DJEDDAH: Le respect de la vie privée des individus et le souci de confidentialité des organismes devraient être au cœur de tous les services de cybersécurité, ont déclaré les experts lors d'un webinaire organisé par l'Arabie saoudite.
Lors de la réunion virtuelle, organisée sous l'égide de l'Université King Saud et dirigée par la Saudi Social Studies Society, les intervenants ont discuté du rôle de l’Etat et du secteur privé dans les futurs services publics.
Le séminaire de trois heures était modéré par Dr Abeer Rasheed, vice-doyenne de l'année préparatoire et des études documentaires à l'Université Imam Abdulrahman bin Faisal. Les participants comptaient un nombre de représentants, dont Dr Fahad Al-Odayani, vice-doyen du développement de la faculté d'informatique et de la technologie de l'information sur le campus Rabigh, de l'Université King Abdul Aziz (KAU), Dr Ghayda Al-Juwaiser, professeure adjointe à la faculté des médias et de la communication de la KAU, et Dr Bandar Al-Asiri, responsable au ministère de l'Éducation .
Parlant de la cybersécurité et de son rôle dans la numérisation de la famille saoudienne, Al-Odayani a indiqué que l'objectif est de protéger les logiciels, les applications électroniques, ainsi que les ressources humaines et financières.
«Elle vise également à lutter contre la cybercriminalité ou à réduire son effet au minimum. La cybercriminalité est devenue une arme tant aux mains des gouvernements que des individus. C'est l'une des techniques de guerre modernes utilisées par certains pays. Elle concerne aussi le transfert des mégadonnées en sécurité », a-t-il déclaré.
Il a donné l’exemple de sérieuses tentatives de piratage d’un site Web saoudien clé et a révélé que le site Web Absher du ministère de l'Intérieur avait été ciblé plus de 100 fois. Aucune des tentatives n'a abouti.
«Nous tenons à remercier le ministère de l'Intérieur pour avoir fourni des plates-formes et des applications aussi puissantes. Absher est l'une des meilleures applications. Elle a été sécurisée à 100% pour garantir la sécurité des données et des informations des citoyens et des résidents», a ajouté Al-Odayani.
Al-Asiri a précisé à Arab News: «Ce qu’on rapporte sur Absher est vrai, mais ce n'est pas un fait rare, des attaques contre les applications et entreprises se produisent de temps en temps.
Cependant, c'est le résultat qui compte. L'application Absher et le Centre National pour la Cybersécurité (National Cyber Security Center) sont parfaitement capables de bloquer de telles tentatives.»
Il a relevé le fait que certaines entreprises et grandes organisations commerciales avaient été obligées de déclarer faillite en raison de cyberattaques.
«Le gouvernement saoudien est conscient des risques de cyberattaques, c'est la raison pour laquelle nous avons deux principales agences de cybersécurité - la National Cybersecurity Authority et la Saudi Federation for Cyber Security and Programming. Cela nous rassure sur le fait que nos données sont entre de bonnes mains. Elles nous incitent également à nous concentrer davantage sur la mise en place de la sécurité numérique pour les particuliers», a-t-il ajouté.
Les intervenants du webinaire ont discuté de la définition de la cybersécurité et de ce qu’elle représente pour chacun. Al-Odayani a précisé qu'il y en a plusieurs mais que la plupart des personnes spécialisées dans le domaine la définissent comme l’ensemble des procédures de protection des ressources technologiques d'un pays ou d'une communauté.
«A titre d’exemple, tous les ministères devraient avoir des sites Web entièrement sécurisés pour mettre à l’abri les mégadonnées qu'ils contiennent. La cybersécurité est là pour préserver ces ressources, qui sont un trésor inestimable pour les pirates informatiques criminels.», a-t-il ajouté.
Il a indiqué que le Sony PlayStation Network avait été attaqué en 2011 et que la société avait fait de son mieux pour regagner la confiance de ses clients après que leurs données aient été volées. «La sécurité est plus importante que les programmes et les logiciels eux-mêmes.»
Al-Odayani a affirmé que la vie privée est pleinement respectée en Arabie saoudite, mais que les utilisateurs d'Internet doivent faire leur part et ne pas partager leurs informations avec tout le monde.
«Il existe une loi internationale concernant la vie privée. L’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipule que «Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.»
Lui-même définit la sécurité numérique comme l'utilisation efficace et optimale d'Internet sans être exposé au risque ou à la menace d'intrusion dans la vie privée.
Al-Juwaiser a mis en relief les défis auxquels fait face la numérisation des familles saoudiennes, en donnant des exemples tels que Absher, Najiz, les cartes d'identité familiales, Madrasati et les cliniques numériques.
«Nous devons absolument mener des études sur la façon dont les familles conçoivent l’utilisation d’Internet par leurs enfants. Certaines familles rejettent toutes sortes de numérisation, tandis que d'autres sont entièrement d'accord sur le principe. D'autres familles encore sont capables de créer un équilibre», a-t-elle déclaré.
Certaines familles n’ont pas les moyens de payer les appareils électroniques pour l’apprentissage à domicile, ce qui pourrait «avoir des répercussions négatives sur les résultats de leurs enfants. Sans oublier que les enfants peuvent être victimes de cyberintimidation lorsqu'ils sont en ligne», a ajouté Al-Juwaiser.
Dr Theeb Al-Dosari, participant au webinaire, a demandé à Al-Asiri comment les parents peuvent sensibiliser leurs enfants sur les sources d'informations douteuses.
«Les programmes scolaires peuvent aider nos enfants à apprendre comment tirer des informations de sources sûres. Ainsi, de telles fausses informations ne les toucherons pas», a affirmé Al-Asiri.
«De telles craintes sont justifiées, car certains parents n’ont aucune connaissance sur le plan technologique, mais heureusement, la nouvelle génération se débrouille bien avec l'application Madrasati lancée par le ministère de l'Éducation, et les familles commencent à démontrer à quel point elles apprécient les plateformes éducatives.»
Il a mis en garde sur le fait que les gens ne devraient pas laisser leurs peurs prendre le dessus au point d'éviter la numérisation, chose qui ne peut que conduire à l'analphabétisme numérique.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com