie désormais à Kiev de l'artillerie lourde et des hélicoptères, surmontant sa prudence initiale. Pour un diplomate américain, les revers militaires de l'armée russe ont quelque peu rassuré les Etats-Unis, qui redoutent moins qu'avant de voir Vladimir Poutine rechercher un conflit direct avec la première puissance mondiale.


Une guerre commerciale avec les États-Unis est « très probable » selon un responsable de la BCE

Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
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  • Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne.
  • La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

FRANCFORT, ALLEMAGNE : Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne (BCE).

Donald Trump, qui sera investi président lundi, a fortement misé sur les droits de douane dans sa communication, « il est donc très probable qu'une guerre commerciale éclate », déclare Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un entretien sur la chaîne YouTube du site allemand de conseil financier Finanztip.

Donald Trump prévoit d'imposer, dès le 20 janvier, des droits de douane de 25 % sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada, invoquant la lutte contre l'entrée de drogues et de migrants.

La Chine, déjà ciblée lors de son premier mandat, pourrait également voir ses taxes augmenter de 10 %.

La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

Pour la zone euro, ces droits pourraient entraîner une hausse des prix, notamment si l'Europe répond par des mesures de rétorsion, ce qui conduirait à « une augmentation des prix à l'importation », explique Mme Schnabel.

Dans l'immédiat, l'incertitude actuelle est « un poison pour la conjoncture » en freinant la consommation et l'investissement, prévient-elle.

Selon la banquière centrale, les droits de douane entraînent généralement des pertes de prospérité à l'échelle mondiale : si la mondialisation a apporté des gains de richesse considérables à l'Europe, « il est possible que nous devions désormais nous préparer à voir au moins une partie de ces gains s'inverser ».

Malgré ce contexte menaçant, la BCE est « sur la bonne voie » pour atteindre son objectif d'inflation de 2 %, assure Mme Schnabel, ce qui devrait permettre à l'institut de continuer à baisser ses taux, la prochaine occasion étant donnée fin janvier.

Après les quatre baisses décidées depuis juin, pour ramener de 4 % à 3 % son principal taux directeur, la BCE se rapproche « du point où il faudra examiner attentivement jusqu'où nous pouvons aller », conclut la banquière centrale, adepte d'une politique monétaire rigoureuse.


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».