ALGER: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré jeudi à Alger qu'il appartenait aux Algériens et à « eux seuls » d'exprimer « les aspirations » du mouvement protestataire du Hirak lors du référendum constitutionnel du 1er novembre.
« Le président Tebboune a affiché ses ambitions de réformes des institutions pour renforcer la gouvernance, l'équilibre des pouvoirs et les libertés », a déclaré M. Le Drian à l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat algérien. « Il appartient aux Algériens et à eux seuls de traduire les aspirations qui se sont exprimées avec civisme et dignité en une vision politique avec des institutions aptes à la concrétiser », a-t-il souligné.
Les Algériens sont appelés à se prononcer le 1er novembre sur une révision de la Constitution censée fonder une « Algérie nouvelle » et répondre aux aspirations du Hirak.
Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable hiérarchie, le Hirak est né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens qui réclament un profond changement du système en place depuis 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a poussé en avril 2019 au départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans au pouvoir.
« La France souhaite succès et prospérité à ce pays ami, dans le plein respect de sa souveraineté », a affirmé M. Le Drian.
Il s'est félicité par ailleurs de la relance de la relation bilatérale depuis l'élection du président Tebboune en décembre 2019, après une année de flottement au plus fort de la contestation populaire.
« Je suis heureux de constater que notre relation bilatérale connaît un nouvel élan », s'est félicité le chef de la diplomatie française qui effectuait sa troisième visite à Alger depuis l'élection du président Tebboune en décembre 2019.
La concurrence chinoise
« Le président Emmanuel Macron a engagé dès 2017 une démarche de lucidité sur l'histoire de la colonisation de la guerre d'Algérie (1954-1962) » , a-t-il souligné. « Un regard lucide et apaisé sur le passé est indispensable », a encore plaidé M. Le Drian.
Emmanuel Macron a confié fin juillet à l'historien Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».
Sur le plan économique, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur l'importance pour les entreprises françaises de pouvoir consolider leurs positions en Algérie, dont la Chine est devenue le premier fournisseur devant la France.
« Le président Tebboune a annoncé des réformes afin de diversifier l'économie algérienne, assouplir les procédures et appuyer les entreprises innovantes », a salué M. Le Drian.