Revers majeur pour les Russes : explosions sur le croiseur Moskva, l'Ukraine dit l'avoir frappé

Le ministère russe de la Défense a déclaré que l'incendie du croiseur de missiles de l'ère soviétique Moskva (photo ci-dessus) avait été maîtrisé, mais avait endommagé le navire. (Fichier/Reuters)
Le ministère russe de la Défense a déclaré que l'incendie du croiseur de missiles de l'ère soviétique Moskva (photo ci-dessus) avait été maîtrisé, mais avait endommagé le navire. (Fichier/Reuters)
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Revers majeur pour les Russes : explosions sur le croiseur Moskva, l'Ukraine dit l'avoir frappé

Le ministère russe de la Défense a déclaré que l'incendie du croiseur de missiles de l'ère soviétique Moskva (photo ci-dessus) avait été maîtrisé, mais avait endommagé le navire. (Fichier/Reuters)
  • «Le croiseur Moskva garde sa flottabilité» et va être remorqué, a affirmé le ministère russe de la Défense.
  • Le président français Emmanuel Macron a souligné de son côté que «les Etats qui considèrent que c'est un génocide se doivent par les conventions internationales d'intervenir»

ODESSA : La Russie a subi un de ses plus gros revers dans son offensive contre l'Ukraine avec l'incendie et l'évacuation du croiseur Moskva, son vaisseau amiral en mer Noire, que l'armée ukrainienne affirme avoir frappé avec des missiles de croisière au moment où les défenseurs de Marioupol mènent une lutte acharnée. 

Ce navire lance-missiles de 186 mètres de long a été "gravement endommagé" par un incendie qui a provoqué l'explosion de munitions et son équipage de plus de 500 hommes a dû être évacué, a annoncé dans la nuit le ministère russe de la Défense. 

Ce dernier a ensuite affirmé jeudi matin que le feu avait été circonscrit et que les explosions avaient cessé. "Le croiseur Moskva garde sa flottabilité" et va être remorqué, a-t-il dit. 

Les autorités ukrainiennes ont pour leur part affirmé avoir frappé avec des missiles de croisière ce bâtiment amiral de la flotte russe de la mer Noire basée à Sebastopol en Crimée. 

"Des missiles Neptune qui protègent la mer Noire ont causé d'importants dégâts à ce navire russe", a affirmé le gouverneur de la région d'Odessa, sur la mer Noire, Maxime Martchenko.  

Ses propos ont été confirmés par le porte-parole de l'administration militaire de cette ville portuaire ukrainienne, Serguiï Bratchouk. 

La mise hors service de ce bâtiment emblématique, construit en 1983 en URSS, portant le nom de la capitale russe et précédemment engagé dans la campagne russe en Syrie, constituerait un camouflet majeur pour l'armée russe. Elle interviendrait en effet après la destruction fin mars d'un navire de guerre russe dans le port de Berdiansk, sur la mer d'Azov, et celle d'un dépôt de carburant à Belgorod, en Russie, que les Russes ont attribuée à une attaque héliportée ukrainienne effectuée à 40 km en territoire ennemi 

Le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a en outre ironisé sur le fait que le Moskva était le fameux "Navire militaire russe" qui, intimant de se rendre au début de la guerre à une poignée de militaires ukrainiens en poste sur une petite île de la mer Noire, s'était vu répondre par radio : "Navire militaire russe, va te faire foutre !".  

L'enregistrement de cet échange avait fait le tour du monde et servi de leitmotiv à la résistance ukrainienne, apparaissant même sur des pancartes au cours de manifestations de soutien à l'étranger. 

Armes lourdes américaines

Avant même l'annonce des explosions sur ce croiseur, la Russie, dont l'offensive massive annoncée dans le Donbass (est), après son échec dans ses efforts pour s'emparer de Kiev, n'a toujours pas commencé et qui peine à prendre le contrôle total de Marioupol, un port stratégique du sud-est de l'Ukraine, a menacé de frapper des "centres de prise de décision" à Kiev, accusant les Ukrainiens d'attaques contre son territoire. 

"Nous voyons des tentatives de sabotage et de frappes des forces ukrainiennes sur des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie", a déclaré Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense. 

Le gouverneur de la région russe de Briansk, a ainsi accusé jeudi l'Ukraine d'avoir bombardé un village à 10 km de la frontière, y faisant des blessés. 

"Si de tels événements se poursuivent, des frappes seront menées par l'armée russe sur des centres de prise de décision, y compris à Kiev, ce que l'armée russe s'est retenue de faire jusqu'à présent", a mis en garde le porte-parole du ministère, sans préciser si cette expression désignait exclusivement des cibles militaires. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est resté depuis le début de la guerre retranché avec son administration dans le centre de la capitale, forçant le respect dans le monde entier et intervenant par lien vidéo face aux Parlements de nombreux pays occidentaux, notamment afin de réclamer des livraisons d'armements lourds qui font défaut pour résister à la puissance de feu des Russes. 

Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'à présent de crainte de s'engager dans une escalade militaire avec Moscou, a accédé mardi à cette demande, promettant à son homologue ukrainien une nouvelle aide militaire massive, de 800 millions de dollars, comprenant des blindés et des canons de longue portée. 

Défendant la décision d'armer l'Ukraine, la diplomatie américaine a confirmé l'accusation de "génocide" portée lundi par le chef de la Maison Blanche, estimant que "c'est une décision intentionnelle prise par la Russie et par ses forces de détruire l'Ukraine et sa population civile". 

Le président français Emmanuel Macron, publiquement interpellé par Volodymyr Zelensky sur son refus d'utiliser le mot "génocide", a souligné de son côté que "les Etats qui considèrent que c'est un génocide se doivent par les conventions internationales d'intervenir". 

"Est-ce que c'est ce que les gens souhaitent ? Je ne crois pas", car ce serait "devenir cobelligérant", a-t-il affirmé. 

« Marioupol reste ukrainienne »

C'est à Marioupol, une ville initialement peuplée d'un demi-million d'habitant, assiégée et pilonnée depuis plus d'un mois par l'armée russe, que pourrait être enregistré dans l'immédiat le plus lourd bilan humain de cette guerre. 

Le gouverneur de la région a parlé de 20-22.000 morts, les témoignages font état d'une situation catastrophique et de corps jonchant les rues mais la bataille n'est pas finie. 

Le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a ainsi démenti jeudi la prise par les forces russes de sa zone portuaire, annoncée la veille par le ministère russe de la Défense. 

"Les Russes déploient de nouvelles forces, mais nous tenons la ligne et Marioupol reste une ville ukrainienne, ce qui rend la Russie furieuse", a-t-il affirmé. 

"Il est clair que l'armée russe a commis des milliers de crimes de guerre dans cette ville", a-t-il ajouté, demandant à "la communauté internationale de faire preuve d'humanité en créant des couloirs humanitaires pour sauver des vies". 

Sur place, des journalistes embarqués avec les forces russes ont vu les ruines calcinées de cette cité que les Ukrainiens disent "détruite à 90%". 

L'Ukraine a annoncé jeudi une reprise des évacuations de civils via neuf couloirs humanitaires, notamment à partir de Marioupol. 

La conquête de cette ville serait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014. 

Si certains experts jugent sa chute inévitable, les militaires ukrainiens continuent de résister, les combats se concentrant désormais dans sa gigantesque zone industrielle. 

Les bombardements continuent également dans la partie orientale de l'Ukraine, où ils ont provoqué la mort de sept personnes ces dernières 24 heures à Kharkiv, une ville du nord-est aussi assiégée depuis le début de l'invasion russe. 

Kiev a appelé la population de ces régions à fuir au plus vite de peur d'une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass, que les troupes ukrainiennes et leurs ennemis séparatistes prorusses se partagent depuis 2014. 

Des analystes considèrent que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans le Donbass avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945. 

L'Ukraine est devenue une véritable "scène de crime", a de son côté jugé mercredi à Boutcha, près de Kiev, le procureur de la Cour pénale internationale, le Britannique Karim Khan. 

Des centaines de corps, selon les autorités ukrainiennes, ont été découverts fin mars, dans cette ville qui est devenue le symbole des atrocités imputées aux forces russes, Moscou niant pour sa part toute exaction. 

Autour de la capitale comme ailleurs, les autorités ukrainiennes disent chaque jour trouver des cadavres dans les zones dont les Russes se sont retirés. 

C'est dans ce contexte que le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney se rend à Kiev jeudi pour s'entretenir avec le gouvernement ukrainien. 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.