MEXICO: Journée à hauts risques pour le président du Mexique Andrés Manuel Lopez Obrador: la Chambre des députés a commencé dimanche l'examen d'une réforme de la Constitution visant à réaffirmer le rôle de l'Etat dans la gestion de l'énergie électrique, une mesure rejetée par les Etats-Unis et l'opposition.
"Avec un quorum de 488 députés (sur 500, NDLR), la plénière a commencé la session", a dit à l'AFP le département de communication sociale de la Chambre. Le vote à la majorité qualifiée des deux-tiers pourrait intervenir dimanche soir ou dans la nuit, des dizaines de députés se succédant à la tribune.
Ce projet de révision constitutionnelle prévoit de revenir sur la libéralisation du secteur de l'électricité de 2013, en garantissant à l'entreprise publique Commission fédérale d'électricité (CFE) 54% du marché, contre 38% actuellement, et 46% pour le secteur privé et les entreprises étrangères.
Les Etats-Unis dénoncent un risque pour l'environnement et pour les milliards d'investissements privés des entreprises américaines au Mexique.
L'ambassadeur américain à Mexico Ken Salazar a estimé que l'approbation de la réforme pourrait provoquer des "litiges interminables" dans le cadre du traité de libre-échange Mexique-Etats-Unis-Canada.
L'Espagne redoute également les conséquences pour ses entreprises privées sur le marché mexicain, comme Iberdrola.
"Nous allons voter en faveur de cette réforme qui garantira des tarifs de l'énergie moins cher. Nous allons défendre notre souveraineté!", a lancé le président de la Chambre des députés, Sergio Gutierrez Luna.
Il a accusé l'opposition de vouloir rester "les laquais de l'impérialisme" au service des entreprises étrangères, en haranguant des manifestants en faveur de la réforme près de la Chambre.
Pour l'adoption de cette réforme emblématique de son mandat, le chef de l'Etat ne dispose cependant pas de la majorité qualifiée face aux trois grands partis d'opposition qui ont annoncé qu'ils voteraient contre.
Son parti et ses alliés ne disposent en effet que de 277 députés, loin des 325 nécessaires (la majorité des deux tiers des députés présents dimanche).
"Ce sera la première fois que l'on rejettera une proposition (de révision) constitutionnelle d'un président", a déclaré à l'AFP une source proche du coordinateur parlementaire du PRD (gauche, opposition), Luis Espinosa Cházaro.
Le président du Mexique a relativisé la portée d'un éventuel rejet de sa proposition.
"S'il y a une trahison, nous sommes déjà protégés", a-t-il déclaré, faisant allusion à une récente décision de la Cour suprême.
Celle-ci a validé la semaine dernière une loi qui renforce le rôle de la CFE. La loi avait été votée à la majorité simple par le parlement en 2021.